Lunchbox

Un texte signé Tom Flener

Japon - 2004 - Shinji Imaoka
Interprètes : Yumika Hayashi, Mutsuo Yoshioka, Lemon Hanazawa

Aiko (Yumika Hayashi) travaille dans un bowling. Vivant seule, elle a une aventure avec son patron jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse du facteur Yoshio (Mutsuo Yoshioka). Aiko est muette. En réalité, elle ne parvient à montrer son affection qu’à travers des repas qu’elle offre à Yoshio et à travers le sexe. Lorsque Yoshio décide de rompre avec elle pour sortir avec sa collègue de travail, Aiko n’arrive pas à accepter l’abandon.
Bien qu’issu du genre des pinku eiga, LUNCHBOX ne peut pas être considéré comme un pur film de sexe. Comme beaucoup de ses collègues, Shinji Imaoka veut commenter, voire critiquer, la société japonaise sous le déguisement d’un simple produit érotique. Ainsi, Aiko évolue dans une société dans laquelle elle n’a pas voix au chapitre et qui ne lui permet pas d’exprimer, et encore moins de défendre, son point de vue. A ce titre, aucun des hommes peuplant la vie de Aiko n’accepte un « non » de sa part et ils ont l’habitude d’avoir exactement ce qu’ils veulent. Si les scènes érotiques sont bien sûr présentes, elles servent cependant moins à titiller qu’à présenter la réaction d’Aiko face à ses différents amants au cours de l’intrigue.
En faisant d’Aiko une femme muette, le metteur en scène prend bien sûr un risque, et ce n’est pas forcément un pari gagné. Bien que Yumika Hayashi soit assez compétente comme actrice, le spectateur ne peut pas facilement s’identifier à son personnage. Le jeu de Yumika Hayashi reste assez discret, voire subtil et son personnage s’exprime par des gestes qui peut-être ont plus de signification pour un public japonais que pour le spectateur occidental. Malheureusement, faute de complètement comprendre certaines motivations d’Aiko, l’identification avec son personnage s’avère assez difficile.
Les autres personnages (à l’exception de Yoshio) restent au service de l’actrice principale, et si les acteurs ne se voient pas dépassés par la tâche, leur jeu n’aura finalement rien d’exceptionnel.
Yumika Hayashi nous présente son histoire à travers des images tranquilles, simples, dépourvues de tout excès. Si l’on peut comprendre les motivations derrière cette démarche, le film présente quelques longueurs. En outre, l’absence de toute musique peut en déconcerter plus d’un. Néanmoins, avec une longueur d’à peine plus de 65 minutes, le film n’a pas le temps de devenir ennuyeux. A la vue du dernier quart d’heure, on peut néanmoins regretter que Shinji Imaoka n’ait pas pris plus de risques dans la mise en scène. En effet, le sujet de la désintégration mentale se prêterait à une mise en scène autrement plus inventive.
Finalement, LUNCHBOX résiste aisément à une première vision mais s’avère finalement être un produit mineur dans le genre. Parce qu’il peut frustrer à cause de ses possibilités ratées, il reste à voir pour les seuls complétistes du genre.


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- Article rédigé par : Tom Flener

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