retrospective

Not of this earth

Venu de la planète Davana, un extraterrestre à l’apparence humaine est envoyé sur terre afin de comprendre la composition du sang humain ; ainsi, peut-être parviendra-t-il à sauver son peuple, voué à l’extinction depuis les ravages causés par une guerre nucléaire.
NOT OF THIS EARTH, conçu la même année que L’ATTAQUE DES CRABES GÉANTS, est de la même teneur : le sens du rythme, syncopé sans temps mort grâce à un climat en suspens (propre au génie de Corman), en captivera plus d’un. Pour en témoigner, une brillante séquence d’ouverture qui, en moins d’une minute, donne le ton à ce NOT OF THIS EARTH. En somme, un brillant concept narratif qu’illustreront Corman et son équipe sur près d’une heure.
Ce dernier, accompagné de son scénariste de pointe habituel Charles Griffith, garnissent leur habile divertissement fantastique d’une pointe d’humour noir, d’un semblant d’érotisme et d’une goutte de sang fort généreuse. Dick Miller et une bande d’ivrognes seront à la clé des séquences comiques soutenues à grand revers de blagues ravageuses et Beverly Garland, qu’elle soit au bord de la piscine ou entrain d’enfiler ses bas, attribuera une touche féminine, un peu de douceur et d’érotisme en somme, à un univers très masculin ; chacune de ses apparitions est notable : le valet de Johnson (l’alien), Jeremy, n’y est pas insensible, au même titre que son petit ami et que le spectateur. Qui plus est, face aux rôles relativement baclés des blondes au cinéma en ce temps là (comment ça, encore aujourd’hui ?), cette dernière en trouve ici un dont elle ne peut que se vanter : infirmière raisonnée, drôle, dépourvue de mimiques ou autres tics de l’époque. Le talent d’un Corman, novateur sur bien des points, se démontrera alors définitivement par le biais de cet extraterrestre (Johnson donc) qui, pour cause du manque flagrant de moyens de la production, possède une forme humaine. Mis à part son look mafieux digne de tout bon film de gangsters, il est de bon ton de noter que ce dernier craint le son (encore heureux, les scream girls ne sont pas de la partie) et détruit à l’aide de ses yeux (blancs en l’occurrence) qu’il protège grâce à d’épaisses lunettes de soleil noires ; ce qui en ferait presque passer pour “ringards” les MEN IN BLACK et autres BLUES BROTHERS.
Ce NOT OF THIS EARTH est donc l’un des tout meilleurs films de Roger Corman, aux côté de ceux du cycle Poe ou encore de son cynique polar, MITRAILLETTE KELLY. Si il surprend encore aujourd’hui par sa maitrise tant esthétique que narrative, il ravira aussi bien le fan de Corman que l’amateur de films fantastiques des années 50. Véritable puit d’inspiration pour de nombreux réalisateurs, l’atmosphère est des plus réussie : un téléporteur dans un placard, une mystérieuse paire de lunettes de soleil noires, bref, encore une fois, le tour est joué et réussi !
A noter que Corman produira une sorte de remake de son propre film à la fin des années 80 (NOT OF THIS EARTH, Jim Wynorski, 1988).

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