Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

USA - 2013 - John Luessenhop
Titres alternatifs : Texas Chainsaw 3D
Interprètes : Alexandra Daddario, Dan Yeager, Trey Songz

BIFFF 2013review

Massacre à la tronçonneuse 3D

Réalisé en 1974, MASSACRE A LA TRONCONNEUSE reste une date dans l’histoire du cinéma d’horreur moderne et un modèle de film malsain et étouffant qui, contrairement à ce que pense une frange importante de la population, ne sacrifie jamais au gore et privilégie l’atmosphère poisseuse. Douze ans plus tard, Tobe Hooper revient avec une excellente séquelle, MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 2, qui s’oriente, cette fois, vers la comédie macabre et sanglante. Quoiqu’elle ait déstabilisé certains fans de l’original, cette suite entraine, en 1990, un nouvel épisode signé Jeff Burr, le plaisant MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 3 : LEATHERFACE malheureusement sévèrement charcuté par les producteurs. En 1994, la saga se conclut avec le piètre RETURN TO THE TEXAS CHAIN SAW MASSACRE, pseudo suite camouflée en remake (et vice et versa !) dirigée par le scénariste de l’original, Kim Henkel.
La folie du remake qui s’empare d’Hollywood au début du nouveau millénaire amène une inévitable mais étonnamment réussie nouvelle version réalisée par Marcus Nispel en 2003, elle-même suivie de la nettement plus dispensable « préquelle » justement nommée MASSACRE A LA TRONCONNEUSE : LE COMMENCEMENT. Platinium Dunes ayant abandonné les droits de la série en 2007, ceux-ci sont récupéré par Twisted Pictures qui envisage immédiatement une nouvelle trilogie. Vers où la saga pouvait elle dès lors se diriger ? Un nouveau remake ? Non ! Une (soi-disant) suite directe du film de Tobe Hooper !
A la mort de sa grand-mère, la jeune Heather Miller apprend qu’elle hérite d’une vaste propriété au Texas. Avec trois amis, elle part pour la petite ville de Newt, prenant au passage un auto-stoppeur qui se révèle un voleur. Laissé seul dans la maison, ce-dernier pille l’argenterie puis gagne la cave où il espère trouver de nouvelles richesses. Hélas pour lui, il tombe sur un maniaque armé d’une tronçonneuse qui y vit en reclus : Leatherface !
Réalisé par John Luessenhop (dont le précédent faits d’arme est le polar d’action TAKERS), ce MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 3D débute par une scène censée se dérouler directement après la fin du film Hooper. Un moyen facile d’introduire une foule de nouveaux personnages caractérisés à gros traits. Ensuite, l’intrigue effectue un bond de quarante ans…d’où un premier trou scénaristique béant puisque le bébé ayant survécu au massacre perpétré en 1974 est devenu une jeune femme d’une… vingtaine d’années. Une quadragénaire étant probablement considérée insuffisamment attirante pour le public cible, la magnifique brunette aux yeux bleus Alexandra Daddario (PERCY JACKSON) devient l’héroïne de cette nouvelle aventure horrifique, laquelle oublie rapidement toute tentative pour créer un climat malsain et devient un simple prétexte à divers découpages en relief.
Pour relier vaille que vaille ce nouveau chapitre au premier volet, quelques acteurs de l’original sont invités à y participer dans des rôles très secondaires. Gunnar Hansen, jadis Leatherface, devient le chef du clan ces cannibales, Marylin Burns (Sally) revient dans un rôle de grand-mère et Bill Moseley (apparu dans MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 2) reprend le rôle du cuistot en remplacement du décédé Jim Siedow. Enfin, John Dugan incarne à nouveau, très brièvement, grand père Sawyer. Tout cela suffit-il à légitimer ce MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 3D comme une véritable séquelle du chef d’œuvre de Tobe Hooper ? Certes non, ces clins d’oeils appuyés ne pouvant masquer la vacuité d’un scénario qui se résume à un banal mélange de slasher et de survival dans lequel une poignée de jeunes caricaturaux fuient devant un taré armé d’une tronçonneuse. La plupart réagissent d’ailleurs de manière particulièrement stupide ou aberrante et succombent rapidement aux lames mécanisées de Leatherface. Celui-ci, de manière inexplicable (ou du moins très maladroitement écrite) décide, à mi-parcours, de devenir le protecteur de l’héroïne qui, pour sa part, devient copine avec son cousin dégénéré…bon sang ne saurait mentir !
Aucun effort n’est, en outre, accompli pour rendre ce nouveau Leatherface effrayant ou pathétique, le réalisateur se contentant d’aligner les « money shot » pensés pour la 3D (tronçonneuse lancée vers l’écran, sang et tripailles projetés vers le spectateur, etc.). Un travail de tâcheron paresseux uniquement soucieux d’offrir quelques frissons frelatés à un public peu exigeant.
Au niveau gore, MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 3D délivre ce qu’on attend de lui mais de manière purement routinière et, finalement, inoffensive : aucune folie, aucune vraie perversité, juste quelques démembrements sanglant. Le moralisme à l’américaine se manifeste en outre lors d’une scène où l’héroïne, torturée par Leatherface, est filmée de manière à ne jamais révéler sa poitrine en dépit de ses vêtements largement ouverts. Amusant (ou involontairement hilarant !) dans un tel contexte et vu les litres de sang déversé par ailleurs.
Ponctué de quelques répliques humoristiques hors de propos (« welcome to Texas motherfucker » lance une demoiselle avant de flinguer Leatherface au fusil de chasse), terminé par un gag post générique affligeant, MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 3D hésite sans arrêt sur la direction à prendre, entre références à l’original et souhait de plaire à une audience contemporaine. D’où un ratage quasi complet qui saborde même ses rares bonnes idées (l’arrivée de Leatherface dans une fête foraine probablement envisagé comme un hommage au MASSACRE DANS LE TRAIN FANTOME de Tobe Hooper) et finit par ennuyer en dépit de sa durée réduite. Sans intérêt.

Retrouvez notre couverture du 31ème Brussels International Fantastic Film Festival (BIFFF).


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer


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