L’Indestructible

Un texte signé Philippe Chouvel

Etats-Unis - 1956 - Jack Pollexfen
Titres alternatifs : Indestructible Man, L'homme indestructible
Interprètes : Lon Chaney Jr, Max Showalter, Marian Carr, Ross Elliott, Stuart Randall, Ken Terrell

Charles Benton, criminel notoire, va être condamné à mort. Il s’est fait arrêté après un dernier forfait qui l’a vu dérober 600 000 dollars dans un fourgon blindé. Mais avant d’être pris par la police, Benton (surnommé « le Boucher ») a eu le temps de planquer le magot dans les égouts de Los Angeles. Transféré dans la prison de San Francisco, il reçoit la visite de son avocat, Paul Lowe. Ce dernier essaie de le convaincre de révéler l’emplacement de la cachette. En vain… Benton est exécuté. Mais son cadavre est dérobé, pour être conduit dans le laboratoire d’un scientifique peu scrupuleux, Bradshaw, obnubilé par ses travaux sur la régénération des cellules. Le savant avait besoin d’un cobaye humain pour parachever ses recherches, et il l’a enfin trouvé. Mais à trop vouloir jouer les apprentis sorciers, le sort se retourne contre vous, c’est bien connu. Bradshaw ramène Benton à la vie en lui envoyant une puissante décharge électrique. Après avoir éliminé Bradshaw et son assistant, le Boucher n’a plus qu’une idée en tête, se venger de ceux qui l’ont trahi, à savoir ses deux complices et le commanditaire du hold-up, qui n’est autre que son avocat. Devenu invulnérable à la suite du choc électrique, rien ne semble pouvoir arrêter Benton dans sa folie destructrice…
Réalisateur de seulement trois longs métrages, Jack Pollexfen (1908-2003) est surtout connu en tant que scénariste. Il a écrit pas mal de scénarios dans les années 1950, essentiellement pour des séries B, des films d’aventures et de science fiction, parmi lesquels THE MAN FROM PLANET X et THE NEANDERTHAL MAN. En 1956, il réalise donc cet INDESTRUCTIBLE MAN, un film à petit budget reposant avant tout sur le nom de son interprète principal : Lon Chaney Jr. Le fils de la star du cinéma muet devînt à son tour un acteur renommé dans les années 1940 grâce aux célèbres studios de la firme Universal. Tour à tour, LE LOUP-GAROU (1941), LE SPECTRE DE FRANKENSTEIN (1942), LA TOMBE DE LA MOMIE (1942), FRANKENSTEIN RENCONTRE LE LOUP-GAROU (1943) et SON OF DRACULA (1943) hisseront Lon Chaney Jr. au rang de star du cinéma fantastique, au même titre que Bela Lugosi, John Carradine ou Boris Karloff, avec qui il tournera régulièrement. Les années 1950 permettront à Lon Chaney Jr. de sortir du carcan des rôles de monstre et de montrer une palette différente de son talent, à travers des polars, des westerns et des drames. Dans la décennie suivante, on pourra voir encore l’acteur dans de très bons films d’horreur, comme par exemple LA MALEDICTION D’ARKHAM (1963), WITCHCRAFT (1964) et le délirant SPIDER BABY (1968).
L’INDESTRUCTIBLE n’est pas le rôle le plus reluisant de sa carrière, avouons-le. Ni le plus original, d’ailleurs. D’une certaine manière, cette histoire de criminel à la stature imposante ramené à la vie grâce à une machine mise au point par un savant rappelle fortement le thème de Frankenstein. De plus, la décharge électrique ressuscitant Benton le rend muet et incontrôlable. Le criminel, lors de son escapade, devient une bête traquée mue par la vengeance. Peut-être dans un souci de se détacher de cette trame fantastique lorgnant sur la créature imaginée par Mary Shelley, Pollexfen offre à son film un parfum de polar noir. Le ton est d’ailleurs donné dès l’ouverture, avec la voix-off du flic de service racontant l’histoire telle qu’il l’a vécue. Histoire d’en rajouter une couche, le scénario intègre l’indispensable « femme fatale », une stripteaseuse aux formes avantageuses, ex-maîtresse de Benton, convoitée par l’avocat marron, et dont le policier va tomber amoureux. Tous les clichés possibles sont exploités par le réalisateur abusant aussi, de façon récurrente, de gros plans sur le visage d’un Lon Chaney Jr. grimaçant afin d’exprimer la détresse et la folie.
Résultat : le scénario prévisible, cumulé au policier-narrateur indiquant à l’avance les événements à suivre, aboutit à une histoire linéaire sans la moindre surprise. Le spectateur voit donc l’intrigue se dérouler devant lui, sans réelle émotion. Le seul intérêt subsistant consiste alors à savoir de quelle manière « l’indestructible » pourra être détruit.
A part cela, force est de reconnaître que les protagonistes de cette œuvre que l’on peut qualifier de mineure ne semblent pas très convaincus, et ils traversent le film en étant quasi transparents (seul Lon Chaney Jr. « fait le boulot », en définitive). Max Showalter, dans le rôle du flic, eut la chance de croiser Marilyn Monroe en deux occasions puisqu’il joua dans NIAGARA et BUS STOP. Quant à la pin-up (la stripteaseuse que l’on ne verra pas un seul instant, hélas, dans l’exercice de sa profession), elle est interprétée par la jolie Marian Carr, dont le seul titre notable demeure son rôle dans EN QUATRIEME VITESSE, de Robert Aldrich.
Le reste du casting est composé de seconds couteaux vus, pour beaucoup d’entre eux, dans diverses séries B fantastiques. C’est le cas de Ross Elliott (TARANTULA), Ken Terrell (LE CERVEAU DE LA PLANETE AROUS), Marjorie Stapp (KRONOS) ou encore Robert Shayne (HOW TO MAKE A MONSTER). Mais dans la longue liste de ce genre de films tels que les Etats-Unis en produisirent à cette époque, nul doute que L’INDESTRUCTIBLE ne figure pas dans le haut du panier.


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- Article rédigé par : Philippe Chouvel

- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois

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