Offscreen 2015 : la programmation

Un texte signé Philippe Delvaux

Le festival Offscreen, inlassable défricheur de nouveau talent autant qu’exhumeur de merveilles oubliées, est de retour, hourra. La crème du cinéma improbable et du chef d’œuvre inattendu est donc à nouveau rassemblée à Bruxelles (et ailleurs, comme on le verra) au mois de mars. Du 4 au 22 mars plus précisément, Offscreen déploie ses fastes au cinéma NOVA et à la Cinematek. Un vrai déluge pelliculé, égrené cette année au long de quatre thématiques qu’on va brièvement décortiquer.

D’une part, les Offscreenings rassemblent le meilleur du cinéma encore contemporain. On y trouve quelques œuvres fortes, comme HARD TO BE A GOD (LE film russe à voir de toute urgence), THE TRIBE (peut-on dire d’un film en langage des signes non sous-titré qu’il a fait « parler » de lui à Cannes ou à l’Etrange Festival ?), THE DUKE OF BURGUNDY (Peter BERBERIAN SOUND STUDIO Strickland ajoute une composante sexuelle à son fétichisme de l’image), et A PIGEON SAT ON A BRANCH, REFLECTING ON EXISTENCE (ouf, quel titre) à qui revient l’honneur d’ouvrir le festival. La clôture est confiée à A GIRL WALKS ALONE AT NIGHT, étrange film iranien de vampire. Sinon, parmi les sociétaires des festivals, on retrouvera toujours avec autant de plaisir les habituels et prolifiques Takashi Miike (THE MOLE SONG – et dire que son SHIELD OF STRAW tournait en festival il y a quelques mois seulement !-), et Sono Sion (la comédie musicale hip hop bling bling déjantée TOKYO TRIBE) ou le petit dernier de Shinya TETSUO Tsukamoto : FIRES ON THE PLAIN, film de guerre à l’ambiance décrite comme zombiesque.

Deux documentaires retraçant l’histoire de la Cannon ont récemment été produits. Si GO GO BOYS a trouvé le chemin des salles, ELECTRIC BOOGALOO : THE WILD, UNTOLD STORY OF CANNON FILMS n’en finit plus de tourner en festival. Issu de la plume de l’excellent Mark Harltley (NOT QUITE HOLLYWOOD, c’était déjà lui), ELECTRIC BOOGALOO s’en vient titiller les mirettes des spectateurs d’Offscreen, lesquels hallucineront encore plus en redécouvrant la rétrospective de la firme de Globus et Golan. Pas loin de 20 navets made in eighties. Quelques titres pour le plaisir ? COBRA, MISSING IN ACTION, DELTA FORCE, RUNAWAY TRAIN, DEATHWISH III, NINJA III : THE DOMINATION, les comédies musicales THE APPLE et ELECTRIC BOOGALOO ou encore le croquignolet MASTERS OF THE UNIVERSE. On imagine déjà toutes ces péloches brinquebalantes et testostéronées projetées à la prestigieuse Cinematek. Il y aura même un symposium sur la Cannon… il n’y a qu’Offscreen pour oser ça !

L’autre réhabilité du moment, c’est Tobe Hooper. Depuis que Cannes a redoré son blason en programmant la version restaurée de MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE, le bonhomme n’en finit plus de hanter les festivals. Offscreen lui déroule à son tour le tapis rouge et programme non seulement ladite version restaurée de MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE, mais aussi neuf autres de ses films, dont SALEM’S LOT, THE MANGLER, EATEN ALIVE, FUNHOUSE, POLTERGEIST (… dont le remake débarque sous peu en salles) et le nanardesque MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE 2. Au rang des curiosités, EGGSHELL, première réalisation de Hooper, perdue pendant des décennies. Le 7 mars, Tobe Hooper donnera une leçon de cinéma à la Cinematek.

Originalité de la programmation, « Botanicals » partira à la découverte du monde merveilleux des plantes. Pas de soporifiques documentaires sur la pousse des orchidées, mais quelques classiques de la série B, tel les deux versions de LITTLE SHOP OF HORROR ou de INVASION OF A BODY SNATCHER (pas le Ferrara, mais bien le Siegel de 1956 ou le Kaufman de 1978), ou encore MATANGO : ATTACK OF THE MUSHROOM PEOPLE, les champis vénères d’Hishiro Honda, le papa de GODZILLA. On est tout autant curieux du 1000 ROSEN hollandais que du documentaire THE CREEPING GARDEN (coréalisé par Jasper Sharp, auteur de « Behind the pink curtain », la référence sur les pinkus japonais).

Jean-Jacques Rousseau, le cinéaste de l’absurde, est mort, tragiquement fauché par un chauffard. Il nous reste ses films. Les amateurs de Z, qui cherchaient désespérément à franchir le seuil de la 26e lettre, honoreront sa mémoire lors d’une soirée hommage.

Mais pour beaucoup, l’événement d’Offscreen 2015 sera la soirée « Tribute to ABC cinema : when porno was chic ». Petit rappel : l’ABC était le dernier cinéma porno bruxellois. Il a fermé début 2014. Un collectif a réussi à sauver sa collection de films et tentait de relancer le cinéma sous une autre forme – nous en avions parlé dans les actualités –. Mais hélas, le bâtiment a été vendu et son affectation est à présent en péril. Cette soirée sera l’occasion de conscientiser le public à l’importance de sauvegarder le dernier cinéma monovolume de Bruxelles.

Enfin, pour les non bruxellois, rappelons qu’Offscreen décentralise et programme donc une petite vingtaine de films dans plusieurs ville belges ou hollandaises.

Date : du 4 au 22 mars, plus la soirée B-Z du 27 mars
: Bruxelles (principalement au NOVA et à la Cinematek) et décentralisations

Et pour vous mettre en appétit, retrouvez déjà nos chroniques de:
TOKYO TRIBE

IL EST DIFFICILE D’ETRE UN DIEU


- Article rédigé par : Philippe Delvaux

- Ses films préférés :


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