L’exorcisme

Un texte signé Stéphane Pretceille

Espagnol - 2011 - Manuel Carballo
Interprètes : Doug Bradley, Tommy Bastow, Stephen Billington

Jeune adolescente dans une famille vivant dans une banlieue près de Londres, Emma, subit comme des crises d’épilepsie et ait victime d’absences répétées. Après des examens à l’hôpital, ses parents de plus en plus impuissants, se résolvent, à la demande de leur fille, à demander l’aide d’un prête expérimenté dans les séances d’exorcisme. Au fil des confrontations entre ce dernier et Emma, le démon prend de plus en plus racine dans le corps de la jeune fille au point de la pousser à commettre des meurtres dans son entourage proche.

Dans la ligné des films d’exorciste, ce dernier avatar se concentre sur une famille moyenne anglaise, comment, poussée par une force démoniaque, une adolescente fait exploser une famille modèle, chacun se retrouvant désarmé, isolé face à l’irrationnel. Le film reprend la trame classique du cas d’exorcisme, sur cet aspect, on retrouve tous les motifs du genre : la voix d’outre-tombe, gutturale, les yeux révulsés, la lévitation, la révélation de secrets que la possédée ne pouvait connaître, le psychiatre dépassé par les événements, la manipulation… Le réalisateur, Manuel Carballo, déroule tous les codes attendus, en cela, le cahier des charges est respecté à la lettre au point que le film reste captif de ces clichés et ne parvient jamais à renouveler le genre, à proposer des pistes nouvelles. Pour accompagner ces séquences chocs d’exorciste, le réalisateur appuie sa mise en scène avec insistance, chaque apparition du démon dans le corps de cette pauvre adolescente, étant l’occasion de mettre en pratique des effets du style zoom arrière quand la porte se referme brutalement sur les cris inhumains d’Emma. Pas de bons films d’horreur sans une musique pour renforcer le cauchemar des personnages, celle-ci souffre aussi, à l’instar de la réalisation, d’être trop démonstrative et déjà entendue dans n’importe quelle série B.

Reste que le réalisateur a bien ficelé son produit, le canevas est usé jusqu’à la corde mais le spectacle est assuré avec soins. C’est avec une certaine cruauté que sont malmenés les personnages, le prête en charge de l’exorcisme a sa part d’ombre, ce qui recèle un retournement de situation assez inattendue (quoique un peu grotesque) et le sort réservé à la mère de l’adolescente est assez douloureux.

L’originalité du projet se caractère aussi par le traitement de l’exorcisme, la jeune fille, entre deux séances, continuant à mener sa vie d’adolescente, voyant ses amis, déjeunant avec sa famille alors même que tout le monde sait qu’elle est possédée par un démon qui prend plaisir à assassiner les être qu’elle aime. Il est assez étonnant, au vue des drames précédents, qu’elle puisse continuer à circuler librement. Ici, l’exorciste pouvant être vue comme une métaphore sur une crise carabinée d’adolescente (d’autant que cette dernière est en butte avec ses parents qui lui refusent d’aller en classe, préfèrent qu’elle prenne ses cours à la maison).

Il ne faut donc pas bouder son plaisir devant « L’EXORCISME », ne serait ce que parce que le film confirme à nouveau la place indétrônable de L’EXORCISTE de William FRIEDKIN (réalisé il y a maintenant plus de 40 ans !) au sommet de la terreur, au firmament des films qui n’ont pas pris une ride et continue à terroriser et à fasciner son public.


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- Article rédigé par : Stéphane Pretceille

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