retrospective

Neither the Sea nor the Sand

Parce qu’elle souhaite fuir ses problèmes matrimoniaux, Anna (Susan Hampshire) visite l’Ile de Jersey. Elle y fait la connaissance de George Dabernon. Il vit avec son frère et ils sont les derniers descendants d’une ancienne famille de nobles. Anna et George tombent amoureux l’un de l’autre et pour éviter les reproches moraux du frère, conservateur et extrêmement croyant, le couple s’échappe en Ecosse. Là, George meurt d’une attaque cardiaque mais revient à la vie le lendemain, au comportement étrangement transformé. De retour à Jersey, les événements virent au tragique.
NEITHER THE SEA NOR THE SAND est l’unique réalisation pour le cinéma de Fred Burnley, et il a ici donné naissance à une étrange créature. Basé sur un roman de Gordon Honeycombe, NEITHER THE SAND NOR THE SEA est un mélange de tant de genres qu’il risque d’éloigner une grande partie de son audience. En effet, on se demande constamment qui aurait bien pu être l’audience-cible de cet hybride.
Comme George et Hugh Dabernon sont les derniers représentants de leur famille, on s’attend à une version contemporaine du thème très britannique de la famille hantée. Quelques images renvoient même au CHIENS DE PAILLE (1971), créant une atmosphère oppressante assez réussie. Fred Burnley nous mène alors tout droit dans une love-story complète avec musique kitsch (même si étrangement accrocheuse) et couple courant sur la plage au ralenti. Avec la mort et la résurrection de George, on navigue alors en plein coeur d’une histoire de mort-vivant. On retrouve cette version du zombie sous une forme similaire dans DEATHDREAM (1974) de Bob Clark. A ce mélange s’ajoutent des allusions à une possession et un exorcisme. C’est Hugh qui incarne la figure religieuse et hystérique, figure qui est reprise dans THE WICKER MAN avec le personnage du Sergeant Howie. Le film se termine sur une note d’amour damné, qui ne peut exister dans ce monde-ci et qui peut même vaincre la mort.
Considérant tout ceci, on peut comprendre l’accueil moins que chaleureux que NEITHER THE SAND NOR THE a reçu lors de sa sortie au cinéma. Néanmoins, ce film est loin d’être mauvais. La photographie est merveilleuse, profitant au maximum des paysages écossais et jerseyens. La mise en scène est solide, exposant une tranquillité tout à fait britannique et parfaitement adaptée au sujet (ou peut-être faut-il dire aux sujets, au pluriel).
Par contre, le point fort de NEITHER THE SEA NOR THE SAND reste Susan Hampshire. Sa performance est assurée et si on considère le changement constant de ton du film, elle parvient, avec une aisance tout à fait merveilleuse, à faire naviguer le personnage d’Anna d’une partie du métrage à l’autre. En fait, le casting entier s’avère solide, et Fred Burnley a trouvé des acteurs sans lesquels le film n’aurait probablement pas tenu la route.
Avant de regarder NEITHER THE SEA NOR THE SAND, il faut tenir compte du fait qu’on va voir un film assez particulier, même si on considère le cinéma de genre britannique des années 70 en général. Cette anomalie n’est ni un film d’horreur, ni un film romantique, et il est difficile à dire si le réalisateur ne voulait pas se décider, ou s’il le ne pouvait pas. Naviguant avec assez d’aisance d’un genre à l’autre, il risque néanmoins de perdre les deux audiences. Si finalement NEITHER THE SEA NOR THE SAND n’est pas un chef-d’œuvre, il peut plaire aux archéologues d’anomalies cinématographiques.

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