retrospective

Les sorcières de Salem

Réalisé en 1957, LES SORCIERES DE SALEM adapte la pièce d’Arthur Miller « The Crucible » datant de 1953. Le scénario fut adapté par Jean-Paul Sartre tandis que la mise en scène échut au cinéaste belge Raymond Rouleau.
L’intrigue s’inspire du fameux procès pour sorcellerie qui se déroula à Salem à la fin du XVIIème siècle. Le fermier John Proctor (Yves Montand) est une forte tête de la communauté qui n’hésite pas à défier les nantis et même à labourer le dimanche (ce qui est forcément mal vu en cette époque écrasée par les diktats religieux). Il a épouse Elizabeth (Simone Signoret), une femme très puritaine qui, prétextant des maux de ventre, se refuse à lui depuis sept mois. Proctor se laisse séduire par la virginale Abigail Williams (la débutante Mylène Demongeot dans son premier grand rôle) mais finit par mettre un terme à cette liaison. La jeune femme a recours au service d’une esclave, Tituba (Darling Legitimus, la grand-mère du Pascal des Inconnus) pour ensorceler Proctor et son épouse dont elle souhaite la mort. Surprise par le révérend, la demoiselle nie toutes les accusations mais, rapidement, une véritable hystérie s’empare de Salem et le gouverneur Danforth (joué par Raymond Rouleau) organise une série de procès afin de chasser la sorcellerie du village mais également de supprimer ses adversaires politiques. John Proctor et son épouse sont trainés devant leurs juges…
Après avoir assisté à une représentation de la pièce « The Crucible » à Paris dans laquelle Signoret jouait déjà l’épouse persécutée, Sarte rédige un long (300 pages !) scénario afin de porter à l’écran les écrits d’Artur Miller. Il se permet de nombreux écarts (en particulier concernant la fin) avec la pièce originelle et y ajoute un sous-texte ouvertement procommuniste qui lui vaudra de nombreuses critiques. Miller, pour sa part, n’aime pas cette version et, n’ayant guère apprécié la liaison entre Montand et Marylin Monroe, parvient à la retirer de la circulation pendant plusieurs décennies tout en prétextant vouloir privilégier l’adaptation plus récente (LA CHASSE AUX SORCIERES) tournée en 1996 avec Daniel Day-Lewis et Winona Ryder.
Tourné avec des moyens conséquents et une figuration nombreuse, notamment grâce à une coproduction avec l’Allemagne de l’Est, LES SORCIERES DE SALEM demeure, soixante ans après sa sortie, une véritable curiosité, une œuvre intéressante au sujet d’un fait historique bien connu dans ses grandes lignes mais méconnu dans ses « petites histoires », celles des protagonistes, qu’explore intelligemment le scénario.
La qualité des dialogues et l’interprétation remarquable des comédiens permet, dès lors, d’excuser un rythme parfois déficient, une mise en scène un brin pesante et théâtrale ainsi que quelques longueurs qui viennent gâcher un long-métrage sinon fort estimable.

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