Massacre au camp d’été 2

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

USA - 1988 - Michael A. Simpson
Titres alternatifs : Sleepaway camp 2: unhappy campers
Interprètes : Pamela Springsteen, Renée Estevez, Tony Higgins, Walter Gotell

Réalisé en 1983, MASSACRE AU CAMP D’ETE demeure un des slashers les plus efficaces et malsains sortis sur les écrans, ne serait-ce que par la révélation de l’identité du tueur. Celui-ci est en effet un adolescent habillée en fille depuis son plus jeune âge et qui, envoyé dans un camp de vacances, prend un malin plaisir à supprimer les « mauvaises personnes ». Comme le film de Robert Hiltzik vit sa réputation grandir au fil du temps, il est logique qu’une suite soit entreprise en 1988 sous le titre original de SLEEPAWAY CAMP 2 : UNHAPPY CAMPERS, immédiatement suivi par un SLEEPAWAY CAMP 3 : TEENAGE WASTELAND entrepris par la même équipe. L’histoire ne s’arrête d’ailleurs pas là puisque Jim Markovic (réalisateur de THE REAL BRUCE LEE, une des premières « bruceploitation ») propose en l’an 2000 un SLEEPAWAY CAMP IV : THE SURVIVOR qui restera hélas inachevé et sortira sous la forme d’un moyen métrage (dans un coffret consacré à la saga outre-Atlantique). Néanmoins, en dépit de ce projet avorté, la réputation du MASSACRE AU CAMP D’ETE original s’affirme encore et Robert Hiltzik se décide finalement à rempiler en 2008 pour un RETURN TO SLEEPAWAY CAMP qui devrait bientôt se voir adjoindre une cinquième séquelle, SLEEPAWAY CAMP REUNION, annoncée en 3D.
Mais revenons à cette première suite, lancée en 1988 par Michael A. Simpson, cinéaste peu connu n’ayant à son actif que cinq long-métrages destinés aux grands écrans. L’intrigue débute quelques années après les événements survenus dans MASSACRE AU CAMP D’ETE, premier du nom. Nous sommes dans un nouveau camp de vacances, à une centaine de kilomètre de celui où à eu lieu le massacre (au camp d’été, oui, c’est simple à suivre comme film) et quelques jeunes se racontent des « histoires à faire peur » autour d’un feu de camp. Une jeune fille narre ainsi le destin du tueur sanguinaire, une gamine dérangée que tout le monde prenait pour un garçon. Finalement découvert, arrêté et interné, notre malade mental a subi une opération chirurgicale avant de changer de sexe et d’être finalement libérée pour se réinsérer dans la société. Cette petite soirée est alors interrompue par Angela, une monitrice enthousiaste et un peu coincée détestant les dévergondées ne pensant qu’à boire, baiser et fumer des oinj’. Bien sûr, Angela est en réalité « la tueuse des camps de vacances » et la voilà qui accueille joyeusement une quarantaine de jeunes gens insouciants venus passés l’été en forêt. Attention chérie, ça va trancher !

Ne gardant du premier film qu’un mince argument, SLEEPAWAY CAMP 2 aurait très bien pu se nommer « Vendredi 13 Chapitre je ne sais quoi » ou « Bloody Murder 3 » (mais c’eut été moins classe) sans que cela ne change fondamentalement la donne d’une intrigue fort mince. En gros, les recettes traditionnelles du slasher forestier sont respectées avec cette bande d’adolescents (ne sont ils pas un peu trop âgé pour passer leurs vacances en colonie ?) dont les seules occupations consistent à boire, fumer de l’herbe, se jouer des tours pendables supposés drôles (« et si on allait voler les soutifs des filles ? ») et surtout à forniquer partout, surtout certaines d’ailleurs qui niquent fort et avec n’importe qui. Notre brave Angela (« je suis toujours vierge et j’en suis fière ! ») ne supporte pas longtemps tant de libertinage et l’hécatombe commence. Un bon point pour ce SLEEPAWAY CAMP 2, lequel évite de perdre trop de temps à présenter des personnages de toutes façons stéréotypés et dont l’unique fonction est d’être massacrés par Angela. Les deux sœurs défoncées à longueur de journée, la nymphomane allumeuse à gros nichons, la timide complexée sans doute pucelle,…le catalogue de clichés s’avère si chargé que l’intention semi-parodique du cinéaste se devine, même si une interprétation médiocre n’arrange pas les choses. Les moyens choisis par Angela (surnommée « the angel of death ») pour occire ces vilaines filles et autres mauvais garçons sont, pour leur part, variés : noyade dans une fosse sceptique, égorgement à la corde de guitare, meurtre à la perceuse, barbecue humain, etc. Une des séquences les plus drôle confronte notre demoiselle, grimée façon Leatherface et armée d’une tronçonneuse, à deux teenagers maquilles comme Freddy et Jason. Une référence supplémentaire pour un métrage qui, décidément, n’en manque pas et joue clairement la carte de l’humour, délaissant le malaise (la transsexualité du maniaque est à peine évoquée) et le suspense (l’identité du tueur est révélée après 5 minutes !) du MASSACRE AU CAMP D’ETE original.
Michael A. Simpson dirige ce SLEEPAWAY CAMP 2 sans beaucoup d’imagination mais avec une certaine énergie en recourant aux artifices coutumiers du slasher, comme la caméra subjective. Difficile toutefois d’éviter les travers de la série B fauchée avec pour tout décor un camp de vacances et des sentiers boisés.
Le casting, de son côté, n’a rien de marquant si ce n’est la présence dans le rôle d’Angela de Pamela Springsteen (la sœur de Bruce) et dans celui de l’héroïne de Renée Estevez (la fille de Martin Sheen). Pamela Springsteen propose une performance outrancière, oscillant entre le cabotinage amusant et irritant tant elle semble, parfois, prononcer ses répliques avec détachement et s’en beaucoup d’implication même si la sœurette du Boss nous offre aussi quelques grands moments de délire, en particulier lors du meurtre dans les toilettes. Les aficionados de James Bond remarqueront Walter Gotell, lequel joua dans sept épisodes de la franchise (il fut 6 fois le général Gogol, de L’ESPION QUI M’AIMAIT à TUER N’EST PAS JOUER).
Niveau gore, SLEEPAWAY CAMP 2 se révèle généreux même si les scènes d’horreur manquent parfois d’impact ou d’un montage plus travaillés pour fonctionner vraiment. Les maquillages rétro restent néanmoins efficaces et bien juteux, surtout lors des vingt dernières minutes où le quota d’atrocités s’affole à l’approche du mot « fin ».
Aux clins d’œil et autre touches auto-parodiques s’ajoute aussi une bonne humeur constante illustrée, entre autre, par une chanson débile (« Happy campers ») qui s’incruste immédiatement dans la tête du spectateur.

Déroulant une intrigue très linéaire et prévisible, SLEEPAWAY CAMP 2 mise essentiellement sur l’humour, la nudité (le réalisateur recourt au « plan nichon » à toutes les occasions) et le gore pour maintenir l’intérêt. En dépit d’un nombre de mort élevé (on perd vite le compte des victimes du carnage !) et d’une durée réduite à moins de 80 minutes, le film se traine un peu jusqu’au climax, très classique mais efficace, qui nous laisse sur une bonne impression. Les fans de slashers peuvent donc se risquer sans hésiter à fréquenter ce SLEEPAWAY CAMP 2.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer


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