Dossierhorizons

Mineurs 27

Dans un petit village en bord de mer, deux adolescents, exprimant leur mal-être de différentes manières, sont amoureux de la même jeune femme. L’un d’eux a des rapports troubles avec un flic visiblement pourri. Tous partagent un lourd secret, que l’un essaie de hurler au grand jour, tandis que l’autre veut le dissimuler, pensant à tort qu’il arrivera ainsi à oublier.

Tristan Aurouet est le réalisateur de ce MINEUR 27, tout autant que son scénariste. S’il n’est pas encore très connu, son NARCO avait laissé un agréable souvenir. Après BRAQUO, Jean-Hughes Anglade reprend ici un rôle de policier ambigu (bien plus pourri que dans l’excellente série d’Olivier Marchal) et s’en tire très bien, habitué à ce type de personnage. Cependant, les acteurs qui marquent ce film sont les trois jeunes, blessés et perdus. Marie-Ange Casta est aussi belle que fragile, et il suffit de la voir pour comprendre la fascination des deux hommes, Stan et Wilson, à son égard. Ces deux derniers, respectivement incarnés par Nassim Si Ahmed et Finnegan Oldfield, jouent magnifiquement bien leur désespoir. L’un est devenu une petite frappe à la solde d’une ordure de policier, et l’autre n’arrive pas à garder pour lui ce qu’il a subi, tout en vivant replié sur lui-même, se rebellant contre son père chaque fois qu’il peut.

Autant le dire immédiatement, le rythme du film est lent. Quiconque cherche un polar haletant ou un thriller plein de suspens devrait passer son chemin, sous peine d’être déçu. Car si nous comprenons très vite que les jeunes ont subi quelques abominations pédophiles, et que le flic incarné par Jean-Hughes Anglade y joue un rôle et veut à tout prix étouffer l’affaire, l’intérêt du métrage n’est pas dans l’enquête conduisant à la condamnation des coupables de ces horreurs. MINEURS 27 (qui est aussi le nom du dossier dissimulé) s’attarde sur ces adolescents blessés, brisés, essayant de vivre. Il les regarde se traîner dans la vie, essayant désespérément d’avoir des rapports normaux avec une fille, mais sans y parvenir (chacun à leur manière) ou luttant contre leurs démons. Certes, à plusieurs moments, l’action s’accélère, Jean-Hughes Anglade n’étant pas à une bassesse de plus pour couvrir ses arrières et quelques petites frappes s’invitent à la fête, pourtant, dans l’ensemble, le métrage se déroule très lentement. Il est vrai que l’ennui s’installe parfois, mais ne reste jamais longtemps. MINEURS 27 se suit sans déplaisir grâce à des personnages crédibles et bien écrits interprètés par des acteurs d’exception (Nassim Si Ahmed et Finnegan Oldfield méritent d’être reconnus). Malgré quelques situations et personnages qui semblent vus et revus, en creusant un peu les différences apparaissent. Stan ressemble à l’adolescent typique, renfrogné et fan d’ordinateur, mais il n’en est pas moins sportif et taggeur, et son comportement est souvent ambigu. Wilson, au premier regard, semble être l’archétype même du surfer, mais son passé et son attitude le rendent attachant. De plus, certains embranchements scénaristiques surprennent agréablement. MINEURS 27 ne veut en aucun cas être politiquement correct, mais ne cherche pas non plus la complaisance de certains films d’horreur. Il se veut juste et crédible, et y parvient. Ainsi, si le film n’est pas inoubliable, il mérite grandement le coup d’oeil.

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