Masters of Horror Saison 2: Dream Cruise

Un texte signé Michaël Guarné

USA - 2007 - Norio Tsuruta
Interprètes : Daniel Gillies, Ryo Ishibashi, Yoshino Kimura

Après IMPRINT de Takashi Miike pour la saison 1, c’est un autre réalisateur japonais qui se charge de clôturer cette deuxième fournée de 13 épisodes horrifiques. Plus habitué au direct-to-video qu’au long métrage pour le grand écran (on lui doit quand même la préquelle de RING nommée RING 0 : BIRTHDAY), Norio Tsuruta signe avec DREAM CRUISE un opus ô combien soporifique et peu original.
Durant son enfance aux Etats-Unis, Jack n’a pas réussi à sauver son frère Sean de la noyade. Devenu avocat et résident désormais à Tôkyô, Jack n’a jamais cessé d’avoir peur de l’eau depuis l’incident. Une phobie handicapante au quotidien, surtout quand Eiji Saito, un de ses clients, lui propose une ballade sur son yacht. Jack ne peut pas refuser et le voilà parti avec Eiji et sa charmante femme Yuri. Eiji n’est pas dupe et soupçonne à raison sa femme de le tromper avec son avocat. Il compte donc profiter de cette petite excursion en mer pour se venger de Jack…
On pourrait faire des reproches similaires à IMPRINT et DREAM CRUISE. Tous deux ont un réalisateur nippon dirigeant des acteurs américains et résultat : ça joue mal. Même les acteurs japonais ne sont guère convaincants ; forcément, la langue de Shakespeare n’est pas trop leur tasse de thé… Quand on voit les belles interprétations de Ryo Ishibashi dans AUDITION ou KIDS RETURN, on se dit qu’il est vraiment stupide de faire jouer un acteur dans une langue qu’il ne maîtrise pas totalement.
A part ça, le rythme de l’épisode est lent du début à la fin et l’histoire n’est guère passionnante. On nous refait le coup du spectre asiatique typique : la femme chevelue blafarde venue hanter les vivants, du moins ceux qui ont un lien avec son passé. La peur n’est pas du tout au rendez-vous tant le fantôme en question est risible. Il brille d’une lumière verte assez laide et pousse quelques cris stridents censés provoquer l’effroi… C’est triste à dire, mais il suffit de revoir KWAIDAN pour se rappeler ce qu’une mise en scène efficace dans le genre horrifique peut être. Avec beaucoup moins de moyens, l’œuvre de Masaki Kobayashi arrive encore aujourd’hui à mettre mal à l’aise. Exactement l’inverse de DREAM CRUISE en quelque sorte…
Ici, il est parfois dur de ne pas rire. On pense notamment à la séquence où Eiji se fait couper un avant-bras. Sa main devient baladeuse et se met à terroriser le pauvre Jack. L’ambiance de l’épisode est du coup complètement plombée par cet élément comique, et ce, qu’il soit voulu ou non. Jack s’y reprend à plusieurs fois avant de mettre la maudite main hors d’état de nuire, et le spectateur n’a qu’une envie : revoir EVIL DEAD 2 au lieu de ronfler pendant une heure devant une « zèderie » qui ne s’assume pas. Norio Tsuruta et Takashi Miike ne sont pas mauvais réalisateurs. Ils se retrouvent juste à devoir divertir une audience télévisée américaine, audience qui veut a priori voir des Japonais parler mal anglais… Inutile d’en vouloir aux deux Nippons pour ces œuvres qui ne reflètent absolument pas ce qu’ils peuvent faire par ailleurs. Et ceci vaut surtout pour Miike.
Cette deuxième saison des Masters of Horror se conclue donc sur une fausse note. On préfèrera retenir des épisodes comme FAMILY ou SOUNDS LIKE qui illustrent bien le concept de la série. En espérant que son créateur Mick Garris en revoie le cahier des charges et laisse plus de liberté aux réalisateurs d’une éventuelle troisième saison.

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- Article rédigé par : Michaël Guarné

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