Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

USA - 1965 - Divers
Titres alternatifs : The Virginian
Interprètes : James Drury, Lee J. Cobb, Doug McClure, Doug McClure, Randy Boone, Diane Roter, William Shatner, Leonard Nimoy, Charles Bronson, Susan George, George Kennedy,

retrospective

Le Virginien – Saison 4 – volume 1

Nouvelle salve pour le « monument de la télévision américaine » qui en arrive à sa quatrième saison, datant de 1965. Les dix premiers épisodes ici proposés en dvd n’ayant jamais été diffusés en France, ils sont évidemment présentés uniquement en version originale anglaise sous-titrée. Détaillons donc cette nouvelle fournée.

« The brothers » voit un homme honnête, Matt Denning, forcé de transgresser la loi pour sauver son frère Will, condamné à mort pour un crime qu’il n’a pas commis. Malheureusement, en délivrant son frère, Matt tue accidentellement un vieux gardien de prison fort aimé. Une chasse à l’homme est lancée à son encontre et Ryker tente de retrouver les fugitifs avant l’armée qui souhaite les abattre sans sommation. Si l’intrigue parait a priori sans surprise, l’épisode démontre une certaine originalité lorsque Will avoue à son frère avoir bel et bien commis le crime dont il est accusé. Le reste du récit joue donc sur le dilemme moral du protagoniste et sur les conséquences de ses actes. Pour l’anecdote le fils du fugitif est campé par un tout jeune Kurt Russell.

La confrontation entre cow-boys et bergers, déjà exploitée dans de nombreux westerns, est au coeur de « Day of the scorpion » au cours duquel le Virginien tue, en légitime défense, le fils d’un riche éleveur de mouton originaire d’Australie. Le conflit de voisinage dégénère rapidement, compliqué par la présence de la fille de l’éleveur, Reagan, dont le Virginien tombe amoureux. Un bon épisode, au classicisme éprouvé même si on en devine rapidement l’issue dramatique.

« A Little learning » s’intéresse à la nouvelle institutrice de Medecine Bow, la très séduisante Martha Perry, laquelle fait tourner toutes les têtes, y compris celle de Trampas et du Virginien. Elle donne également des leçons particulières à Rafe, un brave gars benêt et analphabète décidé à apprendre à lire pour prendre connaissance du journal de sa mère. Malheureusement, le passé de Martha la rattrape : ancienne entraineuse de saloon elle doit faire face à son mari violent, criminel récemment libéré de prison. Celui-ci, jaloux, s’en prend à Rafe avec la complicité du barbier de Medecine Bow. Un épisode quelque peu prévisible mais néanmoins plaisant sur le thème, souvent exploité dans la série, du personnage cherchant à fuir son passé. Ici, Susan George (que l’on reverra à trois reprises mais dans des rôles différents) veut refaire sa vie mais, poursuivie par son époux, elle devra, au final, quitter la ville après que son passé ait été dévoilé (« les gens ne comprendraient pas » déclare t’elle). Le petit twist final sur la nature du journal intime donne un intérêt supplémentaire à l’intrigue.

Dans l’épisode « The Claim » Trampas joue les têtes d’affiche : en pleine crise existentielle, notre homme quitte Shiloh en compagnie d’un de ses amis, Luke. Il gagne Deadwood et se reconvertit en chercheur d’or pour aider un vieux prospecteur malchanceux. Or, contre toute attente, ils découvrent une petite fortune en pépites. Trampas doit alors affronter Luke, gagné par la fièvre du métal jaune. Cet épisode classique et à l’intrigue linéaire se suit cependant avec plaisir et ménage son lot de rebondissement d’autant qu’on y retrouve dans le rôle du vagabond avide cette trogne de William Shatner.

Pour « The Awakening » la vedette sera Roberta Shore dans le rôle de la jeune Betsy qui vivait là ses adieux avec la série. La demoiselle tombe amoureuse du cow-boy David Henderson et décide finalement de l’épouser. La majorité de l’épisode se consacre par conséquent à la romance entre nos deux protagonistes, l’aspect western et aventures se limitant à une grève des mineurs que tente de résoudre Ryker.

Ce Ryker s’octroie le rôle principal de « Ring of silence », lequel débute de manière traditionnelle, à la STAGECOACH, en embarquant dans une diligence une poignée de protagonistes bien typés. Le conducteur honnête, le vieux riche accroché à sa valise, l’alcoolique, la prostituée, le sale type, le Mexicain et le shérif. Attaqué par des Mexicains mal intentionnés, tout ce petit monde se réfugie dans une maison isolée et s’apprête à soutenir un siège : Wiley, le sale type a, en effet, tué la petite fille d’un chef de village local et celui-ci, ami de Ryker, réclame une justice immédiate et expéditive. Mais l’homme de loi refuse, décidé à ce que Wiley soit jugé en bonnes et dues formes. Ce schéma classique du western permet aux différents points de vue de se confronter, l’intrigue se voulant une réflexion sur le sens du devoir et de la justice (« il est facile de défendre ses amis, plus difficile de défendre quelqu’un qu’on déteste »). Clu Gulager livre une belle interprétation en shérif courageux (« si je retire mon insigne ais-je tort pour autant ? ») et l’épisode se révèle très efficace jusqu’au final certes attendu mais effectif. Du tout bon digne des meilleures séries B westerns hollywoodiennes.

