Les Travaux d’Hercule

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Réalisé en 1957, LES TRAVAUX D’HERCULE lança une vaste mode en Italie, celle d’un péplum mythologique décomplexé teinté d’Heroic Fantasy et qui fut qualifiée, un peu péjorativement sans doute, de « muscle opéra ». Bref, historiquement un métrage pratiquement aussi important pour la Péninsule que POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS ou SIX FEMMES POUR L’ASSASSIN, amené à connaître une longue descendance au cours des quinze années suivantes…avant que l’antiquité ne soit justement reléguée au second plan par la folie western.
Premier épisode d’une longue série (sans même compter les déclinaisons comme Maciste), LES TRAVAUX D’HERCULE offre son premier grand rôle au culturiste Steeve Reeves, acteur au talent dramatique certes limité mais parfaitement adéquat dans cette production jouant davantage de son charisme et de sa musculature.
L’amateur d’antiquité grecque s’attendant à une adaptation fidèle de la légende des douze travaux menés par le demi-Dieu risque cependant d’éprouver une certaine déception car le métrage n’en propose que deux : la lutte contre le redoutable Lion de Némée et celle contre le féroce Taureau Crétois. Les dix autres exploits du personnage seront passés sous silence, sans doute pour des raisons de budget. Dommage également que ces TRAVAUX D’HERCULE se montre si frileux au niveau du fantastique, privant les deux combats précités d’une grande partie de leur caractère grandiose : le lion et le taureau sont certes deux adversaires dangereux mais ils ne sont nullement les créatures quasiment invincibles rencontrées dans la légende. Les séquences de combats en elles-mêmes manquent terriblement de puissance et de conviction, Hercule se contentant, lors des corps à corps, d’agiter de simples dépouilles animales bien peu menaçantes.
Et si les Amazones sont présentes dans l’aventure elles ne jouent finalement qu’un rôle accessoire afin d’offrir au spectateur quelques beautés peu vêtues à contempler. La seconde partie du métrage sera donc consacrée à la quête de la Toison d’Or, le fils de Zeus ayant pris part à l’expédition menée par Argos aux côtés d’Ulysse. Par contre nul trace de son amant Hylas, cette partie de la légende aurait sans doute fait mauvais genre, d’autant que le valeureux Hercule trouvait déjà le repos du guerrier auprès de la belle croate Sylva Koscina, alors âgée de 25 ans et tout bonnement resplendissante. Seul le final versera réellement dans la Fantasy et osera montrer Jason affronter une créature surnaturelle, à savoir un dragon hélas pas vraiment réussi qui ressemble surtout à un figurant en costume de Casimir. Mais il faut parfois se laisser porter par le charme suranné d’effets spéciaux antédiluviens…
Au niveau du spectacle et des combats, LES TRAVAUX d’HERCULE se montre sans doute un peu trop avare de démonstrations physiques pour contenter l’amateur mais la bonne caractérisation des personnages compense ce défaut, tout comme un humour assez présent, quoique souvent involontaire.
LES TRAVAUX D’HERCULE demeure un spectacle sympathique en dépit de son grand-âge. A l’heure de la Fantasy à gros budget truffée d’effets spéciaux il sera sans doute un peu difficile de vraiment se passionner pour ce film un peu vieillot mais l’ensemble reste divertissant et pourvu d’un charme suranné encore appréciable même si on peut préférer les suites plus délirantes que sont HERCULE A LA CONQUETE DE L’ATLANTIDE ou le HERCULE CONTRE LES VAMPIRES de Mario Bava.