Les 13 fiancées de Fu Manchu

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Grande Bretagne - 1966 - Don Sharp
Titres alternatifs : The Brides of Fu Manchu
Interprètes : Christopher Lee, Douglas Wilmer, Heinz Drache, Howard Marion Crawford, Rupert Davies, Burt Kwouk

Génie du mal inventée par le romancier Sax Rohmer, Fu Manchu connut rapidement une belle carrière au cinéma puisqu’une bonne vingtaine de métrages lui furent consacrés au cours des années ’20. C’est toutefois avec LE MASQUE D’OR que le personnage, alors interprété par Boris Karloff, acquiert une plus grande renommée. Au cours des années suivantes, divers productions vont entretenir le mythe, en particulier le célèbre serial DRUMS OF FU MANCHU sorti en 1940. Une série télévisée en onze épisodes débarque ensuite sur les petites lucarnes au milieu des années ’50 mais il faut attendre LE MASQUE DE FU MANCHU pour que le maléfique Oriental ne retrouve les salles obscures, cette fois incarné par l’immense Christopher Lee et dirigé par Don Sharp. Le succès de ce premier long-métrage entraine la mise sur pied d’une séquelle confectionnée par la même équipe, LES 13 FIANCEES DE FU MANCHU, elle-même suivie par trois autres productions à budget de plus en plus réduits dans lesquelles Christopher Lee continue de jouer le Péril Jaune personnifié.
Ce second volet, de bonne qualité, s’appuie sur une intrigue prétexte des plus classiques. Alors que le monde le croit mort, Fu Manchu prépare sa revanche, retranché dans son laboratoire secret d’Afrique du Nord. Le cruel bandit enlève les filles de respectables savants et fait ensuite pression pour que leur paternel l’aide dans ses plans de conquête planétaire. L’idée de Fu Manchu consiste à utiliser un rayon mortel pour anéantir certaines cibles choisies et prendre ainsi la domination de la Terre. Mais le maître du mal va trouver une fois de plus sur sa route son pire ennemi, l’implacable inspecteur Nayland Smith de Scotland Yard…
LES 13 FIANCEES DE FU MANCHU constitue un bon exemple de divertissement d’aventures à la fois suranné et rafraichissant, dans la droite ligne de ses principales inspirations, à savoir le serial, les bandes dessinées « pulp » et la littérature populaire. Nous avons donc droit à tous les clichés inhérents au genre, comme le rayon d’énergie mortelle, l’utilisation de l’hypnose pour contraindre de gentilles demoiselles à tuer des innocents, l’infâme génie du mal et sa fille sadique, l’inspecteur opiniâtre, la secte de fanatiques, le repaire secret, les fosses à serpents et autres tortures raffinées.
Christopher Lee se montre comme toujours impressionnant sous son maquillage oriental même si son rôle se limite à prononcer des sentences assassines (« you’ll be the first to go to the snakes ! ») et à ruminer ses plans de conquête mondiale. Douglas Wilmer (lequel venait de connaître une certaine notoriété en incarnant Sherlock Holmes à la télévision) succède pour sa part à Nigel Green dans le rôle de l’inspecteur Nayland Smith, ennemi implacable de Fu Manchu. Une prestation un peu figée et manquant quelque peu d’énergie, malheureusement, particulièrement dans les séquences d’action pour lesquels l’acteur est visiblement doublé. Dans des rôles secondaires, notons encore la participation de Burt Kwouk (le Cato des PANTHERE ROSE) et de Roger Hanin.
Ecrit par le souvent redoutable Harry Allan Towers, LES 13 FIANCEES DE FU MANCHU propose toutefois une intrigue cohérente, quoique peu originale et sans doute trop linéaire et prévisible pour réellement passionner. Cependant, les moyens disponibles sont suffisamment conséquents pour permettre une reconstitution historique crédible du début du XXème siècle et le métrage se suit agréablement, à l’image des Sherlock Holmes des années ’40 ou des premiers James Bond. La mise en scène de Don Sharp s’avère, elle, classique mais solide et confère un certain rythme à l’ensemble. La multiplication des personnages secondaires et des sous-intrigues permet de ne pas s’ennuyer même s’il est évident dès la première minute que Fu Manchu sera défait lors d’une très classique dernière bobine. Les scènes de combat, par contre, sont assez médiocrement chorégraphiées : les Asiatiques se battent mal et les Occidentaux sont très visiblement remplacés par des cascadeurs lors des bagarres. Décevant mais, avec un peu de bonne volonté, le spectateur passera au-dessus de ces imperfections pour se concentrer sur l’essentiel, à savoir le plaisir régressif de voir un détective motivé se dresser face à un génie du mal entouré de séides fanatiques et de jolies filles hypnotisées.
En définitive, LES 13 FIANCEES DE FU MANCHU plaira essentiellement aux inconditionnels des films d’aventures bis des sixties et aux fans de Christopher Lee mais le divertissement reste suffisamment sympathique pour mériter une vision nostalgique.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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