Les mangeurs d’âmes

Un texte signé Éric Peretti

USA - 2006 - Steven R. Monroe
Titres alternatifs : Left in darkness
Interprètes : Monica Keena, David Anders, Tim Thomerson, Chris Engen, Jessica Stroup, Tarah Page, Shane Bitney Crone, Kelsey Barney, Chelsea Cannell, Christina Cellner, Cody Klop

Produit par Stephen J. Cannell, le fameux barbu qui arrachait une page de script de sa machine à écrire lors du générique final de séries aussi cultes que L’Agence tous risques ou 21 Jump Street, LES MANGEURS D’AMES est un produit calibré pour le marché de la vidéo qui tente malgré tout de sortir des sentiers battus.
Le soir de ses 21 ans, Célia se laisse entraîner par sa meilleure amie Justine dans une grande soirée au sein d’une fraternité étudiante. Elle y rencontre le beau Doug qui, après l’avoir drogué à son insu, la viole dans une salle de bain, fortement encouragé par ses camarades qui attendent visiblement leur tour. Mais voilà, Célia succombe lors de l’outrage et se retrouve dans une dimension parallèle. Elle y retrouve Donovan, son ange gardien qui la protège depuis ses huit ans. Ce dernier lui explique que durant deux heures, elle sera la proie des mangeurs d’âmes, de terrifiantes créatures pouvant prendre l’apparence des défunts qu’ils ont déjà possédé, et que sa seule chance de salut dans l’au-delà est de suivre ses consignes à la lettre. Pendant ce temps, dans notre monde, la soirée continue et Justine est sur le point de tomber dans le même piège que la malheureuse Célia…
Co-signé par les débutants Philip Daay et Jane Whitney, le scénario, s’il n’est pas exempt de défauts, a le mérite d’être assez original, bourré de bonnes idées et accrocheur, du moins dans sa version écrite car sa mise en images se révèle plus problématique. Steven R. Monroe, prolifique réalisateur du marché vidéo et télévisuel, utilise de nombreux artifices branchés (ralentis, accélérés, jump cut) pour dynamiser son film mais, à force de vouloir en faire trop, ne parvient finalement qu’à fatiguer le spectateur sans jamais parvenir à faire ressortir une émotion chez ce dernier. A cela, s’ajoute une photographie qui balance entre un éclairage bariolé de type boîte de nuit et une lumière blafarde inesthétique au possible lors des séquences se déroulant à l’intérieur, c’est-à-dire la quasi totalité du métrage. Bien qu’évoluant dans une dimension parallèle, Célia ne peut quitter la maison où repose son corps sans mettre son âme en danger. Mais pour que l’action ne reste pas confinée en un lieu clos et unique, notre jeune héroïne retrouve régulièrement ses proches décédés le temps de quelques ridicules et prévisibles scènes oniriques. En s’imposant un lieu fermé comme cadre de l’action, le récit finit par tourner en rond et tirer en longueur. Pourtant l’idée de l’intrigue secondaire, consistant à sauver Justine, offre de beaux moments. Célia découvre vite qu’elle peut assister à ce qu’il se passe dans le monde réel par l’intermédiaire des miroirs et, bien que toute communication directe avec les vivants soit impossible, qu’elle peut agir sur les objets inanimés. Il lui faudra alors non seulement éviter les mangeurs d’âmes dans un monde, mais également ruser pour influer sur les événements néfastes qui se dessinent dans l’autre.
C’est à la lippue Monica Keena, qui a déjà affronté Jason et Freddy dans un même film, que revient la lourde charge de jouer Célia. Avec son teint livide et son air perdu, la jeune actrice s’en sort assez bien, même si la seule crainte que nous puissions avoir par rapport au sort de son personnage est qu’elle ne bascule définitivement en avant tant ses prothèses mammaires semblent énormes sur son petit corps. Face à elle, David Anders, l’énigmatique Julian Sark de la série Alias, incarne un Donovan monolithique qui, prenant très au sérieux son rôle de mentor, déclame inlassablement son texte et tente de convaincre autant Célia que le spectateur qu’il est là pour sauver son âme. Notons également la participation du sympathique vétéran Tim Thomerson qui vient ici cachetonner dans le rôle du grand-père de Célia.
Trop bavard et laborieux dans son déroulement, LES MANGEURS D’AMES se révèle assez frustrant. En dépit d’une fin éloignée des mièvreries usuelles et de quelques bonnes trouvailles, le film laisse le spectateur avec le désagréable sentiment d’avoir assisté à un ratage complet. Bref, une œuvre hautement dispensable qui risque plus d’énerver que de ravir.


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- Article rédigé par : Éric Peretti

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