Nude… Si Muore

Un texte signé Patryck Ficini

Italie - 1968 - Antonio Margheriti
Interprètes : Eleonora Brown, Mark Damon, Esther Masing

Dans un collège de jeunes filles, des meurtres sont commis. Par qui et pourquoi ?
Attention au titre mensonger (sans parler du délirant « trailer » d’époque !) : si vous voulez voir des nymphettes nues coursées par un tueur psychopathe, allez plutôt visionner NUE POUR L’ASSASSIN, qui offre bien ce qu’il annonce. Ce film de Margheriti est en effet on ne peut plus sage. Les nymphettes (mignonnes, voire jolies pour la plupart) sont bien là, mais habillées ! On a certes droit à deux effeuillages (les sacro-saintes douches), mais ils sont plutôt frustrants puisqu’ils s’arrêtent avant de montrer quoi que ce soit. Ce thriller aux tons de comédie n’est ni érotique ni sexy. Nous attendrons plus volontiers les chaudes seventies pour cela. Même si PERVERSION STORY, tourné seulement un an après par « Maestro Fulci », est incroyablement hot.
Parfois défini comme un « giallo » à cause de son étrangleur aux gants de cuir noir, il ne faut rien exagérer. Si l’on devait considérer comme tels tous les thrillers affichant des points communs (indéniables) avec le genre inventé par Mario Bava, on n’en sortirait plus.
Si Margheriti s’avère prude, il est tout aussi timoré en matière de violence. La strangulation, c’est quand même infiniment moins cinégénique que le meurtre à l’arme blanche. A la longue, c’est même lassant. Le seul meurtre qui aurait pu être gore est « ellipsé » : celui de Luciano Piggozzi/Allan Collins, à la faucille (non, les communistes ne sont pas dans le coup). Le film se perd dans un intense bavardage insipide. Les filles sont des cruches irritantes, des post-ados têtes à claques qui se comportent comme des gamines. Si au moins elles se touchaient un peu, cela meublerait le temps qui paraît bien long. Mais non, ces petites ne sont guère coquines ; tout au plus craquent-elles pour le professeur Mark Damon, un bellâtre pourtant peu excitant.
La comédie, prépondérante, est tantôt vaguement plaisante, tantôt irritante. Retenons juste la trouvaille d’une fan de romans policiers équipée de « walkies-talkies ». A la fin, on apprendra que son père (qui débarque en voiture de sport) n’est autre que… l’agent 009 ! Il faut le voir pour le croire.
Tout comme le seul meurtre digne d’intérêt, où un homme-grenouille tente de noyer une fille dans une piscine. Enterré, AMSTERDAMNED. O.K, la scène est ridicule, mais quel plaisir ! C’est aussi ça, le « bis ». Des scénaristes ont une idée complètement déjantée, ils devraient se rendre compte qu’ils en font trop, mais non ! la scène est tournée quand même.
Le décor est chouette, la photo très soignée. Mais NUDE… SI MUORE est franchement mineur comparé aux remarquables films d’épouvante gothique dont sortait alors Antonio Margheriti. Malgré l’enquête tardive, le film a la monotonie d’un « slasher »… sans en avoir la force (car désespérément « soft »). La révélation finale laisse songeur… Mais après tout, pourquoi pas ?
On dirait que le film a été écrit et tourné à la paresseuse, comme pour prolonger des vacances au soleil. Sans doute ce jugement est-il un peu dur, et complètement erroné. Il n’empêche qu’il expliquerait le manque total de suspense et d’implication émotionnelle du spectateur.
Finissons sur une note joyeuse, avec l’entraînante chanson NIGHTMARE signée Carlo Savina. La chanteuse, bien dans son époque, a sans doute cru oeuvrer pour le dernier James Bond. Cette chanson est peut-être le meilleur du film.
Il faudra trouver le disque.


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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