Maciste dans les mines du Roi Salomon

Un texte signé Alexandre Lecouffe

Italie - 1964 - Piero Regnoli
Titres alternatifs : Maciste nelle miniere di Re Salomone
Interprètes : Reg Park, Wandisa Guida, Eleonora Bianchi

Héros cinématographique récurrent du péplum italien, le colosse Maciste apparaît pour la première fois en 1914 dans le film CABIRIA de Giovanni Pastrone puis régulièrement jusqu’au début des années 30. Lors du second âge d’or du péplum (1953-1965), on retrouve le surhomme dans plus de vingt cinq aventures, des plus classiques (LE GEANT DE LA VALLEE DES ROIS, Carlo Campogalliani, 1960) aux plus abracadabrantes (MACISTE CONTRE ZORRO de Umberto Lenzi, 1964). Pour la seule année 1964, six films le voient triompher du Mal par la seule force de ses muscles (il faut dire que Maciste n’est pas un intellectuel, il parle peu et ne s’intéresse pas aux femmes…) mais l’année suivante marque sa disparition définitive des écrans si l’on ne tient pas compte des « Maciste » érotiques tournés par Jess Franco dans les années 70 (LES EXPLOITS EROTIQUES DE MACISTE DANS L’ATLANTIDE, 1973). MACISTE DANS LES MINES DU ROI SALOMON est dû à Piero Regnoli, prolifique scénariste du cinéma populaire italien (LES VAMPIRES, 1956 de Riccardo Freda), réalisateur d’un petit film d’épouvante (DES FILLES POUR UN VAMPIRE, 1960) et de quelques bandes d’aventure oubliées (L’EPERVIER DES CARAIBES, 1963). Maciste a ici les traits du culturiste Reg Park dont la carrière au cinéma se résume à cinq films (dont le remarquable HERCULE A LA CONQUETE DE L’ATLANTIDE de Vittorio Cottafavi, 1961) et qui fut le proche et le mentor d’Arnold Schwarzenegger.
Namar, le sage roi d’une cité perdue d’Afrique où se trouvent les anciennes mines d’or du roi Salomon, décide de fermer l’accès de ces dernières afin de mettre un terme à la convoitise que le précieux métal pourrait déclencher. Mais le ministre félon Riad renverse le monarque éclairé avec l’aide d’une bande de pillards menée par la cruelle Fazira et asservit le peuple qui doit travailler à l’extraction de l’or. Maciste intervient alors mais après avoir sauvé Vazma, l’héritier du trône, il se retrouve « envoûté » par Fazira : rendu amnésique et sans volonté, il devient un esclave travaillant dans les mines d’or. Comment parviendra-t-il à rompre le maléfice et à rétablir la justice et le Bien ?
Mélange plutôt plaisant de film antique et de film de jungle (un bon tiers de l’action se déroule dans le village d’une tribu africaine très accueillante opprimée par les méchants Blancs de la Cité d’or), MACISTE DANS LES MINES DU ROI SALOMON a tout de la petite série B d’aventure soignée (beau scope couleurs mettant bien en valeur décors et figurants) mais hélas sans surprise pour ne pas dire routinière. L’intrigue ultra-conventionnelle a beau se doter d’un rebondissement narratif plutôt imprévu (Maciste envoûté par Fazira est contraint de mettre sa force proverbiale au service du Mal), le spectateur garde une longueur d’avance sur le fil des événements. Les personnages principaux sont extrêmement stéréotypés, ce qui laisse peu de place à d’éventuels retournements de situation, à l’image de Riad (Elio Jotta, LE SPECTRE DU DR HICHCOCK de Riccardo Freda, 1964) que son faciès d’aigle désigne dès le départ comme le traître. Fazira (Wandisa Guida, LES GEANTS DE ROME de Antonio Margheriti, 1964) son alliée sans scrupule n’a pas la dimension sulfureuse et érotique qu’elle aurait dû avoir : celle qui va tenter de séduire Maciste avant de l’asservir manque de charisme et de densité. On pourra néanmoins apprécier l’effort du réalisateur pour varier les différentes formes de tortures auxquelles sont soumis les héros : Maciste, prisonnier d’une cage et écartelé tandis que des pointes d’acier menacent de le transpercer ; l’innocente Samara (Eleonora Bianchi, ERIK LE VIKING de Mario Caiano, 1965) soumise à la question dans une scène qui flirte avec l’épouvante gothique ou celle dans laquelle de l’or fondu doit être déversé sur des innocents (clin d’œil à GOLDFINGER de Guy Hamilton, sorti la même année ?). Cela peut paraître bien mince et ce ne sont pas les « exploits » de Maciste qui pourront apporter force ou originalité au film, tout au plus peut-on gentiment sourire à son combat contre une lionne visiblement endormie ou à ses soulevés de statues et de rochers en polystyrène. Le fait que notre héros soit, durant un bon tiers de l’action, réduit à un état « mécanique » accentue encore l’aspect monolithique du personnage, ce qui convient tout à fait à Maciste qui n’est autre qu’un « instrument » de Dieu au service du Bien mais également à Reg Park dont le jeu d’acteur est des plus limité. Au final, ces avant-dernières aventures du colosse italien sont divertissantes, jamais ennuyeuses (ce qui est déjà beaucoup) mais il y manque le lyrisme visuel et le grain de folie qui rendent certains petits péplums délectables ou incontournables près de cinquante ans après leur réalisation.


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- Article rédigé par : Alexandre Lecouffe

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