retrospective

Les 18 Armes Légendaires du Kung Fu

LES 18 ARMES LEGENDAIRES DU KUNG-FU pointe le bout de son nez au début des années 80, autrement dit durant une période un peu creuse en ce qui concerne les métrages d’arts martiaux made in HK. Beaucoup de spectateurs, gavés par tous ces films de coups de savates, préfèrent donner leur chance à ces productions d’action-comédie qui commencent à émerger avec des bonhommes comme Jackie Chan ou Chow Yun-Fat. Liu Chia Liang signe là une œuvre hésitante. Pas vraiment un pur film de combats comme LA SIXIEME CHAMBRE ou le magistral LES ARTS MARTIAUX DE SHAOLIN. Pas vraiment une comédie non plus, l’humour étant moins efficace que pompeux. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, voyons voir ce que ça dit du point de vue scénaristique.
Tandis que les armes à feu se voient peu à peu introduites sur le sol chinois, un moine fanatique et sanguinaire répondant au nom de Ti Tan (Gordon Liu) est convaincu d’avoir atteint un niveau de concentration tel qu’il lui permettrait de résister à l’épreuve des balles. Notre bonze est, tout comme Tieh Hou et son frère Lei Yung, un combattant respecté. Il est à la recherche d’un certain Lei Kung (le réalisateur en personne), expert dans le maniement des 18 armes du kung-fu. Afin de débusquer ce dernier, Lei Yung demande à un chef de gang (Alexander Fu Sheng) de se faire passer pour ledit Lei Kung…
La première chose qui frappe dans ce Liu Chia Liang est sans aucun doute l’aspect kitsch à souhait. Il faut bien reconnaître qu’on est assez vite lassé par ces dizaines de décors en carton pâte réutilisés à n’en plus finir dans les productions de la Shaw à l’époque. Heureusement, quatre ans plus tard, LES ARTS MARTIAUX DE SHAOLIN et ses somptueux décors extérieurs allaient apporter une impression de vrai qui fait cruellement défaut au film présenté ici. Les nombreux bruitages sont eux aussi inappropriés, en ce sens qu’ils jouent sans cesse la carte de la surenchère. Ils sont bien trop bruyants et grossiers pour paraître crédibles un instant. Pour un peu, on se croirait dans les Jackie Chan des années 70 (genre LE PROTECTEUR) et ses bruitages flirtant avec le ridicule. A moins d’être un nostalgique des vieux jeux 8 bits, vous risquez d’être rapidement énervés par ces sons d’une autre galaxie.
En fait, on constate avec dépit que le film ne trouve jamais le ton qui lui convient. Les gags auraient pu marcher s’ils avaient été moins gros et amenés de façon plus cohérente. On pense à ce passage où deux protagonistes sont perchés entre les murs d’une ruelle. Afin de ne pas se faire repérer par Ti Tan qui passe en dessous d’eux, ils commencent à lui cracher dessus pour feindre une averse soudaine… Il y a également une scène où deux personnages, toujours pour éviter de se faire découvrir par le moine, commencent à imiter un chat chassant une souris… Des moments pseudo comiques qui n’ont donc pas tant d’impact que ça sur le spectateur.
Mais si les blagues tombent à l’eau, il reste cependant quelques sympathiques scènes de combats qui viennent sauver le navire du naufrage. On fait bien entendu allusion à la séquence finale qui dure plus de dix minutes et dans laquelle les fameuses 18 armes sont à l’honneur. Avec, dans le désordre, démonstrations de dard à corde, crochet protège-main, massues jumelles, hache bipenne, hallebardes serpentine, lourde et en croissant de lune, sabre feuille de saule et sabres jumeaux, épée, lance frangée, triple fouet, poignards, béquilles, bâton classique et articulé, trident et enfin bouclier de rotin ! De quoi satisfaire correctement les amateurs du genre donc.
Quant aux bonus, ils s’avèrent assez anecdotiques. Les filmographies ultra complètes présentent peut-être plus d’intérêt que l’interview gentillette de “maître” Gordon Liu. Au final, LES 18 ARMES… n’est certainement pas un grand Liu Chia Liang. Un montage parfois maladroit, des chorégraphies mignonnes mais qui sont loin d’égaler celles des ARTS MARTIAUX DE SHAOLIN, une ambiance sonore gavante constituent un produit inégal qui ne comblera que moyennement les fans assidus de films de kung-fu.

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