Dossierretrospective

Les Inassouvies

Eugénie est une jeune femme aussi pure que l’agneau qui vient de naître. Ne supportant plus d’être ainsi étouffée par sa mère, elle saute sur l’occasion de sa rencontre avec Marianne, femme riche et libérée, qui lui propose de venir passer un week-end sur son île paradisiaque. Mais l’ombre du Marquis de Sade plane sur ce séjour, et Marianne a, derrière cette invitation, des desseins aussi secrets que dangereux.

Jess Franco fut un réalisateur prolifique jusqu’à sa mort. Si l’on peut considérer les années soixante-dix et quatre-vingt comme son âge d’or, il n’arrêta pas de tourner jusqu’à la fin, oeuvrant dans l’horreur, le thriller ou autres genres d’exploitation, la plupart du temps teinté d’un érotisme plus ou moins léger. Il lui arriva même assez souvent de réaliser de l’érotisme pur comme avec CELESTINE… BONNE A TOUT FAIRE, par exemple. Si sa rencontre avec Lina Romay, qui devint sa femme autant que sa muse, marque un tournant dans sa carrière, il eut, avant elle, d’autres muses, d’autres actrices, aussi ravissantes que peu réticentes à l’idée de dévoiler leurs nombreux atouts. LES INASSOUVIES ne fait pas exception. Petite production nécessitant peu d’acteurs (la plupart du métrage se déroulant sur l’île où ne se trouve que la propriété de Marianne), le film nous dévoile la plastique de deux actrices. Maria Rohm, habituée du cinéma de Jess Franco, y incarne la perverse et magnifique Marianne, tandis que Marie Liljedahl joue avec merveille l’innocente et fascinante Eugénie. Cette jeune femme eut une courte carrière, et il s’agit de sa seule incursion dans le cinéma de Jess Franco. Au seins des INASSOUVIES, un acteur étend son ombre, laissant planer son aura fascinante et magnifique sur tout le métrage, même s’il apparaît très peu. Il s’agit du grand Christopher Lee, ayant un rôle aussi petit par le temps de présence, qu’immense par son importance, car il est le maître d’oeuvre de toute cette manipulation perverse, le garant de l’esprit du Marquis de Sade.

Jess Franco, qui n’est pas le scénariste de ce film, évite les longueurs en se concentrant directement sur l’action. LES INASSOUVIES débute par une messe noire, l’image emplie de philtre rouge qui nous fait basculer dans un étrange onirisme. Le spectateur comprendra la signification de cette scène bien plus tard, mais la séquence étant son ombre étrange sur tout le film, créant une ambiance aussi bizarre que bien venue.
Le spectateur découvre ensuite les personnages, avant que rapidement nous ne nous retrouvions emmenés sur l’île, où Eugénie va apprendre la sensualité, sans savoir que Marianne désire aller plus loin dans la perversité, droguant la jeune femme pour faire d’elle son jouet. L’érotisme est léger, mais permet d’admirer la plastique des deux actrices, vraiment sublimes, lors de triolismes assez intéressants, bien que le réalisateur ne s’attarde pas trop sur ses séquences.
Il nous réserve aussi quelques scènes mélangeant amour et violence, les filmant sous le signe de l’onirisme. La cruauté est présente, entre érotisme et horreur, et les séquences sont plutôt bien mises en scène.
LES INASSOUVIES se regarde ainsi avec plaisir, alternant rêve éveillé, cruauté étrange et sensualité moite. Le spectateur a du mal à savoir où le film l’emmène, et découvre avec une certaine surprise la fin, assez brutale. Le scénario nous y réserve un twist sous forme de pied de nez très bien vu, achevant de plonger Eugénie et le spectateur dans le désespoir.
EUGENIE (autre titre des INASSOUVIES) est un très intéressant Jess Franco, qui mérite ainsi amplement le détour.

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