Lust in the dust

Un texte signé Alexandre Thevenot

USA - 1985 - Paul Bartel
Interprètes : Tab Hunter, Divine, Lainie Kazan, Geoffrey Lewis, Henry Silva....

Dix ans ont passé depuis le célèbre et culte LA COURSE A LA MORT DE L’AN 2000. En 1985, Paul Bartel sort LUST IN THE DUST, un hommage aux westerns, en forme de comédie décomplexée et déjantée, à l’image de l’univers qu’il a su bâtir. Le titre, qui signifie littéralement « Luxure dans la souillure », décrit plutôt bien l’atmosphère générale du film, c’est à dire une ambiance jamais très sérieuse, toujours aux frontières de la pure comédie et de la satire.
L’histoire prend place en 1884 dans un petit village du Mexique en pleine ruée vers l’or. Les différents protagonistes se battent pour reconstituer une carte dont les deux morceaux sont tatoués sur les postérieurs de deux femmes. Cette carte indique l’emplacement de richesses inestimables que tous convoitent.

Le film ne cherche jamais à dévier sa trame narrative vers quelque chose de moins conventionnel. Nous avons ici affaire à une simple et classique chasse au trésor. Comme dans beaucoup de western, la quête se met en place et les différents protagonistes vont devoir surmonter les embûches : antagonismes, alliances, duels, coups bas, divergences de buts…

L’œuvre se démarque du tout venant par ses portraits par le ton général de l’ensemble. L’action s’efface au profit de dialogues qui servent de moteur du récit. Contrairement à d’autres films de Paul Bartel, LUST IN THE DUST s’apprécie par sa légèreté de ton, qui ne va beaucoup plus loin que la parodie et l’hommage au genre. Il n’y a rien de politique qui ressort, juste le plaisir d’un western atypique.

C’est en construisant et décrivant les relations entre les personnages que le réalisateur parvient à désacraliser le mythe du western. Succession de scènes délirantes où les personnages prennent toujours part à des situations aussi embarrassantes que cocasses, LUST IN THE DUST s’amuse constamment à déjouer les codes du genre en le tirant vers le bas. L’humour y est toujours gras, porté essentiellement sur le sexe ou les problèmes personnels de chaque personnage. Ces derniers se définissent d’ailleurs par leur apparence et surtout par leur force de caractère. C’est sur eux que repose toute la force du film. Il est difficile à ce titre d’oublier la prestation de Divine en Rosie, un travesti danseuse de saloon à la fesse tatouée d’une moitié de la carte. On retiendra tout autant ce cow-boy solitaire incarné par Tab Hunter, caricature du personnage joué par Clint Eastwood dans la trilogie du dollar de Sergio Leone. Aux bavardages incessants de Rosie s’opposent le mutisme et le mystère du cow-boy. L’excès se marque jusqu’à la patronne du saloon, également danseuse à fort caractère qui se voit concurrencée par Rosie ou à ce curé dont la première préoccupation est bien moins de servir Dieu que d’attendre que les autres agissent pour s’emparer du trésor.

Les codes du western sont remplacés par des moments baroques où s’exprime pleinement l’univers si curieux et déjanté de Paul Bartel. Ainsi de de la séquence de la danse où la patronne du bar et Rosie se livrent une sorte d’affrontement de performance artistique (chant et danse) lors d’une soirée où tout les oppose. Le traditionnel duel est remplacé par cet « affrontement », les pistolets s’effacent au profit des personnages et de leur manière d’être. Cela convient bien au réalisateur et à la trajectoire de son œuvre qui a toujours su montrer et faire ressortir l’humain. De telles préoccupations l’empêche de livrer un western américain, où l’aspect patriotique prévaut souvent, ni un western spaghetti qui explore au contraire l’inhumanité d’un monde en pleine déchéance. Il ne lui restait donc que la comédie pour développer ses thématiques habituelles.

Comédie doublée d’une parodie/hommage aux deux grands genres du western LUST IN THE DUST est un film divertissant et intéressant à plus d’un titre. Sa durée relativement courte, qui sied bien au contexte de production, lui permet constamment de gagner en rythme et en efficacité.


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- Article rédigé par : Alexandre Thevenot

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