Mutiny in outer-space

Un texte signé Alexandre Thevenot

USA - 1965 - Hugo Grimaldi
Interprètes : William Leslie, Dolores Faith, Pamela Curran

Des scientifiques ont atterri sur la Lune pour explorer une grotte glaciaire et y faire des prélèvements. Ils doivent repartir dès le travail terminé pour rapporter tous les échantillons à la base spatiale, située en orbite. Le voyage de retour se passe correctement. Seul un des membres de l’équipage se gratte la jambe inexplicablement. Celui-ci découvre une petite blessure dont il ignore l’origine. Cela ne l’inquiète pas plus que ça, vu que cela n’est qu’une égratignure. A ceci près qu’il s’agit, en fait, d’une puissante bactérie en sommeil qui ne tardera pas à menacer toute la vie de la base.

Contrairement à nombre de ses prédécesseurs, MUTINY IN OUTER-SPACE évite de parler du danger atomique pour se concentrer sur une histoire plus organique, que David Cronenberg lui-même, sur certains aspects, n’aurait, sans doute, pas renié. Seulement, en 1965, le film de science-fiction a déjà opéré des changements de thèmes importants, ce qui écarte toute originalité. L’idée d’un champignon ou d’une bactérie ramenés de l’espace qui entraîne mutations et autres dégénérescences, n’est pas nouvelle. Les deux premiers QUATERMASS : LE MONSTRE et LA MARQUE de Val Guest, exploraient deux facettes d’une potentielle contamination. LE BLOB, lui, mettait en scène l’absorption du monde par un organisme bizarre. MUTINY IN OUTER-SPACE ne peut faire fi de ce passé, même s’il s’en démarque plus d’une fois. Le réalisateur a placé l’intrigue dans l’espace restreint de la base spatiale, le huis clos renforçant le côté dramatique du film. Quelques scènes se déroulent également sur Terre dans les bases militaires et donnent de l’importance à une autre question qui est posée explicitement : faut-il ramener les astronautes sur Terre et courir le risque d’une contamination générale ou les laisser en quarantaine sur le satellite au risque de les laisser périr ?

Hugo Grimaldi n’est pas un réalisateur très connu, pour cause peut-être, il n’a réalisé qu’un film un peu apprécié des spécialistes, une histoire de science-fiction fauchée : LES CREATURES DE KOLOS. Sinon, il a travaillé sur des versions américaines de films étrangers comme I BOMBED PEARL HARBOR, HERCULE A LA CONQUETE DE L’ATLANTIDE ou LE MOULIN DES SUPPLICES et quelques autres encore.

MUTINY IN OUTER-SPACE a du mal à s’en sortir sur la longueur. Le long métrage bénéficie de bons acteurs pourtant, et les décors ont été faits avec soin, évitant l’aspect kitch qui peut vite survenir dans ce genre de film. L’histoire, qui développe un mystère dès son ouverture, tombe à plat par des bavardages incessants entre les personnages. Si quelques scènes, comme celle dans laquelle le champignon a pris possession d’une pièce entière de la station spatiale mettant en danger l’héroïne, relancent un peu l’action, ce n’est que pour retomber ensuite dans d’autres conversations. La fin du film, en cela, n’est absolument pas spectaculaire et n’offre aucun effet cinématographique. On reste donc sur l’impression frustrante de s’être fait dupé sur la marchandise, alors même que le synopsis laissait entrevoir des idées très originales.

MUTINY IN OUTER SPACE n’est donc qu’un film anecdotique loin des meilleurs films de SF américain de cette époque. Son visionnage est recommandé pour qui s’intéresse à la SF américaine en profondeur ou pour qui est séduit par la brillante idée de départ, très exploitée sur le plan animal (de LA CHOSE D’UN AUTRE MONDE à ALIEN), mais quasiment jamais sur le plan végétal. On gage que la difficile production du film et le problème de paternité qui existe à son propos (on ne sait pas si le film est véritablement de Hugo Grimaldi ou de son scénariste Arthur C. Pierce) y sont pour quelque chose dans ce résultat final décevant, où ne sortent du lot que quelques scènes éparses.


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : Alexandre Thevenot

- Ses films préférés :


=> Pour prolonger votre lecture, nous vous proposons ce lien.
Share via
Copy link