Man-Thing

Un texte signé André Cote

USA - 2005 - Brett Leonard
Interprètes : Matthew Le Nenez, Rachael Taylor, Jack Thompson, Rawiri Paratene, Alex O'Loughlin...

Une petite ville lovée au bord d’un marais devient le théâtre d’événements mystérieux. Des disparitions se multiplient et les corps sont retrouvés démembrés. Bien que fraîchement débarqué, le shérif Kyle Williams va vite mettre à jour les manigances d’une société de produits chimiques et découvrir l’existence de la créature qui hante les marais : le Man-Thing.
Les adaptations de comics se suivent et ne se ressemblent pas forcément. Tout d’abord célèbre pour les super-héros Spider-man, X-men ou Iron Man, le patrimoine de la société Marvel Comics comporte également bon nombre de créations moins populaires comme ce Man-Thing. Créée en 1971, Man-Thing est une créature mi-végétale mi-animale, fruit d’expériences ayant (refrain connu) mal tourné. Son concept est plus proche de Hulk que de Captain America puisque les aventures empruntent la structure du « récit de monstre » et non du « super-héros ». En effet, la créature est vite considérée en paria, en légende populaire et non pas en modèle.
Ainsi, le récit dénote de la majorité des productions estampillées Marvel par son décor. Ici, point d’environnement urbain comme New York, place aux marécages et à une atmosphère bucolique.
On n’en dira pas autant des personnages qui répondent à bien des stéréotypes déjà vus et revus : le directeur d’une entreprise industrielle qui se croit au-dessus des lois, une militante écologiste et un shérif pris entre ces deux feux. Nous éprouvons donc un sentiment mêlant dépaysement et familiarité par son environnement atypique et la reconnaissance d’un récit très prévisible.
De plus, ce MAN-THING offre la curiosité de ne pas être réalisé par un novice dans le cinéma fantastique. En effet, Brett Leonard arbore dans sa filmographie des titres tels que LE COBAYE (avec Pierce Brosnan – période avant James Bond – et Jeff Fahey), SOUVENIRS DE L’AU-DELA ou encore HIGHLANDER 5 : THE SOURCE. La situation est d’autant plus singulière que la plupart des adaptations des comics Marvel s’avère l’occasion pour des metteurs en scène de faire leurs premiers pas dans un univers qui leur est inconnu ainsi qu’une tentative de démarrer une franchise ciblant la famille (n’est-ce pas LES QUATRE FANTASTIQUES ?). Il est donc surprenant de constater que Leonard assume bel et bien le versant « monster movie » de son métrage alors qu’il aurait été tentant de faire du Man-Thing une sorte de justicier écolo campé par un acteur dans un costume. Un constat est d’autant plus étonnant quand on pense à la situation du HULK d’Ang Lee qui n’a pas obtenu le succès escompté. Tout portait à croire que MAN-THING se serait éloigné du canevas de récit horrifique. Bien au contraire, Leonard verse bien volontiers dans le « film de monstre », et retrouve, par moment, l’esprit des productions Hammer, LE LOUP-GAROU et FRANKENSTEIN en tête.
Dès lors, notre réalisateur exploite à merveille les marais qui deviennent photogéniques et prépare minutieusement les apparitions de son monstre que nous voyons finalement très peu. En effet, le scénario ne commet pas l’erreur de se perdre dans des intrigues sentimentales (afin de « donner de la consistance » aux personnages) et s’appesantit plutôt sur l’enquête du shérif. Celle-ci porte notre attention sur les mystérieuses disparitions et la découverte des cadavres qui débouchera finalement sur l’influence d’une usine de produits chimiques sur l’environnement. De ce fait, notre regard se retrouve toujours dirigé vers les marais. En résulte alors l’omniprésence toute naturelle de la créature.
Enfin, les scènes avec le Man-Thing accumulent les beaux plans : filmé dans la pénombre, sous une lumière verte, les yeux rougeoyants… La créature, que l’on peine souvent à distinguer à travers la végétation, semble provenir d’une nouvelle de Lovecraft avec ses multiples tentacules. Sa réussite est à la hauteur du métrage et se révèle d’autant plus surprenante compte tenu du passif du metteur en scène. Au regard de ses métrages précédents, nous pouvions craindre que Leonard ne se laisse envahir par son désir d’user des images de synthèse et cela en dépit du bon sens. En effet, LE COBAYE s’était même fait remarquer au festival d’Imagina lors de sa sortie et PROGRAMME POUR TUER (avec Denzel Washington et Russel Crowe) abordait le thème de la réalité virtuelle. Quelle n’est pas notre surprise de constater que le réalisateur les utilise ici avec parcimonie puisque le Man-Thing n’est pas (s’entend dans la réalité physique du tournage et non le contexte du film) une créature numérique mais mécanique.
C’est tout à l’honneur de Leonard qui parvient à proposer un film de série B à l’ancienne. MAN-THING s’affirme alors en film humble mais qui tient ses promesses. Oubliable, certes, mais doté d’un certain charme.


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- Article rédigé par : André Cote

- Ses films préférés : Dark City, Le Sixième Sens, Le Crime Farpait, Spider-Man 3, Ed Wood

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