Mädchen Im Nachtverkehr
Trois jeunes femmes font des représentations théâtrales très sensuelles ensemble, ou se prostituent séparément, partageant les revenus pour continuer à vivre et à s’amuser toutes les trois. Elles se racontent leurs expériences, tout en se caressant, mais l’une d’elle finit par disparaître, déclenchant une série d’événement potentiellement tragiques.
La même année qu’IM 80 BETTEN UM DIE WELT, Jess Franco se penche sur un autre porno onirico-sexy tourné en Suisse, lui aussi avec la belle Esther Mauser. Jess Franco, réalisateur extrêmement connu dans le monde du bis, s’est surtout occupé de films à l’ambiance horrifique, teintée d’une bonne dose sexy. Il a cependant réalisé des comédies beaucoup plus légères, mais toujours animées par des jeunes femmes dénudées (CELESTINE… BONNE A TOUT FAIRE, avec l’inoubliable Lina Romay) mais, à l’occasion, il a aussi abandonné l’érotisme soft pour aller plus loin, plongeant dans le porno hard.
MÄDCHEN IM NACHTVERKEHR entretient plusieurs rapports avec IM 80 BETTEN UM DIE WELT. Ici aussi, le film est composé de scénettes, reliées entre-elles, non pas par l’hôtesse Esther Moser, mais par les récits des jeunes femmes, la sublime Esther étant aidée de deux autres jeunes femmes à la plastique délicieuse. Cependant, encore une fois, nous sommes loin des beautés préfabriquées des gonzo actuels, et découvrons des actrices très belles mais plutôt natures, avec des défauts, mais qui ne font que magnifier leur authenticité. Et ici aussi, le réalisateur cherche à multiplier les ambiances, plongeant parfois dans un surréalisme des plus étrange.
Le film nous dévoile dès les premières minutes les trois beautés qui vont faire frissonner les spectateurs. Elles s’éveillent, nues et emmêlées, dans un immense lit. Elles se racontent leur soirée, durant lesquelles elles se sont prostituées, l’occasion de découvrir plusieurs ambiances étranges, l’une d’elle se retrouvant à faire l’amour dans un cercueil, par exemple. Comme pour IM 80 BETTEN UM DIE WELT, les séquences hard avec des amants masculins n’émoustillent pas particulièrement, étant vites expédiées, et filmée sans inventivité. Cependant, quand l’un d’entre-eux ne veut surtout pas être touché (quand sa maîtresse d’un soir s’y essaie, le film devient comédie et fait sourire), c’est l’occasion d’assister à une séquence d’onanisme des plus délicieuse et qui mérite grandement le détour.
Leur récit terminé, les trois jeunes femmes s’amusent ensemble, que ce soit dans le grand lit (les voir déguster une banane en préliminaire reste assez inoubliable) ou durant une pièce de théâtre qui multiplie les changements de ton, entre comédie, érotisme moite, onirisme déstabilisant et kitsch assumé, ainsi qu’une dose de sado-masochisme intéressante. Cette séquence est, quelque part, le point d’orgue du film, longue scène plutôt maîtrisée et des plus étrange, qui se révèle, aussi, être le moment de rupture du récit. C’est en effet durant ce spectacle dans le film que l’une d’elles se fera enlever.
Cet acte, qui donne sens au titre du film, fait basculer, légèrement, MÄDCHEN IM NACHTVERKEHR dans une ambiance plus glauque, malsaine, mais qui ne le restera pas longtemps, le film se concluant abruptement avec les retrouvailles des trois jeunes femmes, un peu comme si cette partie du récit n’était qu’un prétexte. A moins que, pour elles tout ne peut qu’aller, du moment que les demoiselles sont ensembles, comme le prouve la conclusion presque comédie de l’oeuvre.
MÄDCHEN IM NACHTVERKEHR est donc un film étrange mais qui mérite le détour, entre ambiances déstabilisante et porno saphique intéressant, et qui ne peut que plaire aux amateurs.
