Lorelei

Un texte signé André Quintaine

Japon - 2005 - Shinji Higuchi
Titres alternatifs : The Witch of the Pacific Ocean
Interprètes : Kôji Yakusho, Satoshi Tsumabuki, Toshirô Yanagiba, Yu Kashii, Shin’ichi Tsutsumi

Shinji Higuchi, le réalisateur de LORELEI, vient du monde des effets spéciaux. Il a œuvré pour des Gamera et des Godzilla, et, dernièrement, sur CASSHERN.
Avec LORELEI, il nous offre un film qui promet beaucoup justement dans ce domaine.
Alors que la première bombe atomique vient de tomber sur Hiroshima, les autorités japonaises redoutent que les Américains n’en aient d’autres et qu’ils décident d’en envoyer une sur une seconde ville japonaise. Ils décident de se servir de la Lorelei pour contrer une éventuelle attaque américaine. La Lorelei est un sous-marin offert par les Allemands. Il ne s’agit pas de n’importe quel sous-marin car il est doté des dernières avancées technologiques issues des recherches nazies.
On peut reprocher beaucoup de choses au cinéma français, il n’empêche que jamais notre cinéma subventionné n’a fait dans le patriotisme à outrance. Les mauvaises langues diront que c’est parce que les Français n’ont pas d’esprit patriotique et ils auront sans doute raison. Un film comme LORELEI ne pourrait pas voir le jour chez nous et même les Américains ont à apprendre des Nippons dans ce domaine. Préparent-ils leur jeunesse à aller affronter la Chine ou la Corée ? Ou plutôt, cherchent-ils à racheter leur honneur perdu à la suite de leur défaite au milieu des années 40… ? On pourrait presque le croire en regardant LORELEI.
Le héros est Kôji Yakusho que l’on a déjà vu de nombreuses fois et plus particulièrement dans les films de Kiyoshi Kurosawa puisqu’il est l’un de ses acteurs fétiches. Kôji Yakusho interprète le commandant du sous-marin allemand, un militaire qui a la réputation d’être un lâche car il a refusé de devenir kamikaze. Tout le long du film se posera la question de savoir ce qu’est le courage et la réponse est finalement donnée à la fin lorsque Kôji Yakusho revient sur son opinion concernant les kamikazes et on peut penser que LORELEI glorifie la notion de sacrifice pour son pays.
Après un début plutôt agréable et rythmé, la suite se divise en trois temps. Dans la première partie, une jeune fille fait irruption dans le sous-marin et une idylle naît entre elle et l’un des marins. C’est dans la seconde partie que le patriotisme fait du zèle avec une belle musique qui appuie les élans de courage de nos soldats prêts à donner leur vie pour leur pays. La dernière partie montre le sous-marin attaquer une flotte de destroyers américains. C’est le meilleur moment d’un film qui a quand même l’honnêteté de récompenser ceux qui sont restés jusqu’au bout. Le plan final est assez rigolo aussi puisque l’on y voit les dizaines de destroyers s’unir et tirer tous ensemble sur le pauvre petit sous-marin japonais… Petit oui, mais bardé de soldats japonais courageux prêts à tout donner pour leur pays, vive le Japon ! A force, on s’emballe aussi…
LORELEI est une sorte de version « arcade » du BATEAU, comme on dirait dans les jeux vidéo. Il n’est pas question de simuler le réalisme ici. Le sous-marin s’échoue avec fracas au fond de l’océan mais il n’y a presque aucun signe de l’accident à l’intérieur. De même, la pression au fond de l’eau… connaît pas !
Il y a quand même une petite idée intéressante que l’on trouve dans le film et qui n’est pas piquée des hannetons. Certes, les scénaristes ne l’ont sûrement pas fait exprès mais elle est quand même très amusante. LORELEI raconte que les Américains s’apprêtaient à balancer une bombe atomique sur Tokyo et que c’est donc ce fameux sous-marin qui les en a empêché. On peut donc en conclure que les millions d’habitants de Tokyo doivent leur vie à un produit de la technologie nazie, testé et expérimenté en camp de concentration. Quelque part, LORELEI reconnaît donc l’utilité du travail des scientifiques allemands… De leurs tombes, ils vous remercient petits Nippons…


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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