Série

Night Gallery – saison 2

C’est au sein d’une galerie remplie de tableaux étranges dont émane une ambiance singulière que Rod Sterling nous guide avec cette série NIGHT GALLERY. Dans le clair-obscur de la galerie, le créateur de la série nous présente plusieurs tableaux de son choix autour desquels il nous évoque en quelques mots une atmosphère avant que nous ne soyons plongés dans l’histoire en question.

Comme pour LA QUATRIÈME DIMENSION, il s’agit d’une série d’anthologies avec une histoire différente à chaque épisode. Certaines de ces histoires sont basées sur des nouvelles mais d’autres sont originales. Au sein d’un épisode d’une cinquantaine de minutes, on retrouve plusieurs histoires, souvent deux sérieuses entrecoupées de deux comiques même si ce schéma est parfois rompu avec seulement deux histoires sérieuses sans coupure humoristique. Lancée en 1970, la série ne rencontrera qu’un succès relatif et ne passera jamais l’Atlantique. Finalement réprouvé par les producteurs, Rod Sterling finira par l’abandonner par dépit au bout de trois saisons.

Ce qui vraisemblablement avait déplu au public de l’époque, c’était les épisodes comiques. Il faut bien l’admettre, la plupart sont anecdotiques et pas si drôles que cela. Tous ne sont pas à jeter cependant. L’histoire de ce petit couple de personnes âgées qui s’emmure, par exemple, est assez drôle ou celle de cet homme exigeant qui ne parvient pas à trouver satisfaction dans une maison close pour la bonne et simple raison que toutes les filles sont trop minces à son goût, a une chute vraiment intéressante. Mais ces petites histoires sont globalement trop courtes pour fonctionner. On pourrait d’ailleurs le reprocher à d’autres épisodes sérieux. De plus, quelques uns manquent d’une véritable fin, moins simpliste que celle offerte.

Au-delà du temps, c’est aussi un manque de moyens qui est regrettable. La mise en scène reste souvent simple, les mouvements de caméra sont assez rares (champ, contre-champ, gros plan, plan large), et les décors uniques du fait d’un budget réduit. L’on peut se réjouir néanmoins que les acteurs soient assez bons et que certains réalisateurs s’en soient admirablement sortis en dépit du manque de temps et d’argent.

Comme souvent dans les séries d’anthologies, les épisodes les plus marquants sont ceux faisant preuve d’une certaine cruauté. A Fear of Spiders, The Waiting Room sont de ces morales cruelles qu’on affectionne tant. L’excellent The Caterpillar est tout à fait douloureux et d’une grande efficacité. The Diary nous place au beau milieu d’une rivalité féminine qu’un objet maudit va pousser dans ses extrêmes. Certaines histoires, quant à elles, sont à ranger dans les classiques du genre. Basées sur des nouvelles de grands auteurs, elles nous donnent à voir un schéma certes classique mais pourtant percutant. The Hand of Borgus Weems est intéressant par l’imagerie classique du fantastique qu’il évoque. Pickman’s Model, quand à lui, nous immerge dans l’univers Lovecraftien. Tell David…, joue sur la code des voyages temporels en jetant un trouble par la manière dont l’histoire se conclue. Et puis, d’autres sont drôles comme Green Fingers qui bénéficie d’un retournement de situation caustique ou encore Stop Killing Me qui opère un changement de point de vue dont l’ironie est mortelle. Il y en a bien d’autres qui sont à noter, enregistrer, mater, adorer. Comme l’un des premiers épisodes dans lequel un croque-mort décide de se constituer une famille avec les corps qu’il a à porter de main, ou bien encore Barbara Steel embauchant un jeune homme pour avaler les péchés de son époux.

Somme toute NIGHT GALLERY est une série intéressante. Certains épisodes sont brillants et nous questionnent, mais un assez grand nombre finalement s’inscrit dans un schéma classique sans parvenir à le transformer ou l’améliorer. Résultat, dans l’ensemble, la série est parfois trop simpliste et guère transcendante hormis quelques exceptions. Il n’est guère étonnant qu’elle soit restée dans l’ombre si on la compare à LA QUATRIÈME DIMENSION. Néanmoins, elle se laisse regarder et certains épisodes, sans être géniaux, ont le mérite d’avoir une ambiance fantastique vraiment attrayante. On regrette seulement que les épisodes soient aussi inégaux.

Share via
Copy link