Mary la rousse, femme pirate

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Italie, France - 1961 - Umberto Lenzi
Titres alternatifs : Le avventure di Mary Read
Interprètes : Lisa Gastoni, Jerome Courtland, Walter Barnes, Agostino Salvietti

Aujourd’hui essentiellement connu pour ses films gore à base de zombies ou de cannibales (pourtant médiocres !), Umberto Lenzi fut, durant des années, un des meilleurs artisans du cinoche populaire italien. Il tourna des péplums, des westerns, d’excellents giallos, des polars musclés très efficaces et, à ses débuts, des récits d’aventures en costume certes naïfs mais enlevés et divertissants. MARY LA ROUSSE, FEMME PIRATE, son deuxième long-métrage, s’inscrit dans cette lignée d’oeuvrettes plaisantes, rapidement emballées mais soignées. Ces films paraitront sans doute éminemment ringards aux jeunes spectateurs biberonnés aux PIRATES DES CARAÏBES mais donneront le sourire aux nostalgiques du cinéma de papa.
Dans MARY LA ROUSSE, FEMME PIRATE, une jeune femme, Mary Reid, se lance dans la piraterie pour se venger d’un aristocrate débauché, Peter Goodwin, qui l’a jadis éconduite et ridiculisé. Elle embarque à bord du navire du redoutable capitaine Poof et, à la mort de ce-dernier, assume son identité et poursuit ses exactions maritimes. Pour échapper à un mariage arrangé, Peter Goodwin se voit, pendant ce temps, contraint de s’engager dans la marine et reçoit pour consigne d’arrêter Poof.
Si MARY LA ROUSSE, FEMME PIRATE s’inspire vaguement d’une authentique pirate nommée Mary Reid, le long-métrage vise surtout au divertissement pur et demande une bonne dose d’indulgence pour être aujourd’hui apprécié. Jouée par la fougueuse trentenaire Lisa Gastoni, notre Mary la Rousse se révèle, en réalité, blonde (hum !) et se cache sous l’identité d’un fameux corsaire décédé nommé Poof. Ce patronyme provoque d’ailleurs bien des rires involontaires lorsque la Belle s’exclame très sérieusement « je suis le capitaine Poof ». Si Lisa Gastoni se montre peu à l’aise dans la première moitié du long-métrage (elle se travesti même en homme à la manière des épéistes des films martiaux chinois des sixties), elle donne heureusement le change dans la seconde partie et mène fièrement les pirates à l’abordage. MARY LA ROUSSE FEMME PIRATE s’apparente alors à une comédie quelque peu rétro qui rappelle les grandes heures d’Hollywood et leurs intrigues basée sur la guerre des sexes ponctuées d’allusion et de répliques suggestives. La frêle demoiselle utilise, en effet, les hommes à son avantage et même si ces grands niais pensent pouvoir la séduire, c’est bien Mary qui, en réalité, les dirigent. Toutefois, morale oblige, la pirate finira par rentrer à la maison (et probablement derrière les fourneaux) aux bras de Peter Goodwin, un noble fantasque qui refuse de prendre ses responsabilités et préfère vivre dans l’insouciance en passant de filles en filles. Son entrée forcée dans la marine le ramènera toutefois sur le bon chemin : celui de l’armée et du mariage. Jerome Courtland s’amuse manifestement à incarner ce séducteur moustachu et bondissant, inspiré d’Errol Flynn, et cette bonne humeur constante permet au spectateur de pardonner les faiblesses du film, en particulier une première demi-heure languissante et convenue. Walter Barnes, second rôle du western vu, entre autre, dans L’HOMME DES HAUTES PLAINES complète la distribution dans le rôle du truculent Capitaine Poof qui, hélas, trépasse trop rapidement.
En dépit de moyens surement réduits, les combats navals se révèlent plaisants et les scènes d’action sont nombreuses, Umberto Lenzi proposant les inévitables mais toujours distrayantes scènes d’abordage, de tirs de canons et de duels à l’arme blanche.
Si MARY LA ROUSE, FEMME PIRATE n’est certainement pas un classique inoxydable du « film de pirate », il demeure, après plus d’un demi-siècle, un divertissement honnête et alerte auquel une courte durée confère un rythme soutenu et dont l’humour et la légèreté permettent de faire oublier les défauts. Une vision sympathique pour les nostalgiques d’un cinéma d’aventure populaire, à l’européenne, à présent totalement disparu des écrans, hélas.


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

Share via
Copy link