L’Homme qui Rétrécit

Un texte signé Eric Escofier

USA - 1956 - Jack Arnold
Titres alternatifs : The Incredible Shrinking Man
Interprètes : Grant Williams, April Kent

Scott Carey passe une semaine de vacances sur son bateau en compagnie de son épouse Louise. Alors qu’elle va lui chercher une bouteille de bière, Scott est enveloppé par un brouillard bizarre qui lui laisse des gouttelettes phosphorescentes sur son corps! Six mois plus tard, il s’aperçoit que son pantalon est trop long ainsi que ses manches de chemises. Chez son docteur, il constate qu’il a perdu cinq kilos ainsi que trois centimètres. Au fil des jours, cette diminution continue si bien qu’après divers examens de radio, son docteur l’envoie à l’Institut de la Recherche Médicale. Là-bas, Scott subit toute une série de tests qui le conduiront à cette atroce vérité : il va devenir de plus en plus minuscule et par la suite, il devra affronter tout un monde hostile afin d’assurer sa survie.
Tourné aux studios Universal qui était le pôle d’attraction de tous les grands monstres, L’HOMME QUI RETRECIT était un nouveau genre cinématographique encore inconnu pour le producteur William Alland : le domaine de la science-fiction. Alland avait produit les deux volets de la CREATURE DU LAC NOIR réalisés par Arnold ainsi que TARANTULA. Après avoir étudié le projet, il accepte de financer l’œuvre de Jack Arnold en souhaitant produire un film commercial qui allait séduire le peuple américain. Pour cela, il s’entoure de Richard Matheson, auteur de nombreux scripts de la 4ème Dimension et du roman « Je suis une Légende » afin que celui-ci lui écrive un scénario convaincant. Matheson rédige un script simple mais efficace sur les méfaits de la radio-activité sur l’être humain. Ici notre héros Scott Carey va être cette incroyable homme minuscule qui va devenir aux yeux de ses semblables un nouvel objet de curiosité. Dans le film, la presse et la télévision vont le transformer en héros national sans se douter de l’énorme souffrance du protagoniste au beau milieu de tous ces “géants”. Avec une ingéniosité indéniable, Jack Arnold nous plonge dans un drame psychologique où Scott Carey va vivre un gigantesque cauchemar mais qui aboutira à une réflexion philosophique sur la place de l’être humain dans notre univers. Réduit à une taille lilliputienne, Scott Carey va vivre dans une maison de poupée mais devra affronter son propre chat qui le prend pour une vulgaire souris ! Se retrouvant dans sa cave, endroit qui fait partie de son cadre familial, celle-ci va devenir pour lui un lien de survie et de lutte constante. Une boîte d’allumettes lui servira d’abri douillet, un morceau de fromage prend la forme d’un bloc de pierre, une épingle sera une épée, une allumette une puissante torche et pour finir un morceau de cake sera une gigantesque montagne. Et puis il y a cette araignée qui défend son territoire et qu’il devra combattre et anéantir afin de survivre. On donna carte blanche à Jack Arnold pour réaliser son fil sauf que pour la séquence finale, il y eût un accrochage car l’Universal désirait terminer sur un happy-end et finalement Arnold réussit à imposer sa propre fin! Il y a dans le film de Jack Arnold cette réaction du héros face à sa femme, a son entourage! C’était très important de montrer les relations qui se désagrégeait dans le couple Scott Carey, relatant surtout l’agressivité de celui-ci face à sa terrible mutation, dont la science elle même était désarmée ! Côté effets spéciaux c’est l’équipe habituelle de Clifford Stine, Alenxander Golitzen, Roswell A. Hoffman et Robert Clatworthy qui furent les maîtres d’oeuvres de tous ces décors construits à l’échelle grandiose. Le seul souci du film fut la séquence où Scott Carey qui mesure à ce moment là 3 cm était confronté à une fuite du chauffe-eau. Le problème était de fabriquer des gouttes d’eau proportionnelles à sa taille. On testa beaucoup de choses, quand soudain Jack Arnold pensa à l’usage de préservatifs. Il s’en procura un, on le remplit d’eau et on le fit lâcher d’une bonne hauteur. Cela marcha. Il en commanda plus de mille et il installa une système de lancement au dessus de la boîte d’allumettes. Ce fut très efficace. Après le tournage, le service compatibilité demanda le pourquoi de cette dépense sur l’emploie d’une telle quantité de préservatifs. Arnold leur répondit qu’après le tournage, on avait donné une immense fête… L’HOMME QUI RETRECIT reste l’un des grands thèmes sur la métamorphose humaine où le héros infiniment petit doit assurer sa continuité dans un univers de géants. Un excellent film doté d’une immense réflexion sur le devenir de l’être humain face au péril des radiations nucléaires.


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- Article rédigé par : Eric Escofier

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