Les Formidables

On ne le dira jamais assez, mais, la Corée du Sud, ce n’est vraiment pas un Eldorado… Su-hyan a quitté une société secrète et ouvert un restaurant avec sa petite amie. Son passé le rattrape lorsqu’il doit aider l’un de ses amis d’enfance de l’orphelinat. Mais il est victime d’une erreur judiciaire et se retrouve en prison, suspecté et déjà jugé coupable d’un meurtre qu’il n’a pas commis. De son côté, Sung-wo est un flic alcoolique qui élève seul un fils gravement malade. Ce dernier a besoin d’un don d’organe mais son père n’a pas les moyens pour financer l’opération. Le destin de ces deux hommes ne va plus faire qu’un lorsque Su-hyan prend en otage Sung-wo. Il vient de s’évader de prison dans le but de pouvoir prouver son innocence.
Où est la morale, franchement, où est la morale dans tout ça ? LES FORMIDABLES a de beaux acteurs, une photographie léchée, une image glacée, les rues sont propres, les voitures neuves, les vitrines des magasins semblent étincelantes… Quel contraste avec le monde dans lequel vivent les protagonistes des FORMIDABLES ! La justice est pourrie et ne fait pas son travail en se trompant sur la culpabilité de Su-hyan. Sung-wo travaille mais n’a pas les moyens de sauver la vie de son fils. La seule solution qui s’offre à lui est de toucher une prime en mourant dans la prise d’otage orchestrée par Sun-hyan. Il va chercher à provoquer un accident de voiture fatal, au risque de tuer des passants qui n’ont rien demandé… Finalement, il acceptera de l’argent sale, gagné par la copine de Sun-hyan, hôtesse dans une boîte de nuit… Formidables, nos héros le sont forcément pour réussir à survivre dans un monde qui n’a ni queue ni tête !
LES FORMIDABLES est pourtant un produit mainstream, made in Korea. Tout comme l’image est glacée, le reste de la réalisation est à la hauteur de ce que l’on peut attendre de la production de ce pays : interprétation sans faille, montage violent et efficace des scènes d’action, scénario bidon. Le film souffre néanmoins d’une baisse de rythme une fois les 90 minutes atteintes, un constat fréquent dans les films coréens, dû à la volonté de ces derniers de toujours vouloir que leurs films avoisinent les 120 minutes. Une durée évidemment beaucoup trop longue pour des films qui ont aussi peu de chose à dire.
En dehors du constat effrayant que l’on tirera du scénario en y réfléchissant un peu, LES FORMIDABLES est effectivement plutôt prévisible. Il n’y a rien de bien neuf à signaler ici. L’action, en revanche, est au rendez-vous. Certaines séquences sont même très impressionnantes. On pense surtout à cette scène où une voiture est heurtée par un train en marche. Bien sûr, ça sent le numérique à plein nez. Malgré tout, la mise en scène de Cho Min-ho sait se montrer efficace et apporte une certaine envergure aux scènes spectaculaires.
LES FORMIDABLES est un film d’action divertissant. Il ne s’agit pas d’un film révolutionnaire. Néanmoins, espérons que le film de Cho Min-ho inquiète les spectateurs qui l’auront sous les yeux car l’image qu’il renvoie de notre société est quelque peu déstabilisante et devrait nous amener à nous poser quelques judicieuses questions.