Macabro

Un texte signé Patryck Ficini

Italie - 1980 - Lamberto Bava
Interprètes : Bernice Stegers, Stanko Molnar, Roberto Posse

Une jeune femme ne peut supporter l’horrible décès de l’amour de sa vie et sombre dans la folie nécrophile la plus totale…
Avec BLUE HOLOCAUST, de Joe D’Amato, MACABRO est asssurément l’un des précurseurs les plus fameux des NECROMANTIK allemands de Jörg Buttgereit. MACABRO est aussi la première réalisation en solo de Lamberto Bava. Si nombre de critiques ont parfois prétendu qu’il s’agissait aussi de son seul bon film, c’est là un jugement très exagéré. Dans le giallo ( BODY PUZZLE), dans le gore (DEMONS 1 et 2) ou dans le film d’action (BLASTFIGHTER), Bava a signé autant d’indéniables réussites. Au bout du compte, Bava junior a construit une oeuvre attachante, qui se poursuit encore aujourd’hui comme le prouve THE TORTURER, étonnant petit film de tortures. Au fond son seul tort a été d’être le fils d’un génie. Ce que certains ne lui on pas pardonné.
MACABRO, en 10 minutes, fait très fort, avec un infanticide traumatisant, lorsqu’une gamine délaissée par sa mère noie brutalement son petit frère dans une baignoire. Le petit ami de la mère meurt ensuite horriblement dans un accident de voiture, ce qui la plonge dans la folie.
On la retrouve un an plus tard, toujours aussi amoureuse du mort. Elle conserve ainsi des objets de lui sur un petit autel et, pire encore, des parties de son corps ! Ainsi, un lobe d’oreille arraché et, carrément, sa tête à demi putréfiée cachée dans un congélateur… Dieu seul sait comment elle a pu se les procurer, mais quelle importance ? L’aveugle qui vit à l’étage au-dessous entend ses cris de jouissance, comme lorsqu’elle venait là faire l’amour avec son amant, ce qui ne lasse pas de l’étonner et le conduit vite à mener sa petite enquête. Et, bien sûr, la curiosité est un vilain défaut…
MACABRO est avant tout un film d’atmosphère, glauque, lent, à la réalisation très soignée et élégante. La plongée dans la démence est digne de PSYCHOSE. Ceci notamment grâce à Bernice Stegers, extrêmement douée dans ce rôle délicat de nécrophile sensuelle. A bien y réfléchir, difficile de trouver des défauts à MACABRO. Les autres acteurs sont fort bons aussi et le scénario en partie écrit par Pupi Avati est vraiment excellent.
La scène où la femme embrasse langoureusement la tête tranchée de son amour est répugnante, d’un érotisme craspec. Elle anticipe profondément les ébats érotiques mis en scène par Buttgereit des années plus tard. Il parait évident que le film ne lui fut pas indifférent…
MACABRO, même si cela peut étonner voire choquer certains, est profondément romantique. Il parle d’un amour inaltérable, qui survit même à la mort. Un amour sans fin comme les jeunes filles en fleur abreuvées d’Harlequin n’osent même en imaginer dans leurs songes les plus fous. Peut-être au fond est-cela, le vrai romantisme, bien éloigné d’un prosaïque dîner aux chandelles…
Le final dont le rythme s’emballe est aussi costaud que le reste. La fillette est étranglée et noyée à son tour dans la baignoir qui a vu la mort de son frère (la scène apporte un écho au premier meurtre), la tueuse nécrophile meurt le visage grillé dans un four et… La surprise finale inventée par Lamberto Bava en est vraiment une. Cette chute apporte même un nouvel éclairage au film entier.
MACABRO, qu’on le veuille ou non, par ses excès mêmes, est une forme de love-story ultime.


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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