Night Caller

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

USA - 1976 - Anthony Spinelli
Interprètes : David Book, Monique Starr, Valerie Franklin, Joan Devlon

Petite production oubliée datant de 1976, NIGHT CALLER tente de marier le suspense à la pornographie. Le début du récit évoque quelque peu PEUR SUR LA VILLE (dont le titre international était…THE NIGHT CALLER !) et d’autres thrillers paranoïaques des années ’70 avec un jeune homme, Bobby, obsédé par sa voisine, Carol. Bobby, qui semble sérieusement dérangé, aime jouer les voyeurs et observer Carol faire l’amour à son mari. Ensuite, il lui passe des coups de fil obscènes et menaçants. Sa vie sexuelle inclut le recours à des prostituées ou l’écoute d’un travesti en pleine « action ». De plus en plus agressif envers Carol, Bobby imagine un stratagème pour l’approcher et s’introduire dans son appartement en jouant au « voisin dévoué ». La jeune femme se rend compte trop tard qu’elle est piégée avec un maniaque.
David Book campe Bobby, l’auteur des fameux coups de fil nocturnes. Acteur oublié du hard US il apparait dans une vingtaine de films mais n’y fait généralement que de la figuration, souvent non créditée (notamment dans le fameux HARDGORE qui mélange de manière étonnante horreur sanglante et porno). NIGHT CALLER semble être son unique « tête d’affiche » et le bonhomme, avec sa bonne bouille et son air gentil, se débrouille bien pour crédibiliser une performance sur laquelle s’appuie tout le long-métrage. Egalement convaincante, Monique Starr ne compte que trois rôles à sa filmographie : en 1976 elle tourne ainsi LIQUID LIPS aux côtés de John « Johnny Wadd » Holmes, le célèbre FEMMES DE SADE et ce NIGHT CALLER avant de disparaitre de la circulation. Le reste de la distribution se compose de « seconds couteaux » du X des seventies, l’actrice la plus connue étant sans doute Joan Devlon qui apparut dans les classiques DESIRES WITHIN YOUNG GIRLS et SODOME & GOMORRE des frères Mitchell et campa également Jane Bond. Un casting dans l’ensemble très correct, les comédiens et comédiennes n’étant pas de simples « performers » mais sachant donner une certaine épaisseur à leurs personnages.
Anthony Spinelli, caché sous le pseudo de Wes Brown, dirige le film de manière compétente mais forcément bridée par un budget restreint. Spinelli fut un des principaux pourvoyeurs de pornos durant l’âge d’or du genre, réalisant aux moins trois longs-métrages devenus des incontournables : NOTHING TO HIDE (classé second meilleur X de tous les temps par AVN) SEX WORLD (18ème sur cette même liste) et TALK DIRTY TO ME (26ème au classement).
Limité par son appartenance au genre pornographique, NIGHT CALLER semble souvent assis entre deux chaises, voulant proposer une véritable intrigue ponctuée d’instants angoissant tout en offrant, à intervalles réguliers, des passages explicites. Ceux-ci sont d’ailleurs souvent peu érotiques mais bénéficient d’un côté sale et « sleaze » proche du roughie, ces pornos pas vraiment sexy surtout porté sur le côté malsain du sexe et qui n’hésitent pas à jouer la carte de la violence (scène de viol, humiliations et brutalités). Si le film échoue à emporter l’adhésion, il demeure une curiosité intéressante pour les curieux d’une époque révolue où les pornocrates cherchaient à produire de vrais longs-métrages de cinéma.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer


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