retrospective

Les déchainées du plaisir

Un groupe de révolutionnaires décide de dévaliser un casino, afin d’utiliser l’argent obtenu pour leur cause. Ils fomentent ainsi un stratagème censément infaillible. Hélas, aucun plan ne se déroule sans accroc et l’homme chargé de faire sortir l’argent du pays est arrêté, avec tout le butin. Dans l’espoir de récupérer le fruit de leur vol, les criminels décident d’enlever le bébé du policier chargé de l’enquête. Ce dernier n’aura de cesse de se venger et d’arrêter les vils gredins.

Pavlos Filippou, réalisateur et scénariste de ce RANSOM BABY, est un cinéaste des plus prolifiques dans son pays. Peu de ses films sont cependant parvenu en France. Bien que ce métrage-ci soit connu dans notre contrée, il l’est sous le titre LES DECHAINEES DU PLAISIR. Les distributeurs essayent ainsi de vendre un film érotique nanti d’une intrigue policière, ce qu’il n’est bien évidemment pas. Certes, quelques jolies poitrines sont révélées, les personnages se faisant souvent déranger, alors qu’on sonne à la porte ou qu’on les appelle au téléphone, pendant qu’ils font l’amour. Nelli Gini, incarnant un des personnages principaux, n’hésite ainsi pas à mettre en valeur sa généreuse plastique, ce qui confère au métrage un délicieux côté sexy. Cependant, il s’agit avant tout d’un polar violent, complètement ancré dans les années soixante-dix.

En effet, costumes kitsch, décors psychédéliques et coiffures hippies sont des plus présents, donnant à RANSOM BABY un côté rétro et désuet des plus agréables. Sorti de cela, l’histoire est assez classique, mais plutôt plaisante à suivre, malgré quelques idées un peu bancales (ou grâce à elles). En effet, le casse est réalisé de manière assez farfelue, mais la scène s’avère très drôle. Voir les voleurs arriver en camping-car hippie, sur lequel ils ont mis un auto-collant IBM, est presque surréaliste. De même, si l’idée de faire sortir l’argent du pays en dissimulant chaque billet dans une cigarette est intéressante, le spectateur ne peut que hausser un sourcil quand le criminel se fait arrêter à l’aéroport et qu’il demande aux policier qui viennent de fouiller ses bagages – débordant de paquets de cigarettes – une clope, son paquet étant vide. Ces séquences presque cartoon ajoutent un petit côté amusant au métrage qui, sorti de cela, s’avère plutôt sérieux et violent – par moment sadique. Les révolutionnaires n’hésitent pas à tuer les gêneurs, et le policier à frapper des suspects. Ainsi, le film possède quelques fusillades, bagarres et courses-poursuites des plus correctes, sur fond d’une musique disco très en accord avec les décors et les costumes.
RANSOM BABY n’est pas un mauvais film, mais ne se distingue que peu de la masse des polars violents des années soixante-dix. Les spectateurs suivent ainsi la mise en place du cambriolage, puis ce qui dérape, suivi de l’enlèvement de l’enfant. Ensuite, en parallèle nous assistons aux tentatives du père pour récupérer son fils, et aux exactions des kidnappeurs. Le film est ainsi nanti d’une aura sexy, et amorale et violente, nombre de morts jonchant la route des criminels et des policiers. L’ensemble est cependant des plus digeste et permet de passer un bon moment, jusqu’au plan final. La fin du métrage, elle, est tout simplement tétanisante. Horrible et jusqu’auboutiste, elle marque le spectateur d’une manière durable.
Au final, RANSOM BABY, s’il n’est pas un chef d’oeuvre, mérite le détour pour l’amateur de polar européen un peu extrême, pour peu qu’il ne soit pas rebuté par l’ambiance disco de l’époque.

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