LZR-1143 Tome 1 : Contamination

Un texte signé Patryck Ficini

CONTAMINATION est le premier tome d‘une trilogie littéraire de zombies, LZR-1143. Traduit hyper efficacement par le spécialiste Julien Bétan (auteur aux Moutons Electriques de ZOMBIES, justement, et EXTREME, deux études brillantes sur le cinéma qui tâche dont on a déjà parlé ici), cet assez gros bouquin d’horreur est signé Bryan James, un illustre inconnu dont ce serait le premier roman. Possible, en tout cas, le bougre se défend comme un vieux pro de l’écriture. Sans génie aucun cependant, il maîtrise parfaitement les ficelles de la narration de genre.
Une ancienne star de films d’action (plus Staham ou Van Damme que Schwarzenegger ou Stallone) se retrouve dans un asile psychiatrique après le meurtre de sa femme, dont il ne se souvient pas. Il s’en évade (bel hommage à une scène célèbre de L’ANTRE DE LA FOLIE) alors qu’une invasion de zombies déferle sur les Etats-Unis. Du jour au lendemain, le monde qu’il a connu se retrouve plongé dans le chaos et la violence. Tout n’est que ruines et désolation. Mike et ses compagnons d’infortune parviendront-ils à survivre dans ce tout nouvel univers post-apocalyptique ? Maigre suspense heureusement compensé par l’interrogation portant sur la prétendue culpabilité de la vedette, ainsi que sur la découverte de l’origine des morts-vivants évidemment cannibales et agressifs. Les deux sont peut-être liés.
CONTAMINATION, soyons clairs d’emblée, n’a rien d’original dans le traitement du grand thème à la mode en ce moment. Démarrée il y a quelques années avec des films comme L’ARMEE DES MORTS, RESIDENT EVIL, 28 JOURS PLUS TARD ou les derniers Romero , la nouvelle vague du phénomène a trouvé un sursaut récent avec le beau succès de WALKING DEAD, le comics de Robert Kirkman et, surtout, la série T.V.
Le label Eclipse des éditions Panini a décidé d’explorer le genre sur son versant littéraire, principalement à travers des oeuvres américaines et espagnoles. Pourquoi pas ? On pouvait jusque-là déplorer le manque de romans-zombies… à se mettre sous la dent. Même si c’est une fois de plus Bragelonne, avec son label Milady, qui ouvert le bal avec les romans de David Wellington dès 2010.
Nous disions que CONTAMINATION, quoiqu’extrêmement bien fait, ne possédait pour seule originalité que son côté JCVD. Il est en effet très drôle de voir Mike, star déchue, sans cesse reconnu par les survivants qu’il croise dans son périple. On lui demande même de réciter sa réplique fétiche, son « I’ll be back » à lui. C’est drôle et jamais trop lourd, contre toute attente. D’ailleurs, malgré des dialogues souvent pleins d’humour, CONTAMINATION n’est ni une parodie ni un roman comique. Les scènes d’action et d’horreur sont fortes, violentes et aussi variées que le genre l’autorise, dans des décors aussi différents que possible (avec bien sûr un classique supermarché romerien). Un peu d’émotion perce même ici ou là.
Contrairement au travail d’un David Wellington sur sa propre trilogie zombie, souvent original, CONTAMINATION surprend donc très peu. Ce qui le rend attachant et sympathique, c’est l’évidente (bonne) volonté de l’auteur à procurer au lecteur le même plaisir qu’il a de toute évidence pris à l’écrire.
Le doute constant, entretenu chez Mike par une petite voix intérieure, sur la santé mentale du héros fonctionne en revanche assez peu. C’est peut-être une fausse bonne idée qui évoque trop un très célèbre épisode de BUFFY CONTRE LES VAMPIRES, plutôt génial, et un moins connu épisode du fumetto JOHN DOE, qui l’était déjà moins (génial).
Et si tout cela n’était qu’une vaste invention, mise en scène par l’esprit malade et égocentrique d’un pauvre dingue ? Ce n’est évidemment pas à nous de répondre à cette question.
Le final voit Mike et son amie psychiatre (un personnage assez raté, trop vulgaire et agressif, dont notre héros tombe malgré tout inévitablement amoureux) lutter contre un savant fou peut-être à l’origine du fléau zombie, pour d’obscurs motifs religieux. Pourquoi pas ? Cette fin s’avère assez réjouissante puisqu’elle replonge le roman dans le pulp le plus pur, dont le genre aurait peut-être gagné à ne jamais sortir. Encore que l’on pourrait en discuter.
Ce qui est intéressant avec le genre zombie, c’est qu’il mêle souvent, comme ici, le post-apocalyptique et l’horreur. On peut peut-être regretter quand même qu’il emprunte trop souvent les oripeaux de la science-fiction et rarement ceux, pourtant largement aussi seyants, du fantastique d’où le mythe est pourtant issu (le vaudou). L’école Romero a davantage pris racine que celle de Lucio Fulci, pourtant tout aussi séduisante. Et infiniment plus surnaturelle et délirante.
Et si Panini Books nous en dénichait un, de « Fulci-like » ?


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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