retrospective

Metropolis 2000

La Terre, 9 ans après l’apocalypse. Les quelques survivants doivent se défendre contre les Templiers, un groupe d’hommes dirigé par One (George Eastman), et dont la mission est d’exterminer tout être humain sur Terre. C’est donc à Scorpion (Giancarlo Prete) de sauver l’Humanité (ou du moins ce qu’il en reste), avec l’aide de Nadir (Fred Williamson) et d’un enfant mécanicien (Giovanni Frezza, le gosse de LA MAISON PRÈS DU CIMETIÈRE).
Il n’y a pas de doute ; LES NOUVEAUX BARBARES est une copie de MAD MAX II. Une année après George Miller, les Italiens sortent leur propre guerrier de la route. La tâche fut confiée à Enzo G. Castellari, réalisateur de maintes œuvres d’action, mais surtout connu pour avoir réalisé le INGLORIOUS BASTARDS original, film qui inspira à un certain Quentin Tarantino, réalisateur américain peu connu, l’idée de fabriquer un remake étatsunien. Le sujet de l’apocalypse et du retour au barbarisme subséquent sera exploité par le réalisateur italien dans ses deux films suivants, LES GUERRIERS DU BRONX premier et deuxième. À partir des années 90, il n’œuvrera que pour la télévision, surtout pour la série EXTRALARGE, avec Bud Spencer.
Dans LES NOUVEAUX BARBARES, chaque cliché établi par MAD MAX II est inclus dans le mix, mais l’effet établi sonne tout faux. En effet, la copie italienne ne fonctionne vraiment qu’en tant que parodie. Le guerrier solitaire de Mel Gibson fut un personnage complexe, un caractère construit presque sans dialogue, similaire à l’homme sans nom de Clint Eastwood. Scorpion, de l’autre côté, reste sans mystère, et montre qu’il ne suffit pas d’un regard pénétrant pour être menaçant. Fred Williamson, en tant que sidekick, montre qu’il est « the man », même vêtu d’un costume tout à fait ridicule. Néanmoins, il est loin d’être aussi mémorable que l’homme à l’hélicoptère de MAD MAX II. Le garçon loup de MAD MAX II, aussi bien caractère original que symbole de la dégradation humaine, est remplacé par un garçon-qui-sait-tout agaçant, apparemment le seul personnage capable de réparer une voiture. Enfin, le personnage de Humungus et son rassemblement de fous furieux sont remplacés par un ensemble tout droit sorti d’un show de Broadway.
C’est également avec le « production design » que LES NOUVEAUX BARBARES échoue à reproduire ce qui faisait de MAD MAX II un classique. Chaque petit détail du film australien nous rappelle le déclin de la civilisation. Tout est sale, détruit, reconstruit le mieux possible, au point qu’une petite boîte à musique, seul souvenir d’un passé heureux, devient le plus cher trésor d’un homme endurci. LES NOUVEAUX BARBARES nous présente des survivants de l’apocalypse vêtus d’habits somme toute propres et pas usés du tout. Leurs véhicules sont bien lavés et intacts, les gens vivent dans des tentes en plastique avec un luxe incroyable. Les Templiers, vêtus d’uniformes créés, peut-on supposer, par le costumier de « ABBA – the Musical », conduisent des voitures tellement neuves qu’on les dirait tout droit sorties du show-room. En plus, on a l’impression que ces voitures marchent à l’électricité, tandis que leurs armes font les drôles de piou-piou propres aux fusils laser des films de science-fiction. D’un autre côté, Nadir tire des flèches, arme qu’on peut s’attendre à trouver dans une société post-apocalyptique, avec le petit détail qu’il possède un arsenal inépuisable de têtes explosives !
Il semble donc que les producteurs de LES NOUVEAUX BARBARES aient voulu recréer le succès au box-office de MAD MAX II, sans vouloir assumer le déclin technologique dans leur œuvre. En résulte un hybride improbable de MAD MAX et BUCK RODGERS, comme si une apocalypse pouvait avoir comme conséquence une avancée scientifique et technologique soudaine.
Manque aussi une raison plausible aux Templiers pour créer le chaos. George Miller avançait dans son film une raison aussi simple que vraisemblable : la possession des derniers puits de pétrole et du pouvoir qui en résulte. Les Templiers, dans LES NOUVEAUX BARBARES, veulent tuer tout le monde (car tout le monde est responsable de l’apocalypse, semble-t-il, d’après leur logique légèrement farfelue !), puis reconstruire le monde uniquement avec des Templiers. Comme ils tuent toutes les femmes, on ne peut que spéculer quant à leur façon de vouloir parvenir à leurs fins.
Par contre, il y a bien quelque chose que les Italiens savaient faire à l’époque, c’est le gore. Il n’est donc pas surprenant que les effets spéciaux (mal faits, il faut l’admettre, mais c’est l’intention qui compte) soient excessifs : des têtes sont coupées, des torses, voire des corps entiers explosent.
LES NOUVEAUX BARBARES réussit donc le pari de rater tout ce qui a fait de MAD MAX II un succès mondial. Le film australien était sale, bruyant, d’une violence aussi bien impliquée qu’ouverte, et d’un rythme époustouflant. Cette copie italienne ne montre jamais la saleté, elle est mal rythmée, avec une mise en scène parfois inexistante, des costumes ridicules, et des poursuites en voiture à 50 km/h. Si on avait voulu faire une parodie de ce sous-genre qu’est le film apocalyptique, elle n’aurait pas pu être plus parfaite.
Ce film est donc hautement recommandé (même si c’est pour toutes les mauvaises raisons), et si finalement, il donne seulement envie de revoir la trilogie MAD MAX, c’est toujours ça de gagné.

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