retrospective

Les aventuriers du Cobra D’or

Un cambrioleur est chargé par un milliardaire de retrouver une statue mythique, cachée dans une caverne secrète. Mais il n’est pas le seul dans cette quête.
Un petit avertissement avant de commencer cette chronique. En effet, le titre qui nous intéresse ici fait l’objet d’un léger imbroglio au niveau de sa traduction. Il se trouve que l’un des précédents long-métrages du sieur Antonio Margheriti (ou Anthony Dawson pour son exportation internationale) portait déjà le titre français des AVENTURES DU COBRA D’OR (I CACCIATORI DEL COBRA D’ORO en VO). Or, il s’agit aussi d’un des titres du TEMPLE DU ROI SOLEIL qui nous intéresse ici : I SOPRAVIVISSUTI DELLA CITTA MORTA dans sa version d’origine. Ces deux titres se retrouvent dès lors souvent intervertis lors de leur distribution. Il est bien question ici du film mettant en scène un cambrioleur chargé de retrouver une relique perdue et non pas de celui sur les deux amis de guerre se retrouvant un an après avoir accompli une mission.
Passée cette petite remarque, penchons-nous sur le cas d’Antonio Margheriti, réalisateur chevronné du cinéma bis italien, décédé en 2002. Cinéaste prolifique, Margheriti est connu des cinéphages amateurs de plaisir coupable pour des titres tels que LA CREATURE DES ABYSSES, YOR LE CHASSEUR DU FUTUR ou encore L’INVASION DES PIRANHAS, films qui plagient ouvertement le cinéma américain (respectivement ALIEN, CONAN et LES DENTS DE LA MER) sans évidemment parvenir à égaler l’efficacité de ce dernier. Néanmoins, le manque de moyens conférait au visionnage de ses pellicules un plaisir « autre » : les cartons pâtes et autres maquettes devenaient ainsi une source d’humour involontaire (les course-poursuites en voiture semblent extraite de … THUNDERBIRDS, la série de Gerry Anderson avec des marionnettes) rendant immédiatement l’entreprise des plus sympathiques. Une démarche semblable à celle employée par l’actuelle boîte de production Asylum.
Ici, le metteur en scène s’attaque au méga-succès de Spielberg LES AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE, comme en témoigne son affiche qui promet exotisme et péripétie à la pelle, sans parler bien sûr de l’un des fameux titres français. A l’écran, il est tout autre : filmé à la lumière du jour, le film offre une atmosphère plus proche d’une pellicule tournée par des amateurs que d’une aventure de bande dessinée, les mauvaises langues iront jusqu’à la rapprocher des téléfilms érotiques diffusés le dimanche soir sur certaines chaînes.
Cependant, tout n’est pas à jeter dans ses AVENTURES DU COBRA D’OR. Loin s’en faut. Le scénario enchaîne les péripéties dans un rythme soutenu (kidnapping, attaque de mystérieux sbires, découverte de caverne secrète…) et si certaines sont poussives comme cet utilisation d’une lance incendie pour mettre hors d’état de nuire des hommes de main mal intentionnés, elles ne font qu’accroitre d’autant plus le charme du métrage. De leur côté, les interprètes campent solidement leur personnage avec une bonne humeur évidente, sourire au coin et savoureux cabotinage à l’appui. On remarquera d’ailleurs que certains, dont la vedette David Warbeck, sont des acteurs fétiches de Margheriti ce qui explique cette décontraction dans l’ensemble du casting. Une petite note enfin pour souligner la présence de Susie Sudlow, la compagne de Rick Spear (soit Warbeck donc) dans le rôle de Carol, et dont il s’agit de l’unique prestation à l’écran.
En somme, on pourrait disserter des heures durant sur les différences et similitudes entre le célèbre archéologue et notre voleur aventurier : la principale étant que l’un soit constamment surpris par ses exploits (ce qui, paradoxalement, les crédibilisent) tandis que l’autre se montre toujours confiant à la limite de l’arrogance devant la chance qui lui sourit, d’où des punchlines excessives. Mais on aurait tord de faire la fine bouche devant cette pellicule tournée uniquement pour divertir le spectateur durant une heure et demi. Un contrat bien rempli en l’occurrence.

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