Les Cavaliers de l’orage

Un texte signé Angélique Boloré

Les Cavaliers de l’orage, paru en 2016 avec Mosesu, est réédité en 2022 chez Faute de frappe, la maison d’édition indépendante créée par l’auteur, Marc Falvo.

Sur la 4e de couverture, la mention « Pour un public averti » annonce la couleur. Et heureusement car il valait mieux savoir où on mettait les pieds ! Des tueurs sadiques, des victimes martyrisées au-delà du concevable, du sang, des larmes et des tortures effroyables… Les Cavaliers de l’orage s’avère un digne rejeton de la mythique collection Gore. Il tient la route, ravira sans coup férir les fans du genre car c’est gore, c’est atroce, avec une débauche de détails macabres et situations répugnantes.

Chris Anthem débute son récit par la présentation en alterné de ses protagonistes. Tout d’abord, un tueur solitaire qui officie dans son auberge isolée en pleine campagne française profonde. Puis un trio de jeunes citadins en route pour un road-pèlerinage sanglant.

Nous suivons les jeunes sur leur terrible et meurtrier chemin qui les conduit à l’auberge des horreurs. Le lecteur s’attend à une confrontation finale, un fantastique et saisissant combat de tortionnaires-titans. Que peut-il se produire quand de si terribles tueurs se rencontrent ? Ah !

Tout d’abord, sur la forme, les Cavaliers de l’orage est diablement efficace. C’est comme un choc émotionnel, la laideur est portée par la beauté de la langue. L’écriture est de qualité, harmonieuse, précise, terriblement puissante ; cette maîtrise technique de l’auteur permet au lecteur d’avaler d’un coup, ou presque, les 166 pages du livre.

Ensuite, sur le fond, les meurtres sont atroces, l’affaire est entendue. Le lecteur assiste à des exactions aussi bien décrites que terriblement sadiques ; c’est glaçant. En ce qui concerne les fondements sociaux, sociétaux ou politiques justifiant le contexte intellectuel et émotionnel des protagonistes ; le lecteur ne sait pas trop quoi penser. Que veut réellement dire l’auteur sur les mécanismes qui meuvent ses personnages ? Par exemple, l’aubergiste, homme brisé, choisit ses victimes pour leurs pensées médiocres, leurs corps obèses, leur sensibilité inexistante. L’auteur dépeint avec force détails la répulsion du tueur face aux « tares » de ses victimes mais ne guide pas franchement le lecteur dans les méandres de sa pensée à lui, l’auteur. Du coup, on ne sait pas trop sur quel pied danser. Marc Falvo est-il conciliant, sarcastique, provocateur ?

Enfin, sur l’objet en lui-même, la série Chris Anthem présente un « packaging » dédié, fond noir, écritures en rouge et blanc. Le livre se présente ainsi avec une grande sobriété, conforme à notre époque, efficace et triste, bien loin des couvertures si spéciales des Gore et Angoisse. Néanmoins, la déception de la couverture est amoindrie par la qualité du papier et le choix de la typographie, d’une saisissante beauté.

Pour terminer, le prix peut s’avérer un frein non négligeable. La nouvelle maison d’édition lilloise a pour ambition de favoriser le local et la juste rétribution des auteurs. C’est un beau projet mais peut-être que 12,90 € , c’est trop cher pour un genre normalement populaire, que peu auront les moyens de s’offrir.. À moins qu’aujourd’hui le gore soit tendance chez des catégories sociales plus aisées… ce qui est peut-être l’explication délivrée par le taulier revanchard zigouillant des prolos décadents.

On commande chez l’éditeur

Notre critique d’Abymes, également de Chris Anthem


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- Article rédigé par : Angélique Boloré

- Ses films préférés : Autant en Emporte le Vent, Les dents de la Mer, Cannibal Holocaust, Hurlement, L’invasion des Profanateurs de Sépultures

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