Ogroff

Dans une petite forêt domaniale sévit un bûcheron fou. Ce dernier réside dans une petite masure aux murs recouverts de haches et où résident, dans son sous-sol, d’étranges créatures. Il erre régulièrement dans la forêt, à la recherche de promeneurs égarés, qui pourront tomber sous les coups de son arme dans des geysers de sang et de fureur.

De nombreux journalistes cinéma se sont essayés à la réalisation, comme par exemple, parmi les plus connus, Christophe Gans. Mais, bien avant lui, Norbert Moutier tenta l’expérience. Créateur du fanzine Monster Bis en 1979, il s’attaque à OGROFF au début des années 80, un OGROFF qui revient en DVD pour célébrer ses trente ans d’existence. S’il s’agit du premier film de Norbert Moutier, ce dernier continuera ensuite à créer des oeuvres particulièrement bis aux titres laissant rêveur, comme TREPANATOR ou DINOSAUR FROM THE DEEP. Pour ce premier essai, il s’entoure d’autres journalistes adorant le bis et l’horreur. Ainsi, il est par exemple possible de croiser, au détour d’une scène, Jean-Pierre Putters, créateur de Mad Movie, ou encore Christope Lemaire, autre grand nom du journalisme bis. Mais y évoluent bien d’autres figure de la presse gore, tels François Cognard, Alain Petit, Bruno Terrier ou encore Pierre Pattin.

Visionner OGROFF est une expérience étrange. Le film, presque dénué de bruitages et quasiment sans dialogue, paraît presque surréaliste. Surtout que les quelques bruitages sonnent étrangement faux aux oreilles du spectateur. A cela s’ajoute une photographie bizarre, souvent très laide, certaines scènes étant tellement à contre-jour qu’elles ne montrent quasiment rien. Un jeu d’acteur approximatif et des raccords parfois bizarres complètent le tout. Difficile aussi de ne pas évoquer le combat entre Ogroff (incarné par Norbert Moutier en personne) armé d’une hache, et un bûcheron équipé d’une tronçonneuse. Le duel est tellement peu chorégraphié, que le résultat est aussi indescriptible que fascinant.
Et pourtant, OGROFF n’est pas une abomination filmique. Il distille une ambiance bizarre et souvent malsaine, malgré des effets spéciaux très peu crédibles. La musique, stridente et répétitive, aide beaucoup à s’immerger dans l’étrangeté de ce métrage. Ainsi, certaines séquences sont assez dérangeantes, comme lorsque Ogroff masturbe sa hache ou qu’il découpe la jambe d’une de ses victimes très lentement. Le spectacle qui s’offre à nous en est carrément hypnotique, surtout qu’il est difficile de savoir où veut nous mener le film. Entre les réactions étranges des personnages, le scénario des plus aléatoire nous montrant ainsi qu’une des proies d’Ogroff est en fait sa compagne, avant qu’elle n’ouvre la cave et ne libère une horde de zombis, MAD MUTILATOR (titre international d’OGROFF) est des plus déstabilisant.
Au final, OGROFF n’est pas un bon film. Cependant, la passion pour l’horreur et le bis de Norbert Moutier est palpable, et son oeuvre transpire l’amour de ce cinéma. De plus, le métrage est tellement étrange et n’importe quoi, qu’il en devient par moment passionnant et sans conteste des plus attachant. OGROFF est un spectacle dont on ne sort pas indemne, mais à réserver aux amateurs plutôt résistants d’un cinéma barré.