chroniques-infernales

Onde de Choc sur l’Oregon

Aux Etats-Unis comme en France, ça fait belle lurette que les EXECUTEUR (Gerard de Villiers présente…) ne sont plus écrits par un Don Pendleton mort en 1995. Au moins depuis le N°38 et la série en compte plus de 300 ! Des romanciers populaires comme Gérard Cambri ont longtemps repris le flambeau avant de laisser la place à des petits jeunes, un peu comme pour la série S.F BLADE.
L’Exécuteur, c’est un peu l’ancêtre (1969) du Punisher, une sorte de Justicier dans la Ville spécialisé dans le dessoudage des mafieux les plus divers. Les cadavres ne se comptent plus dans ce qu’il convient d’appeller une véritable guerre, une sorte de croisade ultra violente contre le crime organisé, tout autour du monde.
Dans ses dernières aventures, Mack Bolan s’est trouvé une disciple, une sorte de fille adoptive assoiffée de vengeance. Depuis novembre 2012, la mignonne et terriblement rock n’roll KIRA B. a droit à sa propre série dérivée. Certains voudraient enterrer le roman de gare. Il est vrai que les séries ne se multiplient plus comme dans les années 80, mais l’inoxydable SAS cartonne toujours, et l’Exécuteur se voit maintenant doublé d’une Exécutrice (merci Brigitte Lahaie !) aussi attachante qu’impitoyable.
Dans ONDE DE CHOC SUR L’OREGON (titre hyper Pendleton), Kira la hacker punk visiblement calquée sur la Lisbeth Salander des MILLENIUM, vole de ses propres ailes. Bolan se contente de la chaperonner à distance et de lui fournir un soutien logistique. Après s’être outrageusement vengée de l’un de ses violeurs par emasculation (on pense au sort du tuteur de l’héroïne des MILLENIUM, encore une fois), Kira, véritable égérie d’un Rape and Revenge littéraire, s’en prend à une agence d’escorts très spéciale. On parle de mineures, de tortures, de snuff-movies… Bolan, comme Kira, comme le lecteur sans doute, n’imaginent qu’une réponse à de pareilles abominations : le massacre des responsables qui, cyniquement, affirment reprendre leurs employées quel que soit leur état ! Comme s’il s’agissait de vulgaires objets, ou plutôt des animaux promis à l’abattoir, fût-il sexuel.
Kira plonge dans un univers terriblement glauque, heureusement peut-être plus esquissé que détaillé, qui donne envie de vomir. L’émotion est très présente dans ces pages bien écrites (la jeune prostituée délivrée qui raconte ses déboires, les relations père/fille entre Mack et Kira, l’amie atteinte d’un cancer…), une émotion que l’on trouvait rarement dans les Exécuteur auparavant. Il faudrait vérifier avec les derniers titres publiés, peut-être eux aussi écrits par cet excellent Steven Belly. Sur son site internet, l’écrivain Pascal Candia revendique la paternité de Kira 4 (CRISIS) et de quelques BLADE. Une fierté qui fait plaisir. Non, écrire des romans de gare n’a rien d’une maladie honteuse. Lorsqu’ils sont très bons (et c’est le cas de ce premier tome), il est légitime d’en être fier ! On aimerait savoir qui d’autre se cache derrière le nom de plume de Steven Belly…
Le carnage final est un peu rapide, trop facile. Jouissif malgré tout, il est à base de grosse mitrailleuse qui défouraille automatiquement sur les méchants (dont une garce bien campée, et très classe) et de castration buccale (un classique du R and R depuis LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE !). On ne se débarrasse pas d’une organisation pareille comme ça. On a du mal à y croire.
N’empêche, le côté « thriller informatique » est excellemment mené, et cette Kira B.c crée le roman de gare 2.0 (avec scène de cybersex à l’appui) !
Le crime a évolué, l’auto-justice aussi.

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