Les Rues de feu

Un texte signé Sophie Schweitzer

Ellen Aime, rock star, est enlevée par les Bombers, un gang de motard, mené par l’impitoyable Raven Shaddocks. Reva demande à son frère, ex petit ami d’Ellen, de leur venir en aide. C’est ainsi que Tom Cody débarque dans la ville. Le soldat de fortune aidé de la bagarreuse McCoy sont les seuls héros disponibles pour récupérer la belle. Ils sont rejoints par Billy Fish, manager et petit ami actuel d’Ellen. Ce trio improbable s’engage dans une folle course poursuite face à des tueurs sans merci.

STREET OF FIRE sortit en 1984 est une fable rock’n’roll. Walter Hill en est le réalisateur. Après s’être fait connaître avec LES GUERRIERS DE LA NUIT, il connaît un succès monstre avec 48 HEURES. C’est ainsi qu’Universal lui laisse une complète liberté ou presque.

Ceci explique un casting constitué de quasi-inconnus. Michael Paré dont la carrière a débutée deux ans plus tôt, obtient le rôle principal. Diane Lane, en rock star, incarne la princesse enlevée des temps modernes. Sa carrière est encore fructueuse aujourd’hui ! De même, William Dafoe qui incarne le vilain chef des motards avec son sourire inquiétant, est devenu depuis une figure emblématique du cinéma. Quant à Rick Moranis dans la peau du producteur convaincu que l’argent règle tout, il est considéré comme un acteur culte de la comédie américaine. Enfin, on retrouve Amy Madigan dans le rôle de l’ancienne soldate aux accents féministes, actrice qui n’est plus à présenter.

Le réalisateur des GUERRIERS DE LA NUIT décide de planter un décor fantastique. L’univers idéalisé des années 50 – les costumes, coiffures et surtout la musique — rencontre les années 80 — le look cuir du gang de motards et les chansons glam rock de l’héroïne. Le cocktail est d’autant plus étonnant que le film appartient à deux genres. A la fois c’est un film musical mais aussi un western. L’ensemble donne quelque chose d’assez original et intéressant.

Véritable opéra rock, la bande son est le reflet de son époque. Ainsi le rock électrique des années 80 est mis à l’honneur. Pas étonnant dès lors de retrouver sur la bande son Stevie Nicks, Jim Steinman ou encore Dan Hartman. Déclarant son amour au rock, STREET OF FIRE multiplie les références à l’histoire du rock jusqu’à la gloire de la pop avec un petit moonwalk improvisé. L’ensemble, composé par Ry Cooper, sert le rythme effréné que poursuit le film.

Etonnant, STREET OF FIRE ne révolutionne certes pas le genre, mais rassemble un certain nombre de talents. Outre les acteurs qui donnent une certaine prestance à leur personnage, le film est magnifiquement mis en lumière par Andrew Laszlo. Le Blu-Ray rend vraiment hommage au travail effectué. Entre les néons fluo se reflétant dans les flaques d’eau sur le bitume, et les douches de lumière rouge, STREET OF FIRE a une image digne des plus grands films. Celle-ci donne un aspect électrique, presque fantastique, au film. Cela est d’autant plus étonnant qu’il a rarement le budget nécessaire dans les films de genre.

Les années 80 ont permit une folie créatrice au cinéma. Cela a ,parfois, donné naissance à des œuvres originales. STREET OF FIRE en fait indéniablement parti. Un tel film n’aurait pu voir le jour à une autre décennie. C’est un cocktail étonnant, un mélange des styles et des genres inédits, qui étrangement fonctionne. En fait, il est assez fascinant, quasi hypnotique. Même les réticents à la comédie musicale seront séduits par ce film qui joue avec les codes des genres.

STREET OF FIRE est devenu culte parce qu’il offre un divertissement de qualité bourré de référence au cinéma de genre ainsi qu’à la musique.