Moonwalkers

Un texte signé Mazel Quentin

Basé sur une « véritable théorie du complot », MOONWALKERS revisite la fameuse idée du faux alunissage de la mission Apollo. En effet, selon divers complotistes, les Américains n’auraient jamais marchés sur la lune et le voyage aurait été filmé en studio par Stanley Kubrick.

Le long-métrage d’Antoine Bardou-Jacquet reprend ce postulat et envoie à Londres un agent secret traumatisé par le Vietnam, Tom Kidman [rire] afin de convaincre Kubrick de tourner l’alunissage au cas où la mission Apollo échouerait. Par un concours de circonstances malheureuses, Kidman rencontre le manager minable d’un groupe rock de seconde zone, Jonny. Ce-dernier engage un de ses amis acteurs pour camper Kubrick et arnaquer Kidman, s’emparant d’une valise pleine d’argent qui échoue, au final, chez un gangster local. N’osant avouer à ses supérieurs qu’il s’est fait rouler, Kidman accepte la proposition de Jonny : monter la supercherie avec l’aide d’un de ses amis, le cinéaste expérimental Rénatus.

A partir d’un excellent pitch, Antoine Bardou-Jacquet livre une plaisante comédie « stoner » à l’américaine qui rappelle quelque peu le cinéma de Guy Ritchie ou Quentin Tarantino dans ses excès trash plus ou moins maitrisé. Si le scénario n’évite pas les invraisemblances et les ficelles un peu faciles, l’entreprise compense par un rythme soutenu (en dépit de l’une ou l’autre longueurs), une reconstitution de la fin des sixties convaincantes et de nombreux détails amusants qui aident à pardonner les défauts, entre autres et surtout un scénario parfois relâché. Certes, la sous-intrigue à base de gangster n’est pas pleinement réussie et certains personnages auraient mérités davantage de développement (en particulier celui du chanteur d’un groupe de rock hippie tenté par la grandiloquence de l’opéra rock) mais le film ménage suffisamment de bons moments pour emporter l’adhésion.

Entre un Ron Perlman brutal en agent secret dur à cuire et un Tom Audenaert azimuté en réalisateur gay constamment délirant, MOONWALKERS convie une brouette de personnages sympathiques dont un apprenti acteur toujours sous acide. Emporté par son sujet volontiers déjanté, Bardou-Jacquet ne se prive d’aucun excès : dialogues bien salés, violence volontiers gore, nudité et délires hallucinogène soutenus par une bande son prévisible (Lovin’ Spoonful, Creedance Clearwater Revival, Jefferson Airplane) mais indéniablement efficace.

Malgré ses défauts, le cocktail se montre convaincant et, quoique l’on frôle parfois l’indigestion, on passe au final un bon moment devant cette comédie française qui n’est ni un « film de potes », ni une « comédie pour ados », ni un film sur les mésaventures d’une bande de quadras bobos. Et ça, c’est déjà beaucoup.


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- Article rédigé par : Mazel Quentin

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