Les Mille et Une Nuits

Un texte signé Vincent TRAJAN

Suite aux succès fulgurants de ses “films de monstres” (DRACULA, FRANKENSTEIN, L’HOMME INVISIBLE, THE WOLF MAN…), le petit studio qu’est Universal a le vent en poupe au tout début des 40’s et compte bien ne pas s’arrêter là. Ainsi, les instances dirigeantes de l’équipe de Carl Laemmle ont décidé de changer de braquet de produire un film à gros budget, histoire de tenir la dragée haute à la MGM et à la RKO et de venir jouer dans la cours des grands.
C’est donc en 1942 que LES MILLE ET UNE NUITS (ARABIAN NIGHTS) sort sur les écrans sous la houlette de John Rawlins (LA VOIX DE LA TERREUR, DICK TRACY CONTRE LE GANG…) à grands renforts de publicité puisque le studio Universal a décidé de mettre le paquet en sortant le film en Technicolor tri-couches histoire de montrer son ambition (auparavant, seul BLANCHE NEIGE, ROBIN DES BOIS, UNE ETOILE EST NEE et AUTANT EN EMPORTE LE VENT ont eu les honneurs du Technicolor), autant dire qu’à l’époque LES MILLE ET UNE NUIT fait figure d’une super production !
En s’inspirant très librement du conte millénaire des Mille et Une Nuits et en surfant sur la vague orientale impulsée par LE VOLEUR DE BAGDAD de 1940, les studios Universal ont habilement choisi de faire des MILLE ET UNE NUIT une véritable invitation au voyage pour les spectateurs de l’époque en mélangeant habilement les très nombreux personnages du conte au fil du scénario : Kamar al-Shaman blesse son jeune frère, le calife Harun al-Rashid, lors de sa tentative de prendre le trône de Bagdad. En fuite, ce dernier se réfugie dans la troupe de la belle Shéhérazade, fort convoitée. Il est pris sous la protection d’un jeune acrobate, Ali Ben Ali. Mais la petite troupe, composée entre autres de Sindbad de retour de ses voyages et d’Aladin en manque de lampe magique, est vendue par le vizir Nadan. Les membres de la troupe deviennent ses esclaves…
On l’aura compris, LES MILLE ET UNE NUIT a pour but de faire de l’entertainment et c’est pour ça qu’on y trouve entre autres Maria Montez et John Hall ainsi que le jeune Sabu, un acteur “exotique” montant qui avait été découvert quelques années plus tôt dans LE VOLEUR DE BAGDAD de 1940. De quoi faire une affiche alléchante !
Mais qu’on ne s’y trompe pas, même si le scénario écrit par Michael Hogan développe une intrigue aussi fine que des vérins de levage en alternant les scènes d’aventure et les luttes passionnelles autour de la belle Shéhérazade, la superbe réalisation de John Rawlins alliée à la photographie de Milton R. Krasner vont à elles seules leur pesant d’or et s’inscrivent parfaitement dans l’attente des studios Universal : permettre la rêverie à la sauce orientale. Et ça marche plutôt bien même si le rythme du film est en dents de scie.
De leurs côtés, le trio Maria Montez, John Hall et Sabu remplit à merveille le cahier des charges attendu et donne aux MILLE ET UNE NUIT un côté épique et grandiloquent très plaisants. Il faut dire aussi que ce bon vieux John Rawlins maîtrise à merveille son sujet (chaque plan témoigne d’un savoir-faire indéniable et d’une volonté d’en mettre plein la vue) et que sa direction d’acteur est parfaite (même si John Hall cabotine un petit peu).
Tous les ingrédients pour faire de cette pellicule un spectacle grandiose sont savamment dosées (le harem du calife et les belles filles sont toujours de bons atouts…)
En fin de compte, même si le poids des années n’a pas épargné le scénario assez plan-plan des MILLES ET UNE NUIT, la magnificence de la photographie, les prises de vue au cordeau, les décors et les costumes somptueux font que le film de John Rawlins reste un must du genre qu’on se régale à (re)découvrir. Avec ce métrage, les studios Universal ont mis un pied dans la cours des grands et à l’heure actuelle, il semblerait qu’ils y soient encore pour longtemps…


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : Vincent TRAJAN

- Ses films préférés :

Share via
Copy link