Metalbeast

Un texte signé André Cote

USA - 1995 - Alessandro De Gaetano
Titres alternatifs : Project : Metalbeast
Interprètes : Kim Delaney, Barry Bostwich, Kane Hodder, John Marzilli, Musetta Vander...

Pour une expérience militaire top secrète, un soldat sert de cobaye. Les choses tournent mal et il devient une créature incontrôlable.
A l’heure actuelle, tous les grands mythes du cinéma fantastique sont encore en quête d’un nouveau souffle et les loups-garous ne font pas exception à la règle. En cette fin de millénaire (le film date de 1995), cette renaissance passait souvent par un regard cartésien sur ses créatures légendaires, ce que fit BLADE pour les vampires. Encore aurait-il fallu que les scénaristes tiennent les promesses de ce postulat : adapter un mythe aussi évocateur d’un passé révolu à un environnement contemporain et technologique.
Pourtant, le film débute agréablement si l’on fait preuve d’indulgence. Son ouverture constitue même l’un de ses meilleurs moments : la capture d’un loup-garou issu d’expériences menées par un mystérieux laboratoire. En effet, ce préambule est sympathique en raison de ses faux airs de film de la Hammer : une forêt brumeuse de studio avec ce petit décor d’arbres et de boues factices. Ces quelques minutes nous évoquent un mélange de PREDATOR pour ses militaires et un film avec Bela Lugosi ou Boris Karloff pour cette ambiance artisanale de carton pâte qui culmine avec l’apparition de cet homme costumé en loup-garou en guise d’attraction du film. Malheureusement, on déchante rapidement : il s’agit de la meilleure scène, elle ne dure que le temps du générique et n’est pas représentative du reste du métrage.
En effet, le cadre de l’action change par la suite avec l’apparition d’un laboratoire et, à partir de là, les choses se gâtent : la direction artistique se résume aux néons et ampoules des locaux, l’ensemble du casting semble s’ennuyer ferme et le réalisateur peine à dynamiser chaque scène. De plus, alors que ce mythe du loup-garou traité sous l’angle de la science-fiction aurait du être l’axe principal de l’intrigue, le scénario ne l’aborde jamais frontalement : seules deux ou trois allusions sont faites avec le nom du projet scientifico-militaire et la transformation du soldat. L’histoire se perd dans des enjeux annexes (discussions déontologiques, intrigues sentimentales) qui ne servent finalement qu’à rallonger le métrage pour que celui-ci atteigne plus d’une heure vingt. La légende du lycanthrope est en fait oubliée dès la première bobine pour finalement se rapprocher d’une variation de FRANKENSTEIN avec cette relation entre le responsable du projet et le monstre qui n’est pas sans évoquée celle du fameux docteur avec sa propre créature.
Le film se traîne donc entre scènes d’autopsie et palabres jusqu’au réveil tant attendu de la bête qui n’intervient qu’au bout d’une heure. Dès lors, nous nous retrouvons devant une énième copie d’ALIEN avec le décor du laboratoire (les bureaux et sous-sol) à la place du vaisseau spatial. Et même lors du climax, le réalisateur Alessandro De Gaetano n’arrive pas à exploiter son sujet propice à la claustrophobie. Les personnages semblent passer leur vie enfermés dans leur laboratoire, apparemment leur seul foyer. Il se contente alors de les filmer en plan moyen sans exploiter visuellement leur environnement alors que le confort et la sécurité dans lesquels ils se trouvent se voient entacher par la présence nuisible du lycanthrope. Il en résulte une dernière partie bien laborieuse où nous n’avons finalement que des scènes typiques d’un slasher avec ses fuites inénarrables : le détail du personnage qui enlève une barre de métal lui traversant le pied avant de piquer un sprint, va en faire rire plus d’un.
Poussif, METALBEAST fait partie de ses films qu’on a vite oublié après son visionnage. A part la présence de Kane Hodder (l’un des interprètes de Jason Voorhes dans la saga VENDREDI 13) qui porte ici le costume de la créature (mais ne joue pas le personnage avant sa transformation) et de Barry Bostwich (star du cultissime THE ROCKY HORROR PICTURE SHOW et maire de New York dans SPIN CITY) METALBEAST se révèle sans intérêt particulier et des plus dispensables.


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- Article rédigé par : André Cote

- Ses films préférés : Dark City, Le Sixième Sens, Le Crime Farpait, Spider-Man 3, Ed Wood

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