chroniques-infernales

Massacre à Odessa

Le trône du roi du roman de gare français, Gérard de Villiers, n’en finit pas d’être convoité depuis sa mort en 2013 et l’arrêt de SAS conséquent.
Souvent taxées de misogynie et de sadisme, les productions de Villiers (car il éditait bien d’autres séries que SAS, comme L’Exécuteur par exemple, ou Brigade Mondaine) étaient surtout de formidables machines à succès, avides de plaire au lecteur par tous les moyens, quitte à multiplier les coups… en dessous de la ceinture.
Et pourquoi pas ?
En 2014, Sasha Morange pond les BRP, sorte de Brigade Mondaine revisitée.
En 2017, Alex de Brienne remet le couvert (qui derrrière le pseudo ? un journaliste ou un vieux routier de l’écriture ?). Christine de Villiers en personne, soit l’épouse de feu M. SAS, en dit grand bien.
Le Livre de Poche ne nous avait pas habitué à un tel goût pour le roman de gare pur jus. Cela fait plaisir !
KO colle très clairement aux basques de SAS. Sur l’assez Z clip promotionnel disponible sur Youtube, Alex de Brienne décrit cette nouvelle série comme à la fois géopolitique et… érotique ! Comme SAS, quoi. Cela sur une musique assez ringarde et un “générique” au style qui évoque 007, tout en laissant craindre le pire.
Comme quoi on aurait tort de se fier aveuglément à une simple publicité du net. Pour se faire un jugement, il faut lire le 1er roman de cette série. Et la surprise est très agréable, malgré une écriture parfois un peu lourde, comme mal dégrossie.
KO, ce sont les initiales d’un frère et d’une sœur, journalistes ou diplomates mais en fait agents très spéciaux. Lui hacker de génie prêt à jouer les maître-chanteurs. Elle, judoka experte et agent de terrain émérite.
Dans MASSACRE A ODESSA, Alex de Brienne revient sur un massacre perpétré dans une Ukraine en proie au chaos et à la violence. Nos deux héros tentent d’en dégager les responsabilités en pénétrant un véritable panier de crabes. Comme chez de Villiers, l’auteur nous plonge dans une pluie de détails des plus réalistes. Et on y croit. Le tout parsemé de scènes vaguement pornos, parfois réussies, parfois un peu bâclées. Viol terrible d’une policière, scènes lesbiennes avec notre héroïne Kali, portée sur le beau sexe, et même partouze. Cela distrait entre deux renseignements à caractère journalistique et géopolitique. L’action traîne un peu tout au long du roman, sans doute trop documenté pour rester fluide, jusqu’aux cent dernières pages où ça bouge bien. Rien de transcendant, à aucun moment, mais
Alex de Brienne assure le service avec une relative constance.
Les deux héros sont attachants dans leur psychologie et leur morale un peu particulière. On sent qu’il y a des secrets, des mystères à dévoiler derrière leur passé. Tels des super héros, leurs origines seront sans doute révélées petit à petit. Dans les prochains épisodes.
Déjà deux autres aventures programmées dans une série qu’on imagine longue, au moins dans les espoirs de l’auteur et de l’éditeur. SAS a atteint 200 épisodes. Il reste du boulot à Alex de Brienne ! Des couvertures plus inspirées ne ferait pas de mal non plus. Les Italiens de Segretissimo font un sacré bon travail tant littéraire qu’esthétique dans le genre codifié du roman d’espionnage moderne. Et ils pourraient servir de modèle au Livre de Poche !

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