L’élément féminin représenté par Betsy ayant disparu il importait d’amener à Shiloh une nouvelle demoiselle susceptible d’exacerber les tensions sexuelles de tous ces mâles virils. Diane Roter jouera ce rôle pendant toute la saison 4 en campant la nièce du juge Garth. Cet épisode de transition, « Jennifer », nous présente donc la jeune fille qui s’oppose tout d’abord au juge avant de revenir à de meilleures dispositions après avoir aidé un fugitif injustement (ou pas ?) accusé de meurtre. Un bon épisode qui équilibre adroitement l’aspect western avec la romance.

Classique, « Nobility of Kings » donne la vedette à Charles Bronson dans le rôle d’un éleveur têtu et taciturne, Ben Justin, terriblement angoissé à l’idée d’échouer dans ses entreprises. Voisin de Shiloh, il refuse l’aide du juge, persuadé de pouvoir réussir seul afin de devenir riche et respecté. Tandis que son épouse s’éprend du Virginien et que son fils trouve dans le juge Garth un substitut paternel, Ben s’obstine à investir jusqu’à son dernier cent dans l’achat d’un très cher taureau de race. Linéaire mais efficace, cet épisode bénéficie d’une partition signée Bernard Hermann et de la présence de George Kennedy en cow-boy grande gueule. A noter qu’en 1971, cet épisode fut remonté avec le « Duel at Shiloh » de 1963 pour créer un « long-métrage cinéma » exploité dans les salles sous le titre LE SOLITAIRE DE L’OUEST destiné à capitaliser sur la notoriété de Bronson.

Autre guest star, Leonard Nimoy effectue son troisième et dernier tour de piste dans l’Ouest avec le neuvième épisode de cette saison, « Show me a hero ». Trampas sauve un homme, Frank Colter, dont le charriot s’était emballé, mais blesse son cheval dans l’aventure. Le voici forcé de rester quelques jours dans le petit patelin en pleine expansion d’Eagle Rock. Il y retrouve un de ses vieux amis, Midge Conway, au service du riche homme d’affaires Philip Leland. Ce dernier souhaite prendre le contrôle de la cité en y implantant des maisons de jeux. Devant le refus de Colter, Midge employe la force et Trampas, aidé d’un shérif sur le retour, va prendre les armes. Encore un épisode de bonne tenue en dépit de son côté très prévisible : les personnages possèdent une véritable épaisseur et l’intrigue progresse de manière logique et implacable vers la confrontation finale attendue (et quelque peu expédiée malheureusement). Une réussite.

Retour à la romance contrariée avec « beyond the border », dernier épisode de cette fournée qui expédie le Virginien et Trampas au Mexique où ils doivent acquérir six chevaux Palomino. Tombé malade, le Virginien passe sa convalescence dans un petit hôtel dont l’unique cliente est Maggie, ancienne chanteuse de saloon alcoolique et petite amie d’un redouté bandit. Bien sûr, Maggie tombe amoureuse du Virginien et souhaite changer de vie… Encore une réussite qui, cette fois, joue la carte du drame en huis-clos. Confiné dans un minable hôtel mexicain, l’intrigue développe largement la relation conflictuelle qui se noue entre le Virginien et la « fille perdue » mais s’intéresse également aux personnages secondaires comme le patron de l’établissement et son barman qui rêve de s’établir aux Etats-Unis. Même le bandit bénéficie d’un bon traitement et échappe à la caricature, achevant de faire de cet épisode un plaisant divertissement.

Avec ses intrigues variées exploitant toutes les possibilités du cadre « western » (romance, ville ou maison assiégées par des méchants, rivalité entre éleveur, dilemmes moraux, personnage tentant d’échapper à leur passé) et ses guest-stars (Kurt Russell, Susan George, Leonard Nimoy, George Kennedy, William Shatner, Charles Bronson,…) ces dix épisodes sont de très bonnes tenues : tous se situent au-dessus de la moyenne et quelques-uns (« The brothers », « Ring of silence », « Show me a hero ») sont même d’excellents westerns n’ayant rien à envier aux productions cinématographiques de la même époque. Bref, que du bonheur et vivement la suite !


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer


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