Un texte signé Vincent Trajan

Etats-Unis - 1935 - Edward Kull
Titres alternatifs : The New Adventures Of Tarzan
Interprètes : Herman Brix, Ula Holt, Ashton Dearholt, Dale Walsh, Frank Baker

Dossierretrospective

Les Nouvelles Aventures De Tarzan

Passablement déçu par la dénaturation de son personnage fétiche à l’écran et par des dividendes plus que mineurs dans ses contrats avec la MGM (il n’empochera que 75000$ sur les millions qu’ont rapporté TARZAN AND THE APE MAN et TARZAN AND HIS MATES), Edgar Rice Burrough le créateur de Tarzan, décide en 1934 de créer sa propre boîte de production indépendante avec Ashton Dearholt, George W. Stout et Bennett Cohen afin de garder la main sur les films issus de son œuvre. La Burroughs-Tarzan Enterprises était née.
Pour un premier jet, l’auteur va imaginer un serial, THE NEW ADVENTURES OF TARZAN en 12 chapitres avec le sculptural Herman Brix (alias Bruce Bennet après-guerre) sous les traits de Tarzan et un certain Edward Kull derrière la caméra.
La trame générale est assez simple : au Guatemala, la Déesse Verte est une idole vénérée par une tribu primitive qui renferme en son sein la formule secrète d’un super explosif. Le Major Martling etla belle Ula Vale se rendent sur les lieux afin de récupérer la statue pour ne pas qu’elle tombe en de mauvaises mains (en l’occurrence celles d’Hiram Powers un obscur avocat qui convoite l’idole). De son côté, Lord Greystoke (le Tarzan civilisé) se rend lui aussi au Guatemala à la recherche de son ami d’Arnot dont l’avion s’est écrasé en plein jungle.
Le serial se propose donc de suivre deux quêtes distinctes, qui n’en feront qu’une dès lors qu’après avoir retrouvé son ami, Tarzan prendra fait et cause pour le Major Martling et Ula Vale contre les agissements sournois d’Hiram Powers et de Raglan, son âme damnée, le tout sous la menace de la tribu primitive adoratrice de la Déesse Verte.
THE NEW ADVENTURES OF TARZAN pose donc les bases d’un scénario basé sur l’action pure et dure qui sied parfaitement à la plastique musculeuse d’Herman Brix (les combats et les cascades sans doublure sont bien faits) et qui a l’intelligence d’axer la trame du serial via une course poursuite haletante dans des décors naturels à la façon d’une triangulaire (les bons, les méchants, les primitifs) avec une pointe d’enquête policière (la recherche de Raglan…).
Malgré tout, THE NEW ADVENTURES OF TARZAN comporte pas mal de défauts qui peuvent parfois gêner le visionnage. Ainsi, même si le parti pris de laisser la part belle à l’action dans un décor sauvage est ô combien louable (les stock shots sont quand même légion…), Edward Kull semble avoir un peu de mal à travailler dans des conditions naturelles, dans la mesure où le réalisateur peine souvent à trouver un juste équilibre entre lumière et obscurité lors des scènes tournées dans la jungle. Et le montage un peu trop alambiqué laisse lui aussi à désirer sur certains points.
De plus, si les jeux d’acteurs de l’athlète Herman Brix et de la belle Ula Holt restent bien au-dessus de la moyenne (bien que Brix ait du mal à se fondre dans son personnage dans les premiers épisodes), force est de constater qu’il n’en est pas de même pour les rôles secondaires (Dale Walsh, Harry Ernest, Frank Baker…). Rien de rédhibitoire non plus pour l’époque (nous sommes en 1935), mais il est indéniable que la rivalité entre ce serial et les films de la MGM, ne joue pas en faveur de la Burroughs-Tarzan Enterprises…
Mais là où le bât blesse, c’est que les conditions de tournage extrêmes dans la jungle du Guatemala ont signé la mort d’une grosse partie de la bande son de THE NEW ADVENTURES OF TARZAN, notamment à cause de l’humidité ambiante et des orages tropicaux (un message d’excuse à ce sujet est d’ailleurs inséré dans les crédits du générique de fin). De fait, les acteurs ont dû doubler eux-mêmes leurs dialogues en post production, tandis que le fond sonore est lui, quasi inexistant ! On a l’impression d’être en face d’un film quasi-muet !
Difficile à partir de là de tenir la dragée haute aux œuvres de Tarzan façonnées par la MGM qui a toujours mis un point d’honneur à soigner la production et le grand spectacle…
Mais qu’on ne s’y trompe pas : malgré des conditions de tournages très difficiles qui ont laissé un goût amer dans l’esprit de tous les protagonistes (Herman Brix racontera en 1999 dans une interview ce tournage épuisant et montrera les nombreuses cicatrices de ses blessures), THE NEW ADVENTURES OF TARZAN s’avère être cependant un serial de 12 épisodes assez sympathique qui, même s’il est loin de la grandiloquence des films de la MGM avec Johnny Weissmuller, reste l’œuvre la plus proche du personnage de Tarzan et la plus respectueuse de la plume d’Edgar Rice Burrough.

Il est à noter qu’à la suite à l’échec commercial de THE NEW ADVENTURE OF TARZAN à sa sortie (le TARZAN ESCAPES de la MGM est arrivé sur les écran à peu près à la même époque et très peu de cinémas ont programmé la bobine d’Edward Kull), les 12 volets de la série seront remontés et remixés 3 ans plus tard pour mettre sur pied le film TARZAN ET LA DEESSE VERTE… mais la Burroughs-Tarzan Enterprises elle, était déjà à l’agonie et se préparait à mettre la clé sous la porte.


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- Article rédigé par : Vincent Trajan

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