Un texte signé Philippe Chouvel

Espagne, Italie, France - 1972 - Antonio Isasi-Isasmendi
Titres alternatifs : Un verano para matar, Summertime Killer
Interprètes : Chris Mitchum, Olivia Hussey, Karl Malden, Raf Vallone, Claudine Auger, Gérard Barray

retrospective

Meurtres au soleil

Enfant, Ray Castor a été le témoin du meurtre de son père, noyé dans une piscine par une bande de mafieux. Une vingtaine d’années plus tard, le gamin est devenu un homme, il n’a pas oublié un seul instant cette scène gravée dans sa mémoire, et dès qu’il en a eu la possibilité, il a préparé sa vengeance. A New-York, il retrouve la trace de deux des assassins de son père et les bute de sang froid. Il part ensuite pour Rome, où il en abat un troisième au cours d’une réception huppée. Ray poursuit sa quête à Madrid. Pendant ce temps, un inspecteur de police est dépêché pour enquêter sur ces trois meurtres. Rapidement, John Kiley, le flic en question, découvre que l’affaire possède un lien avec l’ex-mafieux Lazaro Alfredi, qui coule à présent des jours paisibles au Portugal. Kiley décide de partir à sa rencontre. Sa route va croiser celle de Ray Castor, inévitablement…
MEURTRES AU SOLEIL suit une trame relativement classique, celle d’un héros solitaire et taciturne se transformant en justicier afin de venger la mort de son père. Le scénario n’évite pas certains ressorts dramatiques, puisque dans sa quête consistant à éliminer le dernier assassin encore en vie, Ray va d’abord tomber amoureux de la secrétaire de son ennemi. Celle-ci sera éliminée tandis que le héros décidera, dans l’impossibilité d’approcher son rival, de kidnapper sa fille. C’est alors que se produira le fameux « syndrome de Stockolm », à savoir le fait que le ravisseur et sa victime tomberont amoureux l’un de l’autre. Une question va de ce fait être soulevée : Ray pourra-t-il tuer le père de la femme qu’il aime ?
Si l’histoire n’a rien de foncièrement original, il n’en demeure pas moins que MEURTRES AU SOLEIL est un film globalement réussi, avec son lot d’actions, de péripéties et de rebondissements, doté de plus d’une excellente musique de Luis Bacalov (LA VICTIME DESIGNEE, MILAN CALIBRE 9), dont l’un des thèmes sera d’ailleurs repris par Tarantino dans le second volet de KILL BILL. Et puis, le réalisateur espagnol Antonio Isasi-Isasmendi (SCARAMOUCHE, L’HOMME D’ISTAMBUL) s’est entouré d’un excellent casting, composé de Karl Malden, dans un rôle qui préfigure celui qu’il tiendra la même année dans la série LES RUES DE SAN FRANCISCO. Dans la peau du truand, le calabrais Raf Vallone fait également une forte impression. Rayon charme, on peut compter sur l’ancienne « James Bond Girl » Claudine Auger et la ravissante Olivia Hussey (LES TRAQUES DE L’AN 2000). Pour compléter ce casting, citons également l’apparition de Gérard Barray, qui fut dans les années 1960 l’un des spécialistes du film de capes et d’épées avec Jean Marais.
Enfin, le héros est interprété par Christopher Mitchum. Fils du grand Robert Mitchum, Chris est resté dans l’ombre de son père, n’ayant ni son talent, ni son charisme. Il eut pourtant la chance de débuter sa carrière dans plusieurs westerns dans lesquels la vedette n’était autre que l’illustre John Wayne. Durant les seventies, on le verra dans quelques films intéressants, comme RICCO et LE BAL DES VAUDOUS. Le rôle qu’il tient dans MEURTRES AU SOLEIL est d’ailleurs très proche de celui qu’il aura l’année suivante dans RICCO. A partir des années 80, ses apparitions seront essentiellement cantonnées à des séries B, dont pas mal de films d’action de seconde zone. Cela dit, son interprétation dans MEURTRES AU SOLEIL demeure l’une de ses plus satisfaisantes.
C’est une œuvre comptant finalement peu de temps morts, rythmée par diverses poursuites assez spectaculaires, où tour à tour Chris Mitchum, avec sa moto, poursuit Claudine Auger au volant d’une Porsche, essaye ensuite d’échapper aux hommes d’Alfredi dans la campagne (Mitchum étant harcelé par des gauchos juchés sur leurs montures), sans oublier le final dans et autour d’une arène. Bref, on ne s’ennuie pas à la vision de ce film d’action bénéficiant d’une belle distribution, et réalisé avec talent par un cinéaste somme toute méconnu, voire inconnu du grand public.


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- Article rédigé par : Philippe Chouvel

- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois

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