My Wife is a Gangster

Mantis est l’homme en second d’un gang. Ce numéro deux a une particularité remarquable… C’est une femme ! Et cette femme a une particularité remarquable, pour une femme… Elle se bat mieux que les hommes… Que plusieurs hommes à la fois. En fait, elle est l’archétype même du chef de gang, brutale, autoritaire, avare de ses paroles et donc, elle n’a rien de féminin. En réalité, elle ne sait même pas c’est quoi, être féminine. Mais Mantis a une sœur, perdue quand elle était enfant et qu’elle retrouve une fois adulte. Le destin s’acharne sur elle puisque cette sœur est gravement malade. Condamnée, sa sœur demande deux choses, que Mantis se marie et qu’elle ait un enfant. Et comme on peut s’y attendre, pour ce premier vœu, Mantis va chercher un mari comme on cherche des puces sur le dos d’un chat, maladroitement, sans bien savoir ce qu’elle va en faire quand elle l’aura finalement attrapé. Et pour atteindre le deuxième vœu, elle va devoir arrêter de considérer son mari comme un animal de compagnie et finalement se féminiser.

MY WIFE IS A GANGSTER est un film qui m’a beaucoup plu. Les personnages y sont très sympathiques. Les hommes de main de Mantis z l’admirent comme ils admirent un chef compétent et hors de commun G. mais ils l’aiment aussi. Elle n’a rien de féminin, c’est pourquoi leur amour est intéressant. Ils ne l’aiment pas parce qu’elle est une femme. z Elle ne les attire pas, ils ne la désirent pas. Ils l’aiment parce qu’elle est un chef féminin. C’est difficile à expliquer, mais c’est un sentiment diffus que le film arrive parfaitement à nous transmettre. Le mari aussi est intéressant. Il est un peu naïf, n’a pas de succès avec les femmes, mais c’est un homme bien. Il ne comprend pas sa femme qui se conduit avec lui comme s’il était un compagnon de voyage, un bouffon avec lequel elle compose sans jamais rien lui accorder, ni amour, ni haine, ni contacts intimes ou humains. Mais il subit, il tente d’instaurer quelque chose, il attend. Et son attente sera récompensée. Mantis apparaît au début comme une sur-douée des gangs mais comme une inadaptée sociale (elle démolit la voiture d’un gars qui l’a insultée) et comme une estropiée de la vie de couple.

Il se passe beaucoup de choses dans ce film. On nous montre des scènes de combat qui expliquent l’ascension de Mantis dans le gang, la perte douloureuse de sa sœur à l’orphelinat, ses relations avec ses hommes de main, ses essais pour être plus féminine et attraper un mari (séances de maquillage, habillage, entrevues avec les candidats d’une agence matrimoniale…). Plusieurs intrigues s’entremêlent. Mantis découvre ce qu’est la vie de couple tout en continuant ses activités mafieuses et ses rixes avec le gang voisin Les Requins Blancs. Ce n’est pas un film d’action, et pourtant il doit bien aller à cent à l’heure pour raconter tout ce qu’il raconte. On y trouve des sentiments, des personnages travaillés et variés, des situations drôles, touchantes, graves. Et c’est là le côté étrange de MY WIFE IS A GANGSTER. Il alterne les scènes avec beaucoup d’humour et les scènes d’une grande gravité (les relations humaines, la maladie, la mort). C’est un peu déroutant mais n’enlève rien au grand intérêt du film. Certains pourront peut-être penser que c’est un film féministe, mais je ne suis pas de cet avis. Je pense plutôt que le réalisateur voulait raconter cette histoire en particulier et en exploiter toutes les possibilités et non pas nous abreuver d’un discours partisan.