Never Forget

Un texte signé Éric Peretti

USA, Canada - 2008 - Leo Scherman
Interprètes : Lou Diamond Phillips, Kristen Holden-Ried, Sarah Manninen, Jonathan Whittaker, James Byron, Janet Morin

Propulsé sur le devant de la scène pour son interprétation du chanteur Ritchie Valens dans LA BAMBA (1987), Lou Diamond Phillips devient dès lors l’un des jeunes espoirs du cinéma américain. C’est d’ailleurs à ce titre qu’il rejoint quelques autres jeunes loups prometteurs réunis autour d’Emilio Estevez pour les besoins des deux YOUNG GUNS, westerns adolescents parfaits pour une soirée pop-corn. Mais sa carrière ne décolle pas vraiment, bien qu’il enchaîne les tournages. D’une filmographie quelconque surnagent quelques œuvres, pas forcément géniales, qui lui ont donné l’occasion de se rappeler au bon souvenir du public. Citons AGAGUK (1993) dans lequel il a l’honneur de donner la réplique à un Toshirô Mifune dans l’un de ses derniers rôles, THE BIG HIT (1998), dernier film en date de Kirk “The Beast” Wong, le sympathique LA NUIT DES CHAUVE-SOURIS (1999), et l’embarrassante bouillie indigeste SUPERNOVA (2000), qu’il vaudrait mieux oublier pour le coup. Puis, Lou Diamond Phillips semble disparaître dans une jungle de téléfilms et de produits de qualité douteuse, destinés directement au marché de la vidéo. C’est pourquoi sa présence en tête d’affiche pour un petit film tourné avec un casting réduit ne pouvait susciter que peu d’enthousiasme.
Dans une forêt aux teintes automnales, un homme (Lou Diamond Phillips) se réveille suspendu par un pied, la tête en bas, visiblement victime d’un piège de chasseur. Une fois libéré, c’est ahuri qu’il se découvre en possession d’un couteau ensanglanté dont les initiales gravées sur le manche ne correspondent nullement avec celles des papiers d’identité qu’ils trouvent dans ses poches, et qui lui indiquent que son nom est Frank Hill. Mais il y a plus inquiétant que cette amnésie, un homme armé d’un revolver est à sa poursuite, animé d’intentions hostiles à son encontre…
Plongés directement dans le cœur de l’action, le spectateur se retrouve dans la même situation que Frank, il ignore tout de ce qui a précédé et va tenter de percer le mystère avec lui. Les informations arrivent lorsque le dénommé Andy (Kristen Holden-Ried) finit par rattraper le fugitif et veut savoir ce qu’il a fait de sa femme, Natasha (Sarah Manninen). Ils étaient venus passer un week-end en forêt avec des amis, et tout allait pour le mieux jusqu’à l’arrivée de Frank. Ce dernier aurait froidement abattu l’autre couple avant d’enlever la jeune femme. Désemparé et sous la menace d’Andy, il rebrousse chemin jusqu’au chalet, tentant de se remémorer les événements qui lui ont fait perdre la mémoire. Au fur et à mesure que les deux hommes se rapprochent des lieux du drame, les bribes de souvenirs qui refont surface dans l’esprit de Frank viennent fortement contredire les affirmations d’Andy, tout comme la découverte du cadavre, criblé de balles, d’un garde forestier…
Basé sur la manipulation et les faux semblants, le scénario parvient à tenir en haleine alors que le début du film laissait présager une œuvre sans grande originalité, ni moyens. Pourtant, NEVER FORGET s’en sort haut la main grâce à divers éléments appréciables qui font de l’ensemble une excellente petite surprise, à commencer par le jeu des acteurs principaux qui rendent cette histoire crédible. Ensuite, il faut saluer la mise en scène de Leo Scherman qui se veut posée et lisible. En refusant de céder à la mode de la caméra tremblante et du surdécoupage des plans, il installe une ambiance tendue lors des scènes de discussions et un rythme naturel pour la progression du récit. Si le montage se fait plus nerveux lors des séquences de flash-back, ce n’est là encore que pour servir le propos du récit et accentuer le déséquilibre psychique de Frank. Enfin, la photographie très travaillée restitue parfaitement la sensation d’assister à une tragédie dont la conclusion ne peut être que pessimiste, sensation renforcée par la saison automnale qui imprime ses couleurs à la forêt servant de décor principal.
Desservi par une bande annonce calamiteuse qui ne donne guère envie de voir le film, NEVER FORGET mérite pourtant de se démarquer des centaines de productions à petit budget, misant sur d’anciennes stars en quête de succès, qui déferlent régulièrement dans les bacs. Alors si vous avez l’occasion de le visionner, n’oubliez pas…


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- Article rédigé par : Éric Peretti

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