Un texte signé Philippe Chouvel

Italie - 1977 - Stelvio Massi
Titres alternatifs : La Banda del trucido, Destruction Force
Interprètes : Tomas Milian, Luc Meranda, Elio Zamutto, Franco Citti, Katia Christine

retrospective

L’Exécuteur vous Salue Bien

Second volet des aventures de Monnezza (cf LE CLAN DES POURRIS), qui est rentré dans le rang et a ouvert une pizzeria à Rome. Pendant ce temps, le commissaire Ghini a fort à faire avec deux gangs criminels prêts à mettre la ville à feu et à sang.
Dès le début du film, Ghini a maille à partir avec un groupe de malfrats drogués jusqu’à l’os (sauf une femme qui, elle, est accro à la confiture !!!) venus se réfugier dans l’appartement d’une famille après un cambriolage. Evidemment, les preneurs d’otages ont des revendications et paraissent nerveux de la gâchette. La situation est de ce fait délicate, si bien que le préfet vient s’en mêler et interdit toute intervention. Il va sans dire que le commissaire Ghini en a vu d’autres, n’a pas l’air très surpris, et passe donc outre les directives du préfet. L’assaut est donné, de façon très spectaculaire, dans une scène qui n’est pas sans rappeler le PEUR SUR LA VILLE d’Henri Verneuil avec notre Bébel national.
Bref, tout ce petit monde est bientôt neutralisé et mis derrière les barreaux (pour ceux qui ont eu la chance de survivre). A peine le temps de souffler, et Ghini apprend qu’un attentat vient de causer la mort de trois confrères dans un quartier de Rome, l’une des trois victimes étant le commissaire Taddei, chef de la police criminelle.
Menant son enquête, Ghini, qui est désigné pour être le successeur de Taddei, découvre que l’instigateur de cet attentat est Lanza, un dangereux criminel qui vient d’être libéré après un séjour dans une prison de Sardaigne. Pour corser les choses, une autre pointure du banditisme vient mettre les pieds dans la capitale transalpine : Belli. Ce dernier a besoin de monter une équipe en vue d’un braquage de diamants. Il lui faut notamment un chauffeur, et c’est un dénommé « Grenouille », une petite frappe ayant besoin d’argent, qui va être enrôlé. « Grenouille » est un ami de « Fumier », autrement dit Monnezza. L’homme prétend à qui veut l’entendre qu’il est désormais dans le droit chemin. Il a ouvert une gargotte au nom délicat de « Prout-Prout », dont la particularité est que le personnel et le patron balancent des insanités à la clientèle ! Monnezza vit avec une mégère obèse rêvant de devenir actrice, avec qui il a eu un bambin. Bien que jurant être un honnête homme, Monnezza donne des cours particuliers à une bande d’apprentis-délinquants en dehors des heures de travail. Il enseigne l’art de voler une montre, un portefeuille, sous l’égide de l’association qu’il a fièrement créé : la F.I.G.A. (Fédération Italienne de Grapillage Anti-violence). Si Monnezza est un bon professeur (il n’a pas perdu la main), ses élèves sont par contre complètement nuls, et ridicules dès qu’ils essaient de mettre en pratique les conseils de « Fumier ».
Ainsi résumé, on a le sentiment de se trouver face à un schéma narratif plutôt hétéroclite. Et c’est là que le bât blesse. Comme Monnezza ne s’implique pas directement dans les enquêtes de Ghini (Merenda et Milian ont peu de scènes ensemble), on a vite le sentiment d’assister à «un film dans le film » ; d’un côté un « poliziottescho » d’honnête facture, et de l’autre une comédie à l’italienne, une suite de sketches à dominante scatologique, d’un humour assez vulgaire qui n’a pas sa place dans un polar. Lorsque l’on sait que c’est Tomas Milian qui a fait lui-même ses dialogues, on peut supposer que le metteur en scène lui a donné carte blanche pour laisser libre cours à son imagination fertile.
Le résultat est à la fois surprenant et décevant, à la fois pour les fans de polars italiens et pour les amateurs de comédies « lourdingues ». L’EXECUTEUR VOUS SALUE BIEN est au final un produit hybride, déséquilibré, dans lequel Tomas Milian renonce à faire le clown dix minutes avant la fin du film, pour une confrontation finale dans un parking souterrain.
En fait, la meilleure scène comique n’est pas à mettre au crédit de Milian. Elle se rapporte à un dialogue entre Ghini et Carmen, sa fiancée. Le commissaire demande à son amie si elle préfère aller au cinéma et dîner ensuite, où l’inverse. Carmen n’est pas contre le fait de voir un film, à condition que ce soit :
« Un film marrant, pas un polar italien. »
Réponse de Ghini :
« Alors, pas de ciné ! »
Dont acte.


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- Article rédigé par : Philippe Chouvel

- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois

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