Les griffes de la forêt

Un texte signé Nassim Ben Allal

Canada - 2007 - David DeCoteau
Interprètes : Kate Todd, Tyler Hoechlin, Brody Harms, Graham Kosakoski

Sous ce titre français à la fois clin d’œil et totalement opportuniste, se cache le téléfilm SciFy GRIZZLY RAGE, soixante-cinquième film de l’inusable David DeCoteau en vingt-cinq ans de carrière. Mais s’il a de la bouteille, DeCoteau n’assemble pas toujours les bons cépages. Cette cuvée 2007 se laissera-t-elle déguster sans tousser ?
Quatre amis (Wes, Sean, Ritch et Lauren : trois garçons et une fille) qui viennent de terminer le lycée, s’en vont en virer pour fêter l’évènement, qui sonne aussi le glas de leur relation puisqu’à la rentrée ils seront tous éparpillés dans des universités différentes. Aussi, bien décidés à vivre leurs derniers instants ensembles à fond, ils font un petit détour par un parc naturel interdit au public et ce, malgré les craintes de Lauren. Oiseau de mauvais augure, la jeune femme avait raison : alors que le quatuor s’engage dans le parc dont ils ont forcé l’enceinte, leur 4×4 écrase un bébé grizzly avant de s’encastrer dans un arbre. Coincés loin de la civilisation, les quatre jeunes vont très vite devenir la proie de la maman grizzly, folle de rage et ivre de vengeance…
Ecrit par Arne Olsen, scénariste entre autres de ce glorieux actionner des années 80 qu’est LE SCORPION ROUGE de Joseph Zito avec Dolph Lundgren, LES GRIFFES DE LA FORET commence par surprendre le spectateur, dans le bon sens du terme qui plus est. En effet, grâce à un montage nerveux et à quelques idées de mises en scène simples mais efficaces, le film démarre sur les chapeaux de roues. Qu’importe alors si les personnages censés avoir dix-huit ans sont incarnés par des comédiens ayant largement dépassés la vingtaine, la mayonnaise prend. S’ils présentent tous des profils archétypaux et qu’ils sont vêtus comme dans une émission de plateau de MTV, le quatuor ne sombre jamais ni dans la caricature, ni dans l’outrance. Quelques minutes plus tard, le groupe se retrouve pourchassé par la maman grizzly en furie et là…plus rien ou presque, le film semble avoir grillé ses cartouches au bout de vingt minutes. L’heure suivante n’en sera que plus ennuyeuse, entre aller-retour vers un éventuel abri et décès brutaux…qui sont très peu nombreux puisqu’il n’y a que quatre comédiens. Si le film est emballé avec soin, que les attaques de grizzly sont suffisamment bien montées pour éviter le recours aux images de synthèses tout en offrant un spectacle crédible, l’histoire patine irrémédiablement et semble aussi perdue que ses protagonistes. Oubliant totalement de ponctuer les morts d’inserts gores, DeCoteau se contente d’asperger l’écran d’un sang numérique qui ne ravira que les nostalgiques des jeux vidéo de combats sur les consoles 16 bits. Jusque-là crédibles, les comédiens s’avèrent horripilants quand ils ne sont pas risibles, et sont obligés de débiter un texte à base d’introspection philosophale sans queue ni tête qu’ils ont l’air de regretter sitôt récité. Reste que le savoir-faire du réalisateur parvient à maintenir une certaine tension dramatique et donc un suspens quant à l’issue finale. Tourné avec des moyens restreints en décors naturels, LES GRIFFES DE LA FORET n’a cependant pas à rougir de la concurrence car, malgré d’évidentes lacunes, il est loin d’être mauvais…du moins selon les critères des productions SciFy.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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