Les petites chattes sont toutes gourmandes

Un texte signé Philippe Chouvel

Allemagne - 1969 - Jozef Zachar
Titres alternatifs : Alle Kätzchen naschen gern, La seduttrice, The Sweet Pussycats
Interprètes : Edwige Fenech, Sieghardt Rupp, Ernst Stankovski, Angelica Ott, Barbara Capell

Le colonel François De La Roche et le Comte Dalce partagent bon gré mal gré le château « Portillon », dont chacun revendique la propriété. Leur domestique, Philip, doit se plier aux caprices et aux exigences des deux maîtres n’arrêtant pas de se chamailler, sauf lorsqu’ils décident d’aller conter fleurette. Parmi les jolies jeunes filles de la cité, il y a notamment Babette et Monique, deux lavandières, vierges et orphelines. Leur tante, qui s’occupe de leur éducation, compte bien les marier au Comte et au Colonel, et récupérer une belle dot au passage, si ce n’est le château. Dans cette optique, elle passe un accord avec un avocat véreux, mais deux événements inattendus risquent de retarder ses plans, voire de les compromettre. D’abord, une ancienne maîtresse du Colonel, Blanche, arrive en provenance de Paris. Ensuite, c’est au tour du neveu du Comte, René, de s’installer au château. Coureur de jupons invétéré, le jeune homme ne tarde pas à séduire l’une des lavandières…
Si la sexy-comédie est devenue une institution en Italie au milieu des années 1970, l’Allemagne possédait déjà quelques longueurs d’avance dans le domaine, produisant de tels films depuis déjà la fin des années 1960. « LES PETITES CHATTES SONT TOUTES GOURMANDES », au titre évocateur et précurseur des films pornos qui déferleront un peu plus tard, est une comédie à l’érotisme soft (nous sommes en 1969) signée par un réalisateur obscur originaire de Tchécoslovaquie, Jozef Zachar. A quelques exceptions près, comme ce film, la plupart de sa vingtaine d’œuvres que compte sa filmographie ne dépassera jamais les frontières de son pays. On notera d’ailleurs, qu’en cette année 1969, Zachar réalisera un autre film avec quasiment le même casting, et qui est lui aussi une adaptation (très libre) de l’un des Contes drolatiques de Balzac, à savoir « THE BRAZEN WOMEN OF BALZAC ». On peut supposer que sans la présence d’Edwige Fenech, ces deux longs métrages seraient probablement tombés dans l’oubli. « LES PETITES CHATTES SONT TOUTES GOURMANDES » ne se distingue guère d’autres œuvres sans grande originalité que l’Allemagne produisit durant deux bonnes décennies. Il s’agit là d’un cocktail de comédie grivoise, mélangeant allègrement la farce lourde et l’érotisme léger, alternant effeuillages et quiproquos, selon la formule consacrée. Jozef Zachar n’a jamais eu, et n’aura jamais, après ce doublé, l’occasion d’exploiter le filon érotique. On peut supposer qu’il s’est acquitté de films de commande, et que les véritables instigateurs de ce produit sont les deux scénaristes, à savoir Günther Heller et Kurt Nachmann, le premier ayant scénarisé les treize « SCHULMADCHEN-REPORT », le second ayant aussi une « casquette » d’acteur et de réalisateur dans le cinéma érotique teuton.
Malgré la lourdeur du ton, « LES PETITES CHATTES SONT TOUTES GOURMANDES » possède certains avantages : le rythme est vif, le comique de situation fait parfois mouche, et les actrices, évidemment, se déshabillent très souvent. C’est donc l’occasion de voir le corps sublime d’Edwige Fenech, ainsi que ceux des deux lavandières, interprétées par Angelica Ott et Barbara Capell. Certes, elles ne sont pas vraiment connues de par chez nous, cependant on a pu voir Barbara Capell au côté de Paul Naschy dans « LA FURIE DES VAMPIRES ».
En ce qui concerne les acteurs, la plupart nous sont également inconnus, à l’exception de Sieghardt Rupp, qui incarne le Colonel De La Roche, et qui eût son heure de gloire à travers des classiques comme « POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS » et « LA GRANDE VADROUILLE ».
Si l’on arrive à passer le cap de l’humour au ras des pâquerettes, des situations absurdes, et du « surjeu » de la plupart des protagonistes, on peut alors se laisser tenter par cette comédie légère, aussi légère que les tenues de ces demoiselles, et aussi futile que l’intelligence de ces messieurs, qui se laissent la plupart du temps guider par ce qui se trouve dans leur pantalon.
Rien de foncièrement original, à vrai dire, on s’attendrait même à voir surgir Lino Banfi, Alvaro Vitali et consorts si le film n’était allemand. On peut se demander néanmoins ce que Balzac aurait pensé de ce film s’il avait vécu au XXème siècle. Qui sait, peut-être aurait-il esquissé un sourire ?


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- Article rédigé par : Philippe Chouvel

- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois

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