Maciste contre les hommes de pierre

Un texte signé Alexandre Thevenot

Italie - 1964 - Giacomo Gentilomo
Titres alternatifs : Maciste e la regina di Samar
Interprètes : Sergio Ciani, Jany Clair, Anna Maria Polani...

Les hommes de la lune sont descendus sur la terre et attendent la conjonction parfaite des astres avec l’accord de Samara, une terrienne tyrannique et avide de pouvoir, dans le but de réveiller leur maîtresse, qui est une sorte de divinité dont ils attendent le réveil. Dans la ville, ça jase pas mal sur ces ennemis venus de l’espace qui terrorisent la population et l’obligent à offrir en sacrifice des jeunes femmes. Certains veulent se rebeller notamment sous la direction d’un intendant. Leur action s’oppose très vite à Samara dont le double jeu montre rapidement qu’elle ne veut pas le bien de son peuple. Le dernier recours possible sera alors porté sur un homme surpuissant dont la renommée n’est plus à faire : et oui, Maciste.

Réalisé par Giacomo Gentilomo (déjà auteur de films pseudo-historiques comme LE CHEVALIER BLANC ou du peplum MACISTE CONTRE LES FANTÔMES) en 1964, MACISTE CONTRE LES HOMMES DE PIERRE est un film qui porte le péplum aux frontières du fantastique en confrontant notre héros musclé à des sortes de sélénites très minéraux. On sent tout de suite devant cette histoire un peu extravagante que le péplum n’est pas à son meilleur jour. En 1964, il est en pleine dégénérescence et le genre va peu à peu laisser sa place aux westerns. Les scénaristes doivent trouver de nouvelles idées pour rendre ce type de films intéressant. Si cela peut paraître incongru parfois, les rendus possèdent un certain charme et c’est indéniablement le cas pour MACISTE CONTRE LES HOMMES DE PIERRE.

Maciste est interprété par Sergio Ciani, l’un des rares interprètes italiens de nos « super-héros » antiques, et il est plutôt convaincant dans son rôle alternant des séquences où priment une sorte de fausse sensibilité et des passages d’action. Le héros reste très minimaliste tout de même. Aucune psychologie ; il n’a pas d’avis, il est sans opinion. Il parcourt le film et met sa carrure à la disposition du Bien. Une scène particulièrement marquante et ambiguë est celle où il doit parler sous la torture. Un engin terrible surmonté de pointes doit se refermer sur lui, et il résiste. La séquence assez longue superpose la résistance physique à la résistance mentale avec pour but l’assujettissement de Maciste. Le décor caverneux est quasiment tout droit sorti d’un film gothique où le fantasme de la violence ainsi montré fait éclater les désirs les plus ardents des personnages.

Cette esthétique quasi gothique est prolongée par moments tout au long du film et se dévoile pleinement à la fin pour simuler un climat de fin des temps. On retrouve là des couleurs et des délires picturaux baroques que le cinéma de genre italien apprécie vraiment : teinte bleue et rouge, effet de fumée, atmosphère nocturne, etc. De même, l’idée que les hommes de la lune doivent réanimer leur maîtresse évoque ces films gothiques où le personnage féminin, toujours très beau, s’évanouit, s’endort face à un danger terrifiant. C’est de ce climat qui témoigne d’un mélange des genres que MACISTE CONTRE LES HOMMES DE PIERRE tire sa singularité.

S’ajoute à cela que les moyens du film semblent très minimaux. Les effets spéciaux ont aujourd’hui très mal vieilli avec des hommes de pierre assez statiques, et on sent que le réalisateur a fait de son mieux en palliant aux effets médiocres non sans charme cependant, par une mise en scène efficace, pour en faire une histoire sans trop de temps morts. En effet, si on oublie une ascension finale un peu longue quand Maciste gravit la montagne de la mort, le film est ponctué de péripéties en combats et pièges en tous genres et de retournements de situation par des trahisons et des ruses. Cela fait qu’on ne s’ennuie jamais, et c’est là un point très positif.

Pour conclure, MACISTE CONTRE LES HOMMES DE PIERRE n’est certainement pas le meilleur péplum de sa génération. Cependant, ses faiblesses souvent évoquées par les fans de nanars sont loin d’être déshonorantes. Le film remplit bien son contrat avec une action presque ininterrompue. Le mélange des genres, même s’il est un peu kitsch donne une identité sympathique à l’œuvre.


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- Article rédigé par : Alexandre Thevenot

